Côte d’Ivoire UNJCI – S’il n’y a plus d’éthique, on en créera une autre…

tiemoko

Le spectacle auquel on assiste en ce moment dans cette UNJCI est des plus indignes. Hier, à la maison de la presse, ce qui s’y est passé est tout simplement honteux. Des chaises y ont volé, certains ont failli en venir aux mains, tout ça parce que des individus voient dans cette organisation, une sorte de caverne d’Ali Baba, dans laquelle ils peuvent mettre en pratique toutes les stratégies de racket, de corruption, de vols, et autres pratiques qui ont fini par cramer le peu de crédibilité qui nous restait, nous autres journalistes ivoiriens encore en activité.

« Il n’y a plus d’éthique chez vous? », m’a demandé un confrère sénégalais ce matin!

La récompense de l’un de nos devanciers (Alfred Dan Moussa) par la nation est presque passée inaperçue. Parce que les gars se battaient à la maison de la presse pour récupérer leur « bien ».

Je viens de faire ma revue de presse de ce matin, je n’ai pas vu un confrère poser des questions essentielles. Dans la presse ivoirienne, est ce que les journalistes ont une éthique? Est-ce qu’ils accordent une importance à cette question,? Est-ce qu’ils défendent des valeurs et lesquelles?

Je n’ai rien vu. On se contente de petit compte rendu de celui-là « a récupéré son poste de plein droit », de ‘celle-ci dit qu’elle n’est pas d’accord », du « ministère de la communication veut faire la médiation », etc.

Mais personne ne demande: Est-il possible qu’un président de l’UNJCI qui a été condamné, en cette qualité, pour tentative de corruption puisse revenir, à la fin de sa « peine », occuper son « bien de plein droit’, comme si de rien n’était?

Il y a désormais un problème d’image de l’UNJCI avec un tel président et je ne vois pas un annonceur honnête associer son image à une activité organisée par une UNJCI où l’on célèbre la médiocrité et la corruption. Il n’y a pas eu de super Ebony en 2013, on a banalisé ce problème alors que l’affaire était suffisamment grave pour l’image de la presse ivoirienne. Quand on s’est retrouvé au Palais présidentiel à l’occasion de la présentation des vœux du chef de l’État, ce dernier malgré le discours de Traoré Moussa qui a tenté de minimiser la non attribution du super Ebony, nous a tendu un miroir en nous invitant à sortir du chemin de la médiocrité. Moi, j’étais mort de honte.

Mais voilà que ça continue! Pourquoi ne fait-on pas de débat intellectuel dans cette UNJCI au lieu de former des camps pro Traoré Moussa et des camps pro-Habiba Dembélé?
Peut-on imaginer un seul instant le président du Medef en France, condamné pour tentative de corruption, tenter de revenir occuper son poste à la fin de sa peine? Il n’oserait même pas remettre les pieds au siège de cette organisation. L’exemple est peut-être mal choisi, j’en conviens.

Peut-on imaginer ailleurs (avons nous un exemple) ce qui se passe en ce moment à l’UNJCI?

Je n’ai absolument rien contre Monsieur Traoré Moussa, mais je désapprouve ses méthodes. Il devrait organiser un point de presse pour nous faire le bilan de ses enquêtes puisqu’il nous avait promis (c’est passé au journal de 20 heures de la RTI) faire éclater la vérité sur l’affaire dans laquelle son nom avait été cité et qui lui a valu la sanction « injuste » selon lui, du CNP.

Il a fini de purger sa sanction mais où en est on avec la vérité dans cette affaire puisque ses recours ont été rejetés et qu’il n’a pas osé aller devant la cour suprême pour faire éclater la vérité, pour prouver son innocence, pour démontrer le complot dont il se disait la victime de la part d’un certain Assalé Tiémoko mis en mission selon lui pour le détruire? L’émission de Nostalgie où il a dit ça est sur Youtube et chacun peut l’écouter encore .

Mais il ne fait pas éclater la lumière et il veut revenir s’asseoir dans le fauteuil souillé de président de l’UNJCI?

En agissant comme il le fait, comme si la fin de sa peine signifiait qu’il avait été blanchi, Il porte un coup trop rude à l’image de l’UNJCI. Il démontre qu’il n’a aucun respect pour cette organisation et ses adhérents.

