L’actualité politique de ces dernières semaines en Côte d’Ivoire est dominée par le débat sur l’indépendance de la Commission Électorale Indépendante (CEI) devant organiser les élections de 2015. Le moins qu’on puisse dire c’est que volontairement et profitant de l’ignorance de la masse, certains politiciens ivoiriens dont Mamadou Koulibaly maintiennent le débat à un niveau très bas. Il est vrai que parler d’indépendance de la CEI en tant qu’Institution à ce stade n’a aucun sens parce qu’on ne peut juger du comportement d’une entité que si elle existe et agit. Or à ce jour, la nouvelle CEI n’est ni installée ni fonctionnelle. Porter un jugement sur son indépendance est donc de la surenchère politique.
La parade trouvée par nos politicards locaux sera donc de donner à la CEI, le sens de Commission Électorale «d’Indépendants», ce qui signifie pour eux que les membres de la CEI doivent êtres des personnalités «indépendantes», non affiliées aux chapelles politiques, genre «société civile». Une telle conception est-elle tenable? Nous disons non. Car le savoir étant cumulatif, les années de lycées et plus, ont permis à tous ceux qui ont atteint le cap du BAC, de traiter du sujet de la liberté et de l’indépendance individuelle. Et les recherches sur la psychologie et la psychanalyse ont répondu que l’être humain ne peut être qualifié de libre et indépendant du fait du façonnage qu’il subit au cours de sa vie: éducation familiale, ethnico-culturelle, scolaire, organisationnelle,…Nous sommes donc le produit de notre environnement. Le philosophe dira que nous n’agissons pas, mais «nous sommes agis», ce qui signifie qu’indépendamment de notre volonté, nos actions sont modulées par toutes les influences que nous avons subies depuis notre naissance.
En partant sur cette base, peut-on dire que dans cette Côte d’Ivoire aux «60 ethnies», on peut trouver des ivoiriens «indépendants» au sens «koulibalytien» du terme, pour siéger à la CEI? Nous disons encore NON. On peut être indépendant par rapport à des critères isolés, mais on ne peut pas être globalement indépendant. Au surplus, le critère d’appartenance politique qui agite le débat est accessoire à un critère encore plus pernicieux: l’ethnicisme. Les dernières consultations électorales en Côte d’Ivoire ont en effet montré que l’appartenance politique en Côte d’Ivoire est influencée par l’origine ethnique.
En conclusion, il est illusoire de préjuger de l’indépendance de la CEI, si elle est constituée de personnes supposées indépendantes. Parce que cette indépendance est inexistante. Il faut plutôt souhaiter que les personnes nommées respectent le serment qu’elles ont prêté devant le Conseil Constitutionnel et que le travail de groupe se focalise sur les règles qui régulent le fonctionnement de l’Institution. C’est à l’œuvre que nous jugerons la nouvelle Commission Électorale Indépendante. Arrêtons donc notre bal de sorciers nègres.
Par Francis Zadi
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