André Silver Konan sur la Voix de l’Allemagne: « Au lieu de se lamenter, l’opposition gagnerait à se rassembler autour d’une candidature unique, pour affronter Ouattara en 2015»
M. André Silver Konan, vous êtes journaliste-écrivain, et analyste politique. Quel est votre commentaire suite à l’appel à la candidature unique du Président Alassane Ouattara, lancé par M. Henri Konan Bédié ?
C’est un appel qui ne m’a pas surpris. Déjà en 2012, je répondais à ceux qui disaient que le PDCI devrait avoir un candidat, que j’étais convaincu que ce parti aurait effectivement un candidat et que ce candidat s’appellerait Alassane Ouattara. Je l’ai encore réaffirmé lors de mes prévisions de début d’année. Par contre l’annonce inattendue est l’idée de la fusion entre le PDCI et le RDR, deux partis sortis des mêmes entrailles de l’ex-parti unique, qui veulent bien entraîner dans leur sillage les autres membres de la majorité présidentielle, pour créer le PDCI-RDR.
Justement, des voix s’élèvent au sein du PDCI, pour dénoncer cet appel du président du PDCI.
En effet, et cela est dans l’ordre normal des choses. Aucune décision politique d’une telle gravité, en ce sens qu’elle engage le destin de tout un pays, ne saurait faire l’unanimité absolue, elle crée nécessairement un séisme. Mais je pense que ces complaintes ne réussiront pas à contrarier l’ambition des deux hommes que sont Ouattara et Bédié. Alea jacta est, le sort en est jeté.
Etes-vous en train de dire que les mécontentements au PDCI ne réussiront pas à ébranler l’ex-président Henri Konan Bédié ?
J’analyse froidement la situation, je ne juge pas de la pertinence ou non de l’appel de Bédié. Je dis simplement que je pense, à la lecture de la configuration politique au sein du PDCI, que les mécontentements de certains cadres ne réussiront pas à contrarier cette ambition de candidature unique. Je peux vous prédire que les structures du PDCI vont certainement se réunir dans les jours à venir et vont tour à tour valider et endosser l’appel de Bédié. J’en suis presque convaincu.
Qu’es-ce qui vous amène à prédire cela ?
C’est simple. Il suffit de voir ceux qui critiquent cet appel. Ce sont les opposants internes au PDCI, d’Henri Konan Bédié, qui n’ont pas réussi à prendre la tête de ce parti, lors du dernier congrès. Ils ont été battus avec une écrasante majorité et je ne crois pas qu’entre-temps, ils ont réussi à gagner le cœur des militants du PDCI. Je le répète, qu’on soit d’accord avec cet appel ou pas, il sera traduit en acte, c’est une évidence.
D’aucuns estiment pourtant que cet appel est de nature à apporter des troubles lors de l’élection présidentielle de 2015, voire une guerre civile.
Vous savez, les gens aiment avancer de grands et lourds mots en Côte d’Ivoire, sans faire l’effort de décrypter froidement les situations. Depuis quand un consensus a amené la guerre ? C’est plutôt le contraire, c’est-à-dire, si le PDCI avait présenté un candidat, alors et étant donné qu’une campagne électorale s’accompagne toujours de violences (physiques ou verbales), c’est à ce moment-là, qu’on aurait assisté à des violences, du moins entre les militants du PDCI et du RDR. Or, ces deux partis vont soutenir un même candidat, d’où viendrait donc la violence entre le PDCI et le RDR ? En Côte d’Ivoire, je suis souvent étonné par le manque de culture politique de certaines personnes, qui se font pourtant passer pour de grands politiciens. Si j’ai un conseil à donner à ceux qui sont contre l’idée de la candidature unique de Ouattara, c’est que les opposants à celui-ci et aussi à Bédié, au sein du PDCI, plutôt que de se lamenter sur une décision, qui de toute façon sera traduite en acte, devraient se rassembler autour d’une candidature unique de l’opposition, pour affronter Ouattara en 2015. La mouvance présidentielle consolide son alliance. Les opposants gagneraient à en faire de même.
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