Par Kra Bernard L’Expression
Le fils de l’ancien président depuis sa sortie de prison est sur tous les fronts pour pérenniser l’héritage politique de son géniteur qui, lui, attend d’être situé sur son sort à la Cour pénale internationale. Cette initiative somme toute louable n’aurait ému personne si et seulement si le rejeton de Laurent Gbagbo ne racontait pas de graves contrevérités à ses compatriotes. En meeting à Saïoua ce week-end, Michel Gbagbo a eu l’outrecuidance d’accuser le régime actuel de ne rien faire pour la région natale de son père. «Regardez ce qui se passe. Ceux-là mêmes qui dénonçaient l’incompétence de Gbagbo hier, c’est ceux-là encore qui divisent la nation. Lorsque Gbagbo était au pouvoir, il a électrifié plusieurs villages du Nord et du centre, il a fait des routes dans des zones qui en avaient besoin, et voilà que maintenant d’autres parties du pays sont délaissées au profit du Nord. Les rues sont complètement foutues. Surtout entre Sinfra et Yamoussoukro c’est toute une misère, en passant par Oumé, les voies pour atteindre Gagnoa sont impraticables. Il y a beaucoup d’autres choses dans nos départements qui sont délaissées», a indiqué Michel Gbagbo. Une telle déclaration provenant d’un cadre du Fpi ne peut étonner outre mesure parce que ce parti a habitué les Ivoiriens à la négation des évidences. Toute honte bue, les frontistes ont aujourd’hui du mal à admettre qu’après seulement trois années passées à la tête du pays, Alassane Ouattara a fait mieux que Laurent Gbagbo et le Fpi en dix ans. Ça, c’est un fait et les faits sont là pour le témoigner. Michel Gbagbo peut avoir des raisons de se plaindre de l’état de dégradation des routes ivoiriennes. Mais peut-il dire aux Ivoiriens combien de routes son père a bitumées en Côte d’Ivoire pendant les dix années qu’il a passées au pouvoir ? Comparaison n’est certes pas raison.
Mais au lieu de faire de la diversion, il devrait plutôt avoir le profil bas parce qu’en dix ans, son père qu’il célèbre aujourd’hui n’a rien fait pour son pays. Même la route qui mène chez lui à Gagnoa était dans un état lamentable. Et pour fuir ses responsabilités, Gbagbo, pour se rendre à Mama, était obligé de faire un long détour en passant par Yamoussoukro et Sinfra pour ensuite rallier Mama à partir Kpapékou. Ce long détour s’explique par le fait que Laurent Gbagbo fuyait le courroux des populations du pays Dida, singulièrement celles de Divo et Lakota qui rouspétaient contre lui pour le mauvais état de la route. Au lieu d’avoir honte, Michel Gbagbo estime que Ouattara ne fait rien pour la région de son père alors que ce dernier, en dix ans, n’a rien fait pour sa propre région et pour les autres régions du pays. Michel Gbagbo se fourvoie lourdement quand il dit aussi que Ouattara développe le Nord et le centre au détriment des autres régions du pays. Soit. Mais plusieurs questions méritent d’être posées au fils de Jacqueline Chamois. Le barrage de Soubré, c’est à Kong ? La côtière qui a été entièrement réhabilitée, c’est à Korhogo ? L’autoroute Abidjan-Grand-Bassam, c’est à Gbéléban ? Le château d’eau de Bonoua, c’est à Bouna ? Le pont Henri Konan Bédié, c’est à Bouaké? La préfecture de Gagnoa qui faisait la honte du corps préfectoral et qui a été réhabilitée à des centaines de millions, c’est à Tengrela ? La liste de questions auxquelles l’ancien prisonnier de Bouna doit répondre est loin d’être exhaustive. Mais au lieu d’avoir le profil bas et de regarder Alassane Ouattara à l’œuvre, Michel Gbagbo, à court d’arguments, se hasarde à critiquer sa gestion alors que son père est à la base de la descente aux enfers de la Côte d’Ivoire. Le fils de Gbagbo a des raisons évidentes de tenir des meetings pour tenter de repositionner le parti de son père. Mais il doit écouter la voix de la sagesse qui enseigne que quand ton chant n’est pas plus beau que le silence, il faut te taire.
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