Dans les départements de Taï, Blolequin et Toulepleu, qui abritent de grands marchés hebdomadaires, la psychose s’est emparée des populations. La propagation fulgurante du virus Ebola au Liberia, relayée par la presse, alimente les débats dans les services, marchés et autres. Inquiètes, les populations demandent aux autorités de prendre des mesures fermes pour les sécuriser. La fermeture de la frontière avec le Liberia est demandée par la majorité des personnes rencontrées. «L’Etat doit officiellement fermer la frontière comme l’a fait le Liberia. Celui qui est malade ferme sa frontière, qu’attendons-nous pour en faire autant ?» S’interroge Djahi Robert, un diplômé sans emploi. Pour Glé Jean, habitant de Blolequin, les autorités doivent fermer les marchés hebdomadaires où des Libériens viennent s’approvisionner. « Des Libériens traversent la frontière par des chemins détournés pour se rendre dans les marchés. Cela représente un véritable danger pour la population. Il faut fermer ces marchés pour l’instant », suggère Glé Jean, d’autant plus que, selon notre interlocuteur, la porosité de la frontière est telle qu’il est impossible de la fermer. Doua Marthe, ménagère dans la souspréfecture de Zagné, pense pour sa part que les marchés étant les lieux de rencontres des populations, les autorités doivent insister sur la sensibilisation et renforcer les postes sanitaires avancés qui manquent de personnel. Sranpahi Blaise, le vice-président des jeunes de Zagné, dans le département de Taï, abonde dans le même sens. « En plus des mesures conservatoires prises, je souhaite qu’on fasse comme au Liberia où on ne se serre plus les mains et où les grandes soirées sont interdites parce que nous sommes à la frontière et nous sommes les plus exposés», soulignet-il. Avant de reconnaître que grâce aux mesures gouvernementales, la viande de brousse a disparu des menus des restaurants et des assiettes des populations. Autorités médicales et préfectorales e pleine sensibilisation Cependant, il a déploré le fait que des féticheurs mentent aux populations en leur disant que consommer de la viande immunise contre l’Ebola. Quand certains charlatans et autres sillonnent les villages pour faire croire aux populations qu’ils ont des remèdes pour prévenir et guérir l’Ebola. Si aucun cas d’Ebola n’a été signalé en Côte d’Ivoire, les populations de l’Ouest, inquiètes, ont le regard tourné vers le gouvernement pour de nouvelles mesures plus rigoureuses. Face à la menace de l’Ebola, les autorités préfectorales et médicales de la région sont à la tâche. Les préfets ont mis en place des comités de vigilance pour sensibiliser les populations sur les mesures préventives contre la contamination et la propagation de la fièvre Ebola et aussi lutter contre les rumeurs. Pour ce faire, le préfet de région Koné Messamba a entrepris une nouvelle campagne de sensibilisation en insistant sur le fait que l’arrêté interdisant la chasse et la consommation de gibier est toujours en vigueur. Quant au comité de vigilance et de veille de Guiglo, il lutte contre les rumeurs. A Toulepleu, le préfet Diarra Karim ne veut plus laisser faire les féticheurs qui vendent des « antidotes » de la fièvre d’Ebola aux populations. Pour lui, ces escrocs poussent ses administrés à consommer de la viande de brousse. Il demande donc de les dénoncer. Mieux, Diarra Karim a annoncé depuis le week-end dernier, la fermeture des marchés hebdomadaires de Toulepleu. D’autres mesures comme l’interdiction de fouler le sol ivoirien par la voie terrestre ou par lagunaire, l’interdiction aux Ivoiriens de se rendre au Liberia. Il a même été demandé aux forces de l’ordre de faire convenablement leur travail. Quant aux braconniers, ils ont été sommés de ne plus s’adonner à la chasse. Jeudi dernier, c’est le préfet de Taï, Aka Kouassi Bio, qui a échangé avec les populations pour leur annoncer la fermeture de la frontière jusqu’à nouvel ordre et les informer d’une grande tournée de sensibilisation.
Les regrets des réfugiés ivoiriens au Liberia. Beaucoup de réfugiés ivoiriens au Liberia regrettent leur hésitation à rentrer au bercail. Et surtout à répondre à l’appel du président Alassane Ouattara. « Le pays vous attend », avait lancé le chef de l’Etat à ses compatriotes réfugiés au Libéria. En dépit de cet appel, des réfugiés sont restés scotchés à des revendications politiciennes. C’est le cas de Goulia Ernest, réfugié au camp de PTP à Zwedru, qui nous a joints après la suspension du rapatriement des réfugiés ivoiriens, à cause de l’Ebola. «Nous avons fui la guerre. Maintenant qu’on veut rentrer au pays, le virus Ebola nous en empêche. Nous ne savons plus où mettre la tête. Depuis la découverte des cas d’Ebola au Liberia, tous les réfugiés ivoiriens veulent rentrer au pays. Si mes amis m’avaient écouté, nous serions depuis longtemps rentrés. Mais à forces d’écouter les rumeurs nous sommes pris au piège. Si on avait écouté les conseils du président de la République, l’Ebola n’allait pas nous trouver ici », regrette-t-il. Selon ce natif de Duékoué, dès que la frontière sera ouverte, il sera le premier à rentrer au pays, et cela sans condition.
TK Traoré Kader
Le Patriote
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »331162078124″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Commentaires Facebook