Le 15 juillet, Henri Konan Bédié, le champion encore bon pour le service du PDCI, a rencontré le chef de l’Etat pour un échange en tête à tête dont beaucoup de choses n’ont pas filtré.
«L’Eléphant » qui, comme chacun le sait, avait donné la date précise de cette rencontre plusieurs jours avant, sait que les échanges ont essentiellement tourné autour des conditions du PDci pour que l’idée de la candidature unique du chef de l’Etat à la future élection présidentielle soit officiellement annoncée par l’ensemble des champions qui forment le groupement politique appelé RHDP.
Mais les deux hommes ne se sont pas entendu sur la question et ont promis, comme « L’Eléphant » l’a conté la semaine dernière, de poursuivre le dialogue sur les conditions posées par Bédié en personne.
Qui pour affronter Ouattara et qui pour financer la campagne ?
Dans le vieux parti, des responsables comme Guikahué ont beau tenter de cacher le soleil avec une main, chacun sait que la réalité du terrain est cruelle. Malgré les recommandations du congrès, malgré les cris de quelques jeunes loups et notamment le député Kouadio Konan Bertin dit « KKB » dont chacun sait pour qui il joue, le parti d’Houphouët-Boigny ne pourra pas officiellement présenter un candidat contre Alassane Ouattara et espérer le battre, sans une alliance avec une autre force politique, le Pi notamment. Or les chances que le Pi, avec ce qui s’y passe en ce moment, accepte d’aller aux élections présidentielles avec son champion Laurent Gbagbo en prison à La Haye, sont aussi grandes que celles d’un escargot qui tente de traverser sain et au sauf d’un bout à l’autre l’autoroute…
Au sein du parti, chacun sait que la solution se trouve dans la candidature unique afin de permettre au PDCI dont de nombreux jeunes cadres ont connu une promotion dans la mise en œuvre bien qu’imparfaite de cette alliance, de se refaire une nouvelle santé financière après les dures épreuves de la vie dans l’opposition. Et toute velléité de candidature du PDCI entraînerait immédiatement la chute de ces cadres dont quelques-uns, interrogés par « L’Eléphant », ne veulent pas entendre parler« d’une candidature inutile du PDCI RDR qui ne ferait que leur attirer de graves ennuis… »
Toujours au sein du parti, les seuls cadres actifs qu’on soupçonne d’avoir ramassé suffisamment de moyens pour être capables de se présenter et financer leur propre campagne électorale, sont tous actuellement en compétition pour prouver leur ardeur à faire de Ouattara, le candidature unique à l’élection présidentielle, malgré les recommandations du congrès. Et Bédié ne lève pas un petit doigt pour les rappeler à l’ordre .c’est dire…
Alors, en cas de candidature du PDCI, qui financera la campagne ? Le président Bédié ? Lui-même n’a pas eu assez de moyens pour financer sa propre campagne en 2010. Certains de ses directeurs de campagne dans des régions où vivent plus de 600 mille électeurs, n’ont reçu en tout et pour tout que la somme de 500 mille FCFA, oui, 500mille FCFA, pour battre campagne. Les résultats ont été, comme chacun l’a vu, au-delà de tous les espoirs. Echec total.
Alors, en cas de candidature du PDCI, d’où pourrait venir le candidat providentiel qui se trouve en ce moment hors du pouvoir actuel et qui mettrait la main à la poche pour sortir les milliards nécessaires pour affronter le RDR sur le terrain ? On serait bien curieux d’écouter le discours de ce candidat, s’il sort du gouvernement ; dans un contexte où Bédié déclare lui-même «qu’on ne change pas une équipe qui gagne» et que « Ouattara fait un travail excellent». Tout est dit !
