Ouattara dit quoi
Réduite à 17 membres et adoptée en conseil de ministre le 14 mai 2014, la nouvelle Commission Electorale Indépendante a été votée par le parlement ivoirien le 28 mai, puis promulguée le 18 juin dernier par le président Alassane Ouattara. Seulement, alors que tous les représentants dans cette nouvelle CEI devraient être connus avant le 15 juillet date retenue pour son installation officielle, la nouvelle CEI tarde toujours à être fonctionnel. Sur les 17 membres que compte la CEI, 15 sont déjà connus depuis le mois dernier. Les 2 postes à pourvoir revenant au FPI et aux autres partis politiques membres de l’alliance des forces démocratiques. Selon une source proche de cette alliance qui se partage les 2 postes restant avec le FPI également membre de l’AFD, le RPP de Laurent Dona Fologo aurait déjà proposé un représentant au nom de l’AFD. Ce qui revient à dire qu’à l’heure actuelle, la nouvelle CEI est au grand complet en dehors du seul représentant du FPI.
La dernière position du FPI
«Aller aux élections n’est pas une affaire individuelle d’Affi. C’est au congrès que le FPI décidera et c’est le parti qui choisira le candidat» avait répondu Pascal Affi Nguessan lors des échanges qu’il a eu le jeudi dernier avec les militants sur la question d’une éventuelle candidature du FPI aux prochaines élections présidentielles de 2015.
Une réponse qui traduit bien la position presque définitive du FPI quant à sa participation à la nouvelle CEI. Le FPI décidera de siéger au sein de la nouvelle commission électorale indépendante après son prochain congrès. Voilà en langage claire ce qui ressort de la dernière position du chef de file de l’opposition ivoirienne. C’était prévisible, les tensions qui ont lieu ces derniers temps au sein du parti à la rose tiraient leurs sources outre le réaménagement technique du secrétariat général, mais et surtout dans une guerre de positionnement justement dans cette nouvelle CEI entre les pro-Affi et pro-Akoun. Selon les informations en notre possession, Pascal Affi Nguessan, après plusieurs discussions avec le commissaire du gouvernement, le ministre d’état, ministre de la sécurité et de l’intérieur Hamed Bakayoko, avait fait connaître le représentant du FPI. Mais en interne, ce nom avait soulevé une vive polémique sinon contesté par les adversaires de AFFI qui voyaient là une manière pour lui de placer son homme et bénéficier à lui seul des dividendes issues du financement de la CEI. Finalement AFFI qui a voulu contourner sinon sanctionner ces frondeurs a décidé de faire profil bas au nom de la cohésion.
En outre, si les questions soulevées par le parti de Laurent à savoir, le gel des comptes de ses militants ou encore le manque de financement du parti sont réelles et devraient être prises en compte par le pouvoir actuel, qui en son temps avait bénéficié des mêmes prérogatives lorsque le FPI était au pouvoir, il faut tout de même retenir que le FPI souffre encore d’une vraie bataille de positionnement des clans en interne. Ce n’est donc pas nouveau. En 2004, le parti avait aussi été contraint de quitter l’ancienne CEI avant de revenir à la raison. Mais aujourd’hui, le FPI qui a boudé toutes les élections locales et qui s’est vu privée de toute source de financement, joue gros. S’il s’obstine davantage dans son bras de fer avec le pouvoir qui attend de lui un geste fort avant d’avancer le prochain pas, on se demande comment le parti de Laurent Gbagbo trouvera d’abord les moyens pour l’organisation de son congrès mais aussi pour aller en campagne contre Alassane Ouattara. Ainsi donc autant le pouvoir doit faire un geste non pas en direction uniquement du seul FPI mais de tous les partis politiques déclarés en Côte d’ivoire afin de leur permettre d’être compétitifs, mais aussi comme l’ont démontré les autres formations politiques de l’opposition, le FPI devrait jouer sa pleine partition pour permettre l’ouverture du jeu démocratique s’il ne veut pas disparaître du jeu politique.
Le gouvernement doit prendre ses responsabilités
Sauf décision contraire, le FPI ne siégera pas dans la nouvelle CEI. En tout cas pas avant son prochain Congrès dont la date n’est pas encore connue. Et si nous restons là, la CEI comptera 16 membres sur les 17 annoncés et qui devront voter leur président et se mettre au travail. La place vacante du FPI pourra être comblée à tout moment sans que cela ne pose de véritable problème dans le fonctionnement de la structure. Car si le défi du pouvoir d’Abidjan est l’organisation des élections transparentes et incontestables, l’autre grand défi à relever reste la recherche du financement des opérations de révision de la liste électorale et de l’organisation pratique des élections qui passe par la confection du fichier électoral définitif, les cartes d’électeurs, le redéploiement des agents de la CEI sur l’ensemble du territoire national et la sécurisation des électeurs. Ce qui impose un temps record au gouvernement s’il ne veut pas être la cause d’une élection de dernière minute. Donc bâclée et qui pourrait être une source conflictuelle. A donc 15 mois des prochaines présidentielles, le gouvernement ivoirien se doit de prendre ses responsabilités pour ne pas retomber dans les erreurs du passé qui ont conduit notre pays là où nous sommes : la guerre.
En conclusion, premièrement, le FPI vient de nous signifier qu’il n’ira pas aux élections ou à la CEI sauf décision contraire de son Congrès. Ainsi dit, le gouvernement ne devrait plus prendre pour prétexte l’absence du FPI pour retarder la mise en route de la CEI et l’organisation des élections. Deuxièmement, si le statu quo est maintenu, cela donnera raison à tous ceux qui pensent que c’est bien le gouvernement qui ruserait avec l’opposition et tous les ivoiriens et qui chercherait à gagner du temps. Troisièmement, si rien n’est fait d’ici là, on sera en droit de tenir pour responsable le président Alassane Ouattara et son gouvernement qui projetteraient de reporter les élections de 2015 ou bien d’organiser une élection bâclée en sautant des étapes comme pour rattraper le temps perdu. Ce qui nous conduira nécessairement dans une seconde crise postélectorale.
Philippe Kouhon/ Africa Tv
Mail : pkouhon@gmail.com
Site : www.africa-tv.info
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