Il n’est actuellement pas bon d’être producteur de caoutchouc naturel. L’activité ne nourrit plus, sinon nourrit difficilement son homme. Tant le prix d’achat a chuté. En effet, aujourd’hui, le prix du kilogramme d’hévéa en Côte d’ivoire n’excède plus 300 fCfa. Les paysans qui avaient abandonné d’autres cultures comme le cacao, le
café, les cultures vivrières, etc., se retrouvent donc dans l’impasse et se mettent à regretter leur choix. Depuis pratiquement quatre ans, la filière caoutchouc
subit les fluctuations des cours mondiaux. Car, rappelons-le, le caoutchouc naturel est très dépendant des cours d’autres produits sur le marché international. notamment le caoutchouc synthétique qui est issu de la transformation du pétrole et qui représente 60% du marché global du caoutchouc. Ainsi, lorsque les prix du pétrole brut augmentent le caoutchouc synthétique perd de sa compétitivité par rapport au caoutchouc naturel et la demande pour celui-ci augmente, faisant grimper les cours.
Dès lors, la situation n’est pas spécifique à la Côte d’ivoire. Si le cours a baissé sur le marché international, le prix du kilogramme connaîtra également une baisse dans tous les pays producteurs. Ça, c’est qui est logique. Mais, pour préserver les intérêts des paysans, il appartient à chaque etat de prendre des dispositions
pour leur permettre d’amortir le choc d’une telle baisse. C’est ce que devrait faire tout gouvernement soucieux du bien-être de ses populations. En Côte d’ivoire, c’est apparemment «Chacun pour soi, Dieu pour tous». Les paysans sont livrés à euxmêmes. Fini le rêve de l’hévéa qui a encouragé de nombreuses personnes à se
tourner vers cette culture. Permettant ainsi à la Côte d’ivoire d’atteindre un verger de près de 160.000 ha en 2009 et une production qui avoisinait les 250.000
tonnes. Le gouvernement reste froid face à la souffrance des populations. Pourtant il n’ignore pas la situation. En effet, on se souvient que le gouvernement avait imposé une taxe sur le caoutchouc granulé spécifié aux usiniers sur leurs chiffres d’affaires. Une taxe qui s’élevait à 5% du chiffre d’affaires. Ce qui avait suscité une levée de bouclier. Pendant près de quatre ans, les usiniers ont trimé pour payer cette taxe. au bénéfice de l’etat. Une situation qui mettait à mal leur comptabilité. Pour y faire face, ils n’avaient d’autre choix que de réduire leur capacité d’achat du produit. Ce qui a considérablement réduit les
revenus des paysans. Il y a un mois, le gouvernement a décidé de niveler cette taxe : pour un prix international entre 1000 et 1300 fCfa, cette taxe sera désormais de 2,5%. Pour un prix de 1301 à 1600 fCfa cette taxe sera de 3,5%. et pour supérieur à 1600 fCfa par kilogramme, cette taxe sera de 5% du prix international. A un récent conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement avait déclaré : «Le cours moyen du caoutchouc naturel connait une évolution extrêmement volatile, passant de 783 francs CFA le kilogramme en 2011, à 2178 FCFA le kilogramme. Cette tendance s‘est malheureusement inversée entre 2011 et 2013, puisque nous avons eu en moyenne, 1625 F CFA le kilo en 2012, et 1269 FCFA en 2013, et en 2014 le cours moyen oscille entre 800F et 850 F, sans que notre pays ait le moyen d’influencer le cours mondial». A la réalité, le régime ivoirien ne fait rien pour arranger les choses. malgré ces mesures prises pour espérer calmer la grogne des paysans, la situation des producteurs reste précaire parce que la parafiscalité sur le caoutchouc est encore élevée. Bertrand Vignes, directeur général du groupe sifca, soulignait récemment, lors d’une conférence : «Les taxes fiscales représentent 67% de notre résultat. Cela met en danger l’avenir de la filière en Cote d’Ivoire». En tout état de cause, il est plus qu’urgent que le régime ouattara prenne des mesures pour alléger la souffrance des producteurs. sinon, cette filière qui a connu de bien meilleurs jours sous d’autres régimes pourrait disparaître.
Notre Voie
Koné Modeste
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