France – suspension de la livraison du Mistral à la Russie, les politiques divisés

Mistral: Moscou pointe la fiabilité de la France comme partenaire

MOSCOU, 4 septembre – RIA Novosti

Moscou a remis en cause la fiabilité de la France en tant que partenaire économique après la déclaration du président François Hollande selon laquelle les conditions pour la livraison des bâtiments de classe Mistral à la Russie n’étaient pas réunies, a annoncé jeudi la porte-parole adjointe de la diplomatie russe Maria Zakharova.
“Malgré les nombreuses déclarations publiques au sujet de la primauté des engagements financiers, économiques et contractuels sur les divergences politiques, l’Elysée a aujourd’hui annoncé que le contrat portant sur les Mistral ne serait pas honoré. La réputation de la France en tant que partenaire fiable et remplissant ses obligations contractuelles a été jetée dans le feu des ambitions politiques américaines. Où est l’époque où Paris ne cédait pas à la pression des USA, par exemple sur l’Irak?”, a écrit Mme Zakharova sur sa page Facebook.

“La France a capitulé. Heureusement que de Gaulle ne voit pas ce déshonneur… Mais c’est une question de la foi”, a conclu la diplomate.

L’administration du président français François Hollande a annoncé mercredi, à la suite d’une réunion du Conseil restreint de défense, que les conditions pour la livraison du premier bâtiment de projection et de commandement (BPC) de classe Mistral à la Russie n’étaient pas réunies compte tenu de la situation en Ukraine. Plus tard, un porte-parole de l’Elysée a expliqué à RIA Novosti que la livraison du navire n’était pas suspendue et que la déclaration de François Hollande n’entraînait aucune conséquence juridique. Selon le porte-parole, le président a tout simplement déclaré qu’il n’approuverait pas la livraison du BPC si la situation en Ukraine ne s’améliorait pas.
Les autorités françaises ont jusqu’ici affirmé que les sanctions américaines et européennes contre Moscou sur fond de crise en Ukraine n’empêcheraient pas Paris d’honorer son contrat de 1,2 milliard d’euros prévoyant la livraison de deux BPC de classe Mistral à la Russie.

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Livraison de Mistral suspendue : « décision très grave » ou acte de « raison » ?

Le Monde.fr avec AFP et Reuters

« Sage décision », « dévalorisation de la parole de l’Etat », « livraison impensable ». Si la communauté internationale, Etats-Unis en tête, salue la décision des autorités françaises de renoncer, pour l’instant, à livrer un premier porte-hélicoptères Mistral à la Russie en raison de l’attitude de Moscou en Ukraine, la classe politique française apparaît divisée sur la question.

Une partie de celle-ci estime que la « crédibilité » de la France est désormais entachée, tandis que l’autre se félicite de la fermeté de Paris face à Moscou.

UNE DÉCISION « IRRESPONSABLE »

Pour le Front national (FN), ce renoncement de la part de l’Elysée « décrédibilise » la France sur le plan commercial et révèle son « manque d’indépendance ». Sur RTL, Marine Le Pen a évoqué, jeudi 4 septembre, une « décision (…) très grave, d’abord parce qu’elle va à l’encontre des intérêts du pays ». La présidente du FN a regretté « un coût faramineux » pour l’emploi et pour les contribuables, estimant que les amendes pourraient atteindre 3 milliards à 10 milliards d’euros.

De son côté, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), doute que cette décision ait un impact sur la situation en Ukraine : « En quoi la non-livraison du Mistral par la France pourrait avoir un quelconque effet sur la position russe dans le conflit ukrainien ? (…) Rappelons que cette suspension pourrait mettre en péril des milliers d’emplois, dans un secteur stratégique pour notre pays. »

« En décidant de renoncer à la livraison des navires acquis par la Russie, François Hollande commet une trahison insupportable qui dévalorise totalement la parole donnée par notre pays et raye la France comme fournisseur indépendant de matériel de défense. Mesure sans signification militaire dans le conflit actuel, cette décision achève la vassalisation de notre pays à la main des USA et de la politique belliqueuse de l’OTAN. »

UNE LIVRAISON « IMPENSABLE »

A gauche, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) soutient la décision de l’Elysée, tout comme une partie de la droite. Yannick Jadot, député européen EELV, parle d’étape vers la « mise en place d’une politique européenne de défense » :

« La suspension de cette livraison n’est qu’une première étape qui doit conduire la France à prendre l’initiative d’accélérer la mise en place d’une politique européenne de défense digne de ce nom. Nous demandons que les pays européens sortent de leurs ambiguïtés vis-à-vis de la Russie, ambiguïtés qui affaiblissent considérablement la crédibilité des sanctions européennes. »
Même son de cloche chez Hervé Morin (Union des démocrates et indépendants), ancien ministre de la défense, pour qui « François Hollande a raison. Il est impensable que la France puisse livrer des bâtiments de guerre à un pays qui ne respecte ni le droit international, ni la souveraineté d’un pays voisin. »

http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/09/04/livraison-de-mistral-suspendue-la-classe-politique-francaise-est-divisee_4481478_823448.html

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