Une affaire de fonctionnaires menacés de radiation défraie la chronique depuis quelques semaines. Pour mieux vous informer sur ce sujet, Nord-Sud Quotidien a enquêté.
Bras de fer à la fonction publique. ‘’Le collectif des fonctionnaires en danger’’veut empêcher par tous les moyens le renvoi d’environ mille agents menacés de radiation. Ces dernières semaines, les activistes de ce mouvement ont tenté d’assiéger les locaux du ministère de tutelle, au Plateau. Sans succès. Leurs projets de sit-in ont été tués dans l’œuf par les forces de l’ordre sollicitées par l’administration. Ne voulant pas se taire, vu que leur sort pourrait être définitivement scellé dès le 5 septembre 2014, soit dans moins de deux semaines, ils ont intensifié leur battage médiatique à travers une déclaration largement relayée la semaine écoulée par certains confrères proches de l’opposition. Les auteurs de ce texte disent être victimes d’une « grosse arnaque » et d’une « méchanceté.» Ils accusent des directeurs du ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative. A la faveur des recrutements directs de la période post-crise, ces derniers auraient proposé, en sourdine, des places sur des « des listes additives pour boucher le vide laissé par les fonctionnaires Lmp en exil ou morts »
Les aveux des fraudeurs
A en croire les plaignants, c’est par cette voie que des centaines de candidats auraient obtenu, en déboursant parfois jusqu’à deux millions Fcfa, une note de service portant un numéro matricule et une signature du directeur de la gestion des personnels civils de l’Etat, des pensions et des risques professionnels, M. Koffi Koffi Frédéric, et leur affectation. « Dès qu’ils arrivaient dans leur lieu d’affectation, ils (bénéficiaires du recrutement parallèle, Ndlr) recevaient tous les papiers issus du protocole de leur intégration par les directions des ressources humaines, les yeux du ministère de la fonction publique dans les autres ministères », racontent les fraudeurs. Avant de s’interroger : « Qui pouvait douter que de quoi ce soit ? Surtout quand c’est la fonction publique elle-même qui vous remet un papier, confirmé par ses directions de ressources humaines et qu’après vous êtes enregistrés dans le Système intégré de gestion des fonctionnaires et agents de l’Etat (Sigfae) ? » Leur attente : la non application de la décision de radiation. A défaut, ils réclament un « dédommagement » ou un décret d’intégration. »
Pour en savoir davantage, nous avons rencontré, vendredi à son bureau, le directeur de cabinet adjoint du ministre de la fonction publique. Mais le Pr Joseph Assi Kaudjhis n’a pas voulu se prononcer sur le sujet. En effet, le cabinet du ministre Cissé Bacongo a décidé de garder le silence sur cette affaire jusqu’à la fin des procédures administratives en cours. Il s’agit d’une enquête ouverte pour faire la lumière sur d’éventuelles complicités internes. Par ailleurs, les personnes menacées de radiation ont été invitées à apporter la preuve qu’elles ont été recrutées par l’une ou l’autre des deux méthodes prévues par l’article 33 du Statut général de la fonction publique, à savoir : le concours d’intégration et la nomination à titre dérogatoire par décret, comme l’ont été récemment 3000 enseignants recrutés pour réduire le déficit de personnels dans le secteur éducation-formation.
Les premiers résultats de l’enquête
Selon des sources bien informées, les contrôles ont révélé que les ‘’agents’’ en danger n’ont suivi aucune des voies officielles. Ils sont repartis en deux groupes. L’un est constitué de personnes qui ont eu un matricule sans avoir passé un concours quelconque, ni bénéficié d’une nomination par décret. Selon nos sources, l’enquête en cours a formellement identifié les auteurs et complices de ces intégrations par attribution frauduleuse de matricules. C’est le lieu d’indiquer que depuis un an, Koffi Koffi Frédéric, l’un des directeurs mis en cause par les faux admis, a déposé une plainte au tribunal du Plateau pour faux et usage de faux et falsification de sa signature. Cette procédure suit son cours.
L’autre groupe de cas litigieux est composé de personnes ayant réussi, à partir de montages grossiers, à se faire inscrire sur des arrêtés d’admission falsifiés. Pendant les vérifications, il a été constaté, que leurs noms ne figuraient pas sur les arrêtés d’admission dûment signés par le Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative. Mieux, les intéressés sont nombreux à n’avoir même pas participé aux concours auxquels ils sont frauduleusement déclarés admis.
Rappelons qu’une première vague de 628 faussaires ont été retirés des effectifs sous le ministre Gnamien Konan. Pendant plusieurs mois, ceux-ci n’avaient pu apporter la preuve qu’ils avaient intégré la fonction publique de façon régulière. Après l’arrivée de Cissé Bacongo à la tête du département, 686 nouveaux suspects ont déjà été épinglés. Ce qui porte exactement à 1314 le nombre total de cas, et non 3000 comme annoncé par les contestataires. Depuis deux mois, un communiqué publié sur le site internet du ministère appelle les membres de la deuxième vague à déposer leurs documents à l’antenne de la fonction publique située à l’Indénié, au plus tard le 4 septembre 2014. Selon nos informations, sur environ mille dossiers attendus, à dix jours de la clôture, moins de cent ont été enregistrés.
Source: Nord-Sud Quotidien
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