Je crois que monsieur Traoré Moussa peut apporter beaucoup à cette organisation en y créant le débat sur des questions d’éthique dont des traces se trouvent dans l’article 24 des textes de cette organisation. Il peut organiser une conférence de presse et présenter ses excuses à tous les membres de l’UNJCI pour ce qui s’est passé et se retirer en paix ou même demander le pardon de ses pairs pour qu’on lui accorde une seconde chance même si cela n’est pas faisable d’un point de vue morale. Cela l’aurait grandi pour toujours…dans ce pays.

Mais procéder comme il le fait, utiliser des méthodes de loubards comme s’il n’a plus de vie sans ce poste de président de l’UNJCI, c’est aggraver son propre sort pour l’avenir dans la Côte d’Ivoire de demain. Encore qu’on aurait pu lui trouver des circonstances atténuantes s’il avait fait un recours devant la Chambre administrative de la Cour Suprême. Il bénéficierait encore et au moins, en attendant la décision de la Cour Suprême, du principe de la présomption d’innocence.
Mais il a accepté sa condamnation, sa culpabilité est devenue définitive et irréversible. Mais malgré cela, il veut reprendre la tête de l’UNJCI, comme si rien ne s’était jamais passé. Ce n’est pas normal.

Il va peut-être, avec le soutien de personnes insoupçonnées (y compris au ministère de la communication), récupérer son poste. Puisque, de façon unanime, les membres du conseil exécutif, n’auront pas le courage de démissionner en bloc pour créer l’électrochoc (divisés qu’ils sont sur la base de petits calculs sur le dos des valeurs de la corporation).

Mais nous autres, qui sommes arrivés dans ce métier il y a à peine quatre ans, la tête pleine de valeurs cardinales non encore totalement enterrées sous le poids des billets de banque et qui continuons à penser qu’on peut offrir une presse nouvelle à la Côte d’Ivoire, nous autres qui avons pris la carte UNJCI parce qu’on pensait qu’on y protégeait l’essence de ce métier, sommes très déçus.

Et j’annonce que dans les jours à venir, cette semaine qui va commencer sera décisive, au regard de l’évolution de la situation à l’UNJCI, nous allons réfléchir à la création d’une nouvelle organisation de journalistes de Côte d’Ivoire, avec des objectifs extrêmement clairs. On en a déjà parlé hier et nous sommes déjà une bonne vingtaine à partager cette vision.

La Côte d’Ivoire qui se veut émergente doit avoir une presse dans laquelle sont défendues certaines valeurs. Les journalistes doivent être du côté de la Côte d’Ivoire qui gagne, du côté du peuple qu’on pille, qu’on abruti, à qui on ment jusqu’au délire et qu’on conduit à la mort comme un mouton avec notre complicité à nous les les journalistes. Les journalistes ne doivent pas être du côté des pourris et de ceux qui travaillent contre le peuple. Nous devons être le rempart du peuple contre l’arbitraire quand la justice refuse de jouer son rôle. C’est cela notre justification, la seule d’ailleurs.

Ce pays, la Côte d’Ivoire, mérite donc une meilleure presse. On ne peut pas s’enrichir dans ce métier, ce n’est pas pour cela qu’on y vient. C’est juste pour amener les dirigeants à mieux respecter le peuple, à mieux gérer l’argent public. Je réalise qu’on veut nous emmener à croire que le journaliste en Côte d’Ivoire, est un escroc, un affreux racketteur, un corrompu, un corrupteur, bref, un homme d’affaires. Et on veut nous amener à accepter cela, je dis « non ».

Moi, je refuse ça, je refuse ça. Nous allons refuser ça. Quand je me retrouve hors de la Côte d’Ivoire, je tiens à ce que mes confrères de ces pays me respectent, qu’ils respectent la presse ivoirienne. Et non qu’ils me montrent des articles sur internet où l’on parle de journalistes ivoiriens champions de la corruptions et des coups bas.
Que tous ceux qui ont du respect pour ce métier s’apprêtent, de nouveaux journalistes doivent émerger en Côte d’Ivoire. Et nous allons prendre nos responsabilités…qu’on soit deux ou trois, peu importe, l’UNJCI actuelle est une honte et ne peut, en tout, cas, parler en mon nom. Je lui dénie ce droit si on ne laisse pas la morale et l’éthique y régner en maîtres absolus.

A bientôt et bon weekend

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