Par Serge Alain Koffi
Situé à environ 30 Km de Duékoué, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, Ouérémikro, petit village, créé il y a une dizaine d’années par le chef milicien d’origine burkinabé Amadé Ouérémi, tente de retrouver un semblant de normalité un an après l’arrestation de son leader charismatique.
La maison de Amadé Ouérémi
Les enfants ont beau gambader gaiement dans la cour de ce petit bled d’une soixantaine d’âmes, situé en plein cœur de la forêt dans l’ouest ivoirien, les hommes et les femmes continuer leurs activités essentiellement champêtres, le vide laissé par Amadé, suite à son arrestation manu militari le 18 mai 2013 par des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI, armée) peine à être comblé.
“Nous avons du mal à faire face à son absence, surtout que c’est lui qui tenait la famille’’, affirme d’un air triste son frère Seydou Ouérémi, qui a aujourd’hui en charge la gestion des plantations de son ainé et du campement.
L’héritage laissé par le chef milicien, soupçonné de graves crimes commis durant la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011 en Côte d’Ivoire, et qui régnait en maître dans la région de Duekoué, y est resté intact.
Au milieu du village, les portes en bois de sa modeste maison, une construction décrépie de trois pièces, restent closes.
La sobriété de la bâtisse tranche avec la réputation de riche planteur qui l’a toujours précédé.
A quelques mètres, se tient celle de deux de ses six épouses qui ont toutes quitté le village pour s’installer ailleurs après l’arrestation de leur époux.
Comme elles, de nombreux habitants du village, de nationalité burkinabé et constituant pour l’essentiel les manœuvres de Amade Ouérémi, ont “par peur’’ fui le village pour s’établir dans d’autres contrées du pays ou sont simplement retournés au Burkina Faso voisin.
Pour désenclaver le village situé en bordure d’un lac et faciliter l’acheminement de ses récoltes agricoles vers Duékoué en passant par la bourgade de Bagohouo (26 km), Amadé Ouérémi a fait construire “à la main’’ un pont de 190 mètres de long et 7 mètres de largeur, explique avec un brin de fierté son neveu Alassane Yabaho qui comprend mal que son oncle soit présenté aujourd’hui comme “un criminel’’.
A Bagohouo, l’ex-chef milicien n’a pas non plus eu le temps d’exploiter son magasin de stockage de cacao et café, construit sur fonds propre grâce aux bénéfices tirés de ses exploitations agricoles dans la forêt du mont Peko.
A combien sont estimées ces exploitations agricoles qu’on dit immenses ? 1.500 hectares de Cacao et café comme évoqué dans la presse ivoirienne ? Seydou répond à la question par un silence gêné. Faux ! Rétorque pour sa part Yabaho, expliquant que la réputation de riche attribué à son oncle était plutôt surfaite.
“Le vieux (comme l’appelle affectueusement et par respect, ses proches) n’était pas aussi riche et ne dormait pas dans un château comme le disaient certains journaux’’, affirme-t-il.
A la tête du groupe armé qui occupait la forêt du Mont Péko, un domaine théoriquement protégé où il régnait en maitre, Amadé Ouérémi et ses hommes, généralement estimés à plusieurs centaines d’éléments, défiaient depuis une dizaine d’années l’autorité de l’Etat, en interdisant l’accès et y cultivant notamment le cacao.
Amadé Ouérémi est soupçonné par des ONG internationales d’être impliqué dans les tueries survenues à Duékoué en mars 2011, durant la crise postélectorale qui a fait quelque 3.000 morts en Côte d’Ivoire.
Ses troupes avaient été utilisées comme forces supplétives par les ex-rebelles nordistes des forces nouvelles à qui sont largement imputés ces massacres.
L’ex-rébellion, dont les chefs sont désormais des cadres des FRCI, s’était ralliée au président Alassane Ouattara au début de la crise postélectorale qui l’opposait à l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo.
SKO
Avec Alerte-info.net
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