Les « audiences publiques » organisées par la Commission Dialogue, Vérité et réconciliation (CDVR) ont débuté le lundi 08 septembre dernier à l’espace Ivoire Golf Club. Deux mois durant, les victimes seront, selon le Président Banny, « confrontés à leurs bourreaux » pour que triomphe la vérité qui pourrait éventuellement cimenter l’action de réconciliation entamée depuis la fin de la crise post-électorale. Les ivoiriens qui, dans leur majorité attendaient ce moment, sont plus que surpris de constater que l’événement ne sera retransmis qu’après montage de l’équipe technique de la CDVR laquelle remettra tous les jours un montage vidéo que la télévision nationale(RTI) se chargera de diffuser. Pour preuve, lors de la cérémonie d’ouverture, les journalistes n’ont pas eu droit à la salle pendant l’audition des victimes qui devient finalement « secrète » et non publique. Or le Président Banny, dans son discours d’ouverture avait rassuré plus d’un ivoirien sur le caractère publique exclusif de cet événement capital pour la nation « Nous avons voulu qu’a travers la radio et la télévision la nation puise les écouter pour compatir à leur douleur » a t-il affirmé, avant d’ajouter que « d’autres audiences se feront en privé pour protéger les victimes ».
Les conséquences sur les procès en cour à la CPI
Le principal enjeu de ces audiences publiques pour la CDVR est d’amener les ivoiriens à se réconcilier après cette guerre fratricides qui a fait officiellement 3000 morts et dont certains présumés coupables sont en attente de leur procès à la CPI, en l’occurrence le Président Laurent Gbagbo et son ex-ministre Charles Blé Goudé, et d’autres, nullement inquiétés, ni par la CPI, ni par le pouvoir en place, vaquent tranquillement à leurs activités. Or, le déroulement des différentes procès, notamment celui de Laurent Gbagbo, sur qui la CPI a « maintenu les charges » fera des appels à témoins soit à charge ou à décharge. Dans cette optique, les différents témoignages et images recueillis pendant l’audience publique de la CDVR par leurs techniciens pourraient être modifiés en vue de leur diffusion à la RTI pour en tirer certains dividendes politiques. En effet, quelles victimes veut-on protéger quand on sait que certains acteurs de cette crise sont en prison et surtout quand on veut que ces témoignages renforcent la cohésion sociale? Il faut ajouter aussi que ces assises initiées par la CDVR pourraient avoir un aspect pédagogique très important pour les populations. Le Président Banny qui lui-même est un acteur clé de cette crise en Cote d’Ivoire, pour avoir été un des premiers ministres de Laurent Gbagbo et de surcroît s’est réfugié au Golf Hotel pendant cette crise, gagnerait à lever les doutes sur cette non retransmission en direct et le refus aux journalistes de participer à ces audiences dites « publiques ».
Zaraga G.A.
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