Oui à la candidature Unique mais…
Le « jeune Bédié », 83 ans au compteur, et cela est un secret de polichinelle ; n’ira pas affronter Ouattara dans une élection présidentielle et ne mettra pas le PDCI, en l’état actuel de la situation sécuritaire et politique du pays, dans une « guerre » contre un RDR qui tient les clés des caisses de l’Etat. D’ailleurs, à des jeunes du PDCI qui le pressaient récemment dans une déclaration de leur offrir un candidat pour 2015, le jeune homme de 83 ans n’a-t-il pas répondu que malgré les apparences, la côte d’ivoire est encore dans une situation fragile ? Réponse peut être aussi claire pour une renonciation à un affrontement entre les « enfants d’Houphouët »dont on dit que seule leur entente peut maintenir durablement la côte d’ivoire dans la paix et la sécurité? Bédié, selon les informations de «L’Eléphant », a donné son accord de principe au chef de l’Etat, le 15 juillet dernier, pour la candidature unique. A la condition que la Primature, occupée en ce moment par Daniel Kablan Duncan, certes cadre du PDCI, revienne à son « neveu », son ancien ministre de l’Economie et actuel inspecteur Général d’Etat, Niamien N’goran. A qui, on se souvient, il avait tenté, il n’y a pas longtemps, de confier tous les pouvoirs au PDCI dans le cadre d’une éventuelle succession. D’ailleurs ce dernier est toujours dans la logique de la succession naturelle de Bédié. Exit donc selon Bédié, Kablan Duncan de la Primature, pour la confier, avant les élections ; à Niamien N’Goran dont chacun sait la colère qui s’est emparée de lui, quand Ouattara, lui, avait préféré Ahoussou Jeannot pour le poste de Premier ministre après le départ de saint Soro Guillaume à l’Assemblée nationale où il s’ennuie à mourir en ce moment, le pauvre…Guillaume. Selon les informations de « L’Eléphant», l’exigence de Bédié tient d’une logique implacable. Le PDCI est un parti dont les militants sont majoritairement de l’ethnie baoulé et même au RDR, on reconnaît qu’ils sont vraiment nombreux, les baoulés. Lesquels, en 2010, comme un seul homme, ont répondu à l’appel de Bédié à bouter Gbagbo hors du pouvoir d’Etat en votant pour Ouattara. La suite ; ce sont les refondateurs qui peuvent mieux la conter… Malgré les intimidations, les baoulés, comme à Yamoussoukro où Gbagbo a pourtant mené une intense campagne de séduction en y mangeant même au vu et au su de tous des bananes braisées, ont massivement voté pour le candidat du RHDP. A certains endroits, on a même frôlé des scores qui ont fait pâlir de jalousie des gens au Kremlin en République de Russie.
Selon la logique de Bédié, pour que son futur appel à la candidature unique ait une chance de prospérer auprès de ses« frères » baoulés, il faut que ces derniers qui se plaignent de n’avoir pas bénéficié de grande chose après l’élection de Ouattara, aient le sentiment ou au moins l’illusion que Ouattara tient compte de leur importance dans sa réélection, en confiant le poste de Premier ministre à un des leurs, en l’occurrence, Niamien N’Goran. Même si l’expérience avec Ahoussou n’a pas été un succès éclatant…
Selon un champion du PDCI bien au fait des tractations actuelles, la requête de Bédié, bien que trouvée pertinente par le chef de l’Etat, n’aurait pas cependant manqué de l’embarrasser. Pour la simple raison qu’il existe une complicité telle entre le premier ministre Duncan et le chef de l’Etat (les deux hommes se connaissent depuis fort longtemps), ils s’entendent tellement bien sur les dossiers de la République, que Ouattara éprouverait un mal fou à penser même à la simple idée de se séparer Daniel Kablan Duncan. Sans compter qu’en plus de ces avantages, le travail de Duncan serait reconnu par tous, y compris au sein même du RDR, comme un travail extrêmement efficace. Alors comment se séparer d’un tel collaborateur ? Voilà la question à laquelle réfléchit en ce moment le chef de l’Etat qui a convenu avec son aîné, une autre rencontre le 15 septembre, pour donner sa décision finale. On n’aimerait pas être à sa place.
Au RDR, certains caciques estiment que le sacrifice à faire pour obtenir la candidature unique n’est pas trop élevé et qu’on ne « peut pas faire des omelettes sans casser des œufs ». D’autant plus que ces œufs resteront toujours auprès du chef de l’Etat, dans d’autres fonctions. Alors, pourquoi se gêner et risquer de laisser le pouvoir filer entre les mains d’un ivoirien qui pourrait sortir d’on ne sait où avec un discours de rupture et sans aucun lien avec les acteurs du drame ivoirien depuis la mort d’Houphouët-Boigny ?
Au PDCI, « L’Eléphant » a pu s’en rendre compte, , la question de la candidature unique, sous quelque forme qu’on la prenne, divise les cadres et les simples militants. Ils sont tous conscients cependant d’une réalité. Une candidature du PDCI fragiliserait le parti et des cadres et non des moindres, battront ouvertement campagne pour Ouattara qui pourrait finir par gagner. On les voit déjà sur le terrain avec des moyens sortis d’on ne sait où !
Une absence de candidature du PDCI diviserait également le parti et mettrait à mal l’autorité de Bédié. Mais les jeunes cadres placés en ce moment à des postes stratégiques estiment que le PDCI perdrait plus avec une candidature que sans une candidature. Et ils ajoutent, comme pour se convaincre, que Bédié lui-même a officiellement dit qu’il a mené en 2010, «son dernier combat politique au nom des jeunes ».
Alors…autant parier sur 2020 et continuer à se refaire dans le silence, une santé financière pour les futures batailles. « L’Eléphant » souhaite bien du plaisir aux un et aux autres. Dans tous les camps…Y compris au FPi.
Source: L’Eléphant déchainé avec leBandama.com
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