Une importante reunion du parti de Gbagbo s’achève dans le cafouillage à Abidjan
Par Serge Alain Koffi
Une importante réunion de la direction du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de l’ancien président Laurent Gbagbo, pour entériner ou non sa participation à la Commission électorale indépendante (CEI), chargée d’organiser la présidentielle de 2015, n’a pu aller à son terme samedi à Abidjan et s’est achevée dans des échauffourées.
Le FPI, principal parti de l’opposition en Côte d’Ivoire, avait pour ce “comité central’’, à son siège de Cocody (quartier chic à l’est d’Abidjan), battu le rappel de ses cadres venus des différentes délégations de la capitale économique ivoirienne et de l’Intérieur du pays.
Parmi les sujets à l’ordre du jour, le parti devait se prononcer sur une question qui le divise en ce moment : entériner ou revenir sur sa décision de participer à la nouvelle CEI.
C’est que le FPI avait pendant de longs mois refusé de participer à la CEI qu’il jugeait « déséquilibrée » au profit du pouvoir du président Alassane Ouattara, candidat à sa succession, avant d’accepter, finalement, de désigner son représentant au sein de la nouvelle Commission, au grand dam de certains militants.
Sans surprise, la réunion qui s’est ouverte sur fond de tension, n’a pu aller à son terme après environ sept heures de débats en raison d’échauffourées dans la salle, a appris ALERTE INFO auprès de quelques participants.
Selon les mêmes participants, la situation s’est tendue après que l’ancien ministre de la Défense de Laurent Gbagbo, Moise Lida Kouassi a publiquement contesté le choix de Alain Dogou, l’un de ses successeurs à ce poste au gouvernement et lui aussi cadre du FPI, comme représentant du parti à la CEI.
Signe de la tension, Lida Kouassi et l’ancien ministre de la Santé, Raymond Abouo N’dori, autre cadre du parti, en désaccord sur la question, ont failli en venir aux mains. C’est dans cette ambiance explosive que le président du FPI, Pascal Affi N’guessan a suspendu la réunion avant de se retirer sous forte escorte de sa garde rapprochée.
Pascal Affi N’guessan, Premier ministre sous Gbagbo de 2000 à 2003, est lui-même, contesté au sein du parti. De nombreux militants l’accusent ouvertement de vouloir “tourner la page’’ de l’ancien chef de l’Etat, emprisonné depuis trois ans à La Haye, en affichant son aspiration à s’investir davantage dans le jeu politique et à participer à la présidentielle de 2015.
Le FPI a déjà boycotté les deux dernières élections (législatives de 2011 et municipales de 2013).
Par ailleurs, 18 militants s’étaient prononcés contre l’entrée de leur parti à la CEI et 8 s’y étaient déclarés favorables avant que Affi N’guessan ne suspende la réunion.
SKO
Avec Alerte-info.net
Lu pour vous
La hache de guerre n’est pas enterrée entre les deux courants irréconciliables, qui s’affrontent, au FPI sans merci. Ils se sont étripés sur le retrait du mot d’ordre de boycott du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2014 jusqu’à ce que le sujet devienne caduc. Ils se sont mis en charpie sur le réaménagement du secrétariat général opéré, le 4 juillet 2014, par le président du parti. Ils sont maintenant à couteaux tirés sur une question pourtant réglée: l’entrée du FPI à la Commission électorale indépendante (CEI).
Car, le 5 août, le parti a donné son accord et désigné, le 8 août, son représentant. Qui a prêté serment, le 11 août, en même temps que les 16 autres membres de cette autorité. Le fait est donc accompli. Mais un Comité central, en réalité sans objet, s’est tenu ce 30 août 2014. Son seul avantage, il a permis de montrer que le fossé ne cesse de s’élargir entre les deux tendances irrémédiablement opposées autour de la question Gbagbo. Malgré l’aggiornamento en trompe-l’œil arraché, le 12 août, par un Comité de médiation, le FPI, en crise d’hypertension, est au bord de l’infarctus.
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