Le retrait provisoire des partis d’opposition de la commission électorale indépendante jette un froid sur l’organisation pré-électorale en vue de la prochaine présidentielle de 2015 censée achever le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire. Une fois encore, la CEI, censée garantir de futures élections libre et démocratiques, « déraille ».
Encore traumatisée par les violences post-électorales de 2010-2011, la Côte d’Ivoire est menacée par une nouvelle crise politique à un an de la présidentielle. Une fois encore, la commission électorale ivoirienne (CEI) pose problème. En cause : la reconduction samedi dernier de son président Youssouf Bakayoko à la tête de l’instance électorale depuis 2010. Les principaux partis d’opposition ont boycotté le scrutin et suspendu leur participation à la nouvelle CEI. Le Front populaire ivoirien, parti de l’ancien président Laurent Gabgbo avait lancé les hostilités en réunissant un comité central pour trancher sur son maintien au sein de la CEI, les débats ont même viré au pugilat entre deux cadres du parti sous l’oeil désabusé de son président Pascal Affi N’Guessan. Le FPI et ses alliés de l’Alliance des forces démocratiques (AFD) exigent la mise en place d’un « bureau consensuel ».
La crédibilité de la CEI en question
Le FPI réclame également la présidence de la CEI et aurait même le soutien du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Le parti d’Henri Konan Bédié y serait favorable car en 2010, le FPI de Laurent Gabgbo avait laissé le poste à un membre du PDCI, Youssouf Bakayoko lui-même. Mais le PDCI n’est pas le RDR, le Rassemblement des républicains dévoué à l’actuel président Alassane Ouattara. La formation présidentielle au pouvoir serait formellement opposé à laisser les rennes de la commission électorale indépendante à un cadre du FPI.
Youssouf Bakayoko, président de la commission électorale indépendante (CEI).
Youssouf Bakayok
Pour faire face à la fronde et tenter de calmer les esprits, le président de la Commission électorale indépendante ivoirienne Youssouf Bakayoko s’est voulu rassurant sur le rôle de son institution dans un communiqué publié ce jeudi à l’issue de la première réunion du Bureau central de la CEI. Il promet des élections en 2015 selon « les standards internationaux » et des ajustements juridiques. Une impartialité affichée difficile à croire pour l’opposition. A ses yeux, Youssouf Bakayoko reste celui qui a annoncé la victoire d’Alassane Ouattara au détriment de l’ancien président Laurent Gbagbo qui s’est refusé à reconnaître les résultats de la dernière élection présidentielle. La CEI se compose de 17 membres: un représentant du président de la République, quatre de l’administration, quatre de la société civile, quatre des partis politiques au pouvoir et quatre de l’opposition. De part sa composition, le retrait provisoire des partis d’opposition constitue compromet d’ores et déjà le bon déroulement des travaux pour l’organisation de l’élection présidentielle et remet en cause la crédibilité de l’instance.L’opposition pourrait exiger une révision du fonctionnement et de l’organisation de la CEI garantie par la Constitution ivoirienne. Il faut craindre également que ce blocage donne finalement lieu à un boycott du scrutin par le FPI et ses alliés, laissant la voie libre à une réélection d’Alassane Ouattara en 2015.
Véronique Mansour
http://afriqueinside.com/politique/cote-divoire-une-commission-electorale-maudite11092014/
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