Par Serge Alain Koffi
Attaques verbales entre ses membres, menaces à peine voilées, soupçons de trahison, le Rassemblement des Houphouestistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la majorité au pouvoir en Côte d’Ivoire, offre de plus en plus l’image d’une coalition au bord de l’éclatement depuis l’annonce de la candidature du chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara pour la présidentielle de 2015.
A un peu moins de quinze mois de sa tenue, la présidentielle prévue en octobre 2015 polarise l’actualité politique, tant ce scrutin, le premier depuis celui de 2010 qui a fait basculer le pays dans une guerre civile, semble porter de gros enjeux aussi bien pour l’opposition que pour la majorité au pouvoir.
Porté au pouvoir en 2010, Alassane Ouattara, issu du Rassemblement des républicains (RDR) et grand allié du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien chef de l’Etat Henri Konan Bédié au sein du RHDP, a annoncé depuis un an qu’il sera candidat à un deuxième mandat, afin, dit-il, de pouvoir “poursuivre le redressement’’ du pays.
Depuis cette annonce, son parti, soutenu par certains militants du PDCI et des deux autres partis (le Mouvement des forces d’Avenir, MFA et l’Union pour la démocratie et la paix, UDPCI) de l’alliance, s’activent pour que la candidature de M. Ouattara soit l’unique de la coalition, afin de multiplier ses chances de gagner au premier tour.
Le faisant, ces militants du PDCI n’innovent pas vraiment puisque leur parti, avait déjà apporté son soutien à M. Ouattara au second tour de la présidentielle de 2010 face à l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo.
Mais à l’épreuve de l’exercice du pouvoir, les choses ont changé et le RHDP apparait sous un autre jour. Bien différent de la force politique d’opposition unie face M. Gbagbo.
D’autres militants du PDCI dont le chef de file est le député Bertin Kouadio Konan dit KKB, ancien responsable de la jeunesse, s’opposent à ce projet et font pression pour que l’ex-parti unique ait son propre candidat pour reconquérir l’entièreté du pouvoir d’Etat perdu lors du putsch de décembre 1999.
Mardi, lors d’un point de presse, il a de nouveau assuré que le PDCI “aura bel et bien un candidat’’, et qu’il s’agit là d’un “point non négociable’’. Regrettant que le PDCI soit “à la remorque du RDR’’ qui “veut le tuer définitivement’’, KKB avait déjà, des semaines avant, qualifié ce projet de candidature unique d’“hypothèse chimérique’’.
Maurice Kacou Guikahué, le numéro deux du PDCI, a beau assurer que son parti “n’a pas de double-jeu’’ mais au RDR, on vit mal ces sorties médiatiques du député de Port-Bouêt et les tergiversations du grand allié à se prononcer clairement sur la question.
Sans manquer d’envoyer des piques à KKB, Touré Mamadou, Conseiller de M. Ouattara en charge de la jeunesse et des sports, ne voit “pas comment’’ ces deux partis “feront campagne séparément’’ alors qu’ils sont “co-responsables de la gestion et du bilan actuel du pouvoir’’.
Comme pour ne pas arranger les choses, le député Abel Djohoré, un autre cadre du parti de Ouattara, s’est fendu d’une déclaration dans le quotidien Le Point du vendredi dernier, qui a tout l’air d’une mise en garde : “Le PDCI n’a pas intérêt à présenter un candidat’’.
Le parti de Ouattara qui continue d’espérer que la candidature de son champion sera la seule de la majorité a, malgré tout, “tout intégré dans sa stratégie », a prévenu son secrétaire général Amadou Soumahoro.
A quinze mois de la présidentielle, il est fort à parier qu’une décision de l’ex-parti unique de présenter ou non un candidat ne soit sans conséquences pour le RHDP, qui a du mal à cacher ses dissensions et sa fragilité.
SKO/GBK
Avec Alerte-info.net
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