Par Gbansé Douadé Alexis | Connectionivoirienne.net | 27 août 2014
Les demandeurs d’asile dont les procédures sont arrivées de «façon irrévocable» à terme n’en finissent pas de faire les Unes de l’actualité aux Pays-Bas. Pays qui, il faut le préciser d’entrée, se qualifie lui-même comme étant le Centre des institutions judiciaires internationales. En effet, les cas de suicides réels ou évités de justesse se suivent à cadence lente mais régulière dans les «centres d’expulsions» mis en place par les autorités néerlandaises. L’on a encore en mémoire les cas de l’activiste russe Aleksandr Dolmatov, retrouvé mort dans un centre de détention à Rotterdam en janvier 2013, mais aussi le suicide plus récent d’un Arménien de 30 ans, dans une forêt proche de son camp d’internement, en avril 2014. Les nombreuses critiques des ONG locales ou internationales telles que Amnesty ou Human Right Watch ne semblent pas faire fléchir d’un iota la coalition libéraux (conservateurs)-travaillistes actuellement au pouvoir. La ligne dure reste la règle sous l’impulsion du libéro-conservateur, Fredrik Teeven, Secrétaire d’État à la Justice, chargé des questions de refugiés à travers l’Office de l’Immigration et de la Naturalisation [IND].
Les centaines d’illégaux dans la précarité à Amsterdam
Âgé de 27 ans Ibrahim Touré est un demandeur d’asile originaire de Côte-d’Ivoire, en fin de procédure au Pays-Bas. Selon les règles en vigueur il doit quitter le pays. Mais Ibrahim Touré appartient à un groupe «d’illégaux» estimé à 80, qui refusent leurs rapatriements. Ils végètent d’un endroit à l’autre depuis deux ans à Amsterdam. Soit dans une église, soit dans un bâtiment inhabité ou en construction ou encore dans une mosquée, le groupe ne sait plus à quel saint se vouer, mais demeure aux Pays-Bas pour diverses raisons. Dans certains des cas, le rapatriement est rendu difficile, voire impossible, car les papiers pouvant prouver des origines ne sont pas reconnus comme tels par les pays d’origine. Tous ces illégaux ne bénéficient d’aucune aide de l’Etat néerlandais, encore moins de la municipalité d’Amsterdam. Néanmoins, ces derniers reçoivent de l’assistance de quelques ONG et de personnes de bonne volonté qui leur apportent nourriture, appuis financiers, juridiques et matériels.
Le lundi 25 août 2014, Ibrahim Touré fait une chute accidentelle depuis un des escaliers du bâtiment d’infortune que lui et ses camarades occupent quelque part à Amsterdam. La chute lui est presque fatale. Ils se retrouve avec une vertèbre brisée et une hémorragie cérébrale. Selon les témoins, son état s’est aggravé compte tenu de la lenteur de son évacuation, pour la simple raison que les secours arrivés promptement sur les lieux [pompiers, police et ambulanciers], vont tous refuser de pénétrer le bâtiment, qu’ils estiment infesté de l’amiante. Un bâtiment pourtant déclaré «clean» par les services sanitaires de la mairie le même jour, rapporte une partie de la presse locale. Evacué d’urgence dans un centre hospitalier, l’état d’Ibrahim est jugé stable.
Rappelons que la veille de la chute d’Ibrahim, un Somalien, lui aussi en fin de procédures, se faisait tabasser à mort par d’autres refugiés. Deux interpellations ont été effectuées par la police suite à ce malheureux incident.
Selon plusieurs ONG et partis d’opposition, tous ces accidents à répétition sont les conséquences de la situation de stress et précarité dans laquelle «ces ex demandeurs d’asile vivent constamment». Mais le gouvernement néerlandais reste sur sa ligne dure. «Ils doivent collaborer à leur retour dans leurs pays d’origine» lance le Secrétaire d’Etat à la justice, Fred Teeven, fort de l’appui de la majorité au Parlement à La Haye.
Il n’y a pas longtemps de cela, les services de rapatriement néerlandais étaient accusés d’avoir corrompu des fonctionnaires guinéens à fin que ceux-ci délivrent des laissez-passer frauduleux.
GDA
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