Après LIBERATION, quotidien Français proche de la Gauche, c’est au tour de TV5, la chaîne de télévision francophone qui a osé faire des révélations sur l’autre face du pouvoir d’Abidjan. Les médias français sortent ainsi de leur mutisme pour aborder des sujets restés jusqu’ici tabous. De quoi s’agit-il ? Tout juste avant la visite ‘’historique’’ de François Hollande à Abidjan, les 17 et 18 juillet dernier, le journal français, Libération, sous la plume de son envoyé spécial a consacré une série de reportages sur la Côte d’Ivoire qui, en à point douté, n’ont pas été du goût du pouvoir d’Abidjan. Le premier article était consacré à la situation de précarité dans laquelle vivent les ex combattants qui se sont battus aux côtés des forces pro Ouattara. Le reportage était réalisé dans une cité universitaire à Port Bouet occupée par ces ex combattants qui criaient leur colère d’avoir été abandonnés, sans oublier leurs menaces à peine voilées. Les reportages suivants ont été réalisés à Duekoué à l’ouest de la Côte d’Ivoire où les pires atrocités de la guerre ont été commises avec pas moins de 1000 morts en une seule journée, selon les ONG internationales, telles la Croix Rouge. L’envoyé spécial du quotidien français a pris soin de bien cibler ses articles en mettant l’accent sur le manque de volonté du gouvernement à arrêter certaines personnes soupçonnées d’avoir commis des crimes. Les sujets tels la destruction du camp de réfugiés de Nahibli, les chasseurs traditionnels appelés Dozos, le mont Peko, les populations Burkinabé ont tous été abordés. On croirait volontiers que l’envoyé spécial de Libération avait précédé l’arrivée de Hollande pour montrer l’autre face du pouvoir d’abidjan.
On se serait fait l’économie de cette observation si TV5 n’avait pas fait les mêmes reportages, dans les mêmes lieux avec les mêmes thèmes. Deux semaines seulement après les articles de Liberation. Une série de reportages intitulés ‘’ Côte d’Ivoire, états des lieux’’. Comme Liberation, TV5 fait un tour dans la même cité universitaire où les mêmes ex combattants crient leur colère, évoquant avoir été trahis par le pouvoir en place. TV5 montre les chambres insalubres et la précarité dans lesquelles vivent ces ex combattants. Le reportage, en termes à peine, voiler accuse le ministre de l’intérieur de réduire au silence ces ex combattants et même tenter de les éliminer. TV5 s’est également rendu à Duékoué sur les traces de Liberation. De l’impunité, l’insécurité, la corruption, au danger que représentent les Dozos en passant par les colonies de peuplement de Burkinabé dans le Mont Peko, TV5 a abordés tous les thèmes qui peuvent fâcher le pouvoir d’Abidjan.
A 14 mois de la prochaine élection présidentielle, quel message les médias français veulent-ils envoyé au pouvoir d’Abidjan ? Pourquoi ce réveil subit des médias français alors qu’ils ont jusqu’ici traité le pouvoir ivoirien avec beaucoup de ménagement. Deux choses l’une, soit les médias français veulent s’affranchir de la censure qu’ils se sont imposés de gré ou de force pour aider le pouvoir d’Abidjan à se stabiliser et qui les discrédite face à une opinion de plus en plus critique sur le traitement de l’information en Côte d’Ivoire, soit révéler la fin de la période de grâce . Quoi qu’il en soit, pour qui observe bien les relations troubles qui existent entre Paris et ses anciennes colonies, ce genres de reportages sont un mauvais présage. Il est évident que la côte de sympathie du président Ouattara ne souffre d’aucune contestation à Paris ou à Bruxelles mais ce genre de reportages qui se suivent sont de nature à écorner l’image du pouvoir d’Abidjan qui est ainsi accusé d’entretenir, de protéger et d’ériger des chasseurs traditionnels, Dozos, en force de sécurité. Ces reportages des médias français qui se suivent à dose homéopathie apporte à coup sure l’eau au moulin de toutes les ONG internationales qui accuse Abidjan d’entretenir l’impunité en laissant en liberté tous ceux qui commis des crimes dans le camp Ouattara surtout à Duekoué.
Une autre bataille pour le repositionnement de son image commence pour le pouvoir d’Abidjan. Les gouvernements de Henri Konan Bédié et de Laurent Gbagbo n’ont-ils pas payé cash le prix de ce genre de petits reportages qui finissent par discréditer ?
K. Yao
LeBandama.com
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