Entre Guillaume Soro et Alassane Ouattara, les apparences sont sauves. L’un se prend pour le fils de l’autre et tous les deux exécutent, chaque jour à la perfection, des actes de connivence. Mais ce n’est qu’une apparence.
Lorsqu’en mars dernier, Alassane Ouattara quitte l’hôpital américain de Neuilly où il fut opéré d’une sciatique, on le voit afficher, de manière ostentatoire, une réelle connivence avec le président de l’Assemblée nationale dont il caresse le visage, dans le salon de l’ambassade ivoirienne de France, où Ouattara fit officiellement son come-back. Quelques jours plus tôt, Guillaume Soro n’était pourtant pas autorisé à rendre visite au chef de l’Etat sur son lit d’hôpital. Du moins, pas avant que Ouattara ait été en mesure de retourner à Abidjan. Soro a donc dû poiroter, pendant plusieurs semaines à Abidjan, avant d’avoir droit aux embrassades du « père».
En fait, la relation entre les deux hommes se nourrit de ce « je t’aime moi non plus » infernal qui, à lui seul, permet de comprendre la méfiance qui règne au sommet de l’Etat. D’ailleurs, la guerre Soro-Ouattara s’annonce d’autant plus terrible que nul ne sait ni comment ni où elle se terminera. Mais en attendant, elle menace à lui seul l’exécutif ivoirien qui s’est lancé depuis de nombreux mois dans une stratégie de débauchage des fidèles du président de l’Assemblée nationale. En effet selon de bonnes sources, le chef de l’Etat paie cher le soutien des ex-com’zones favorables à son dauphin constitutionnel en les couvrant d’oseille. Dans cette opération dont le but manifeste est d’affaiblir Guillaume Soro, qui continue malgré tout de garder la haute main sur les milices basées dans la seconde ville du pays, Ouattara n’épargne même plus quelques humiliations à son jeune frère. Certains de ses proches parmi les plus proches comme Sidiki Konaté ont d’ores et déjà rejoint le camp du rival d’Hamed Bakayoko, avec armes et bagages. L’ancien ministre du tourisme, ancien directeur de cabinet de Soro au début de la rébellion du MPCI est désormais un allié objectif du ministre de l’intérieur puisqu’il reproche à Soro de n’avoir pas assuré ses arrières en le maintenant à son poste de ministre du tourisme et, donc, son avenir au sein de la hiérarchie dupouvoir. En L’accudé en avait-il vraiment le pouvoir au regard du maintien d’Alain Lobognon au gouvernement alors qu’en pareille circonstance, ce sont les responsables politiques qui désignent qui doit les représenter dans cette instance.
Toujours est-il que pour calmer les effets dévastateurs d’une telle défection largement commentée par les médias ivoiriens, les deux hommes ont scénisé, il y a quelques semaines, à Abidjan, une rencontre familiale entre les deux amis. Sourire de rigueur, tapes amicales, Guillaume Soro et Sidiki Konaté se sont à nouveau retrouvés, au domicile de l’ancien secrétaire général du MPCI. Mais il est évident que les enjeux de cette communication sont ailleurs. L’ancien premier ministre de Ouattara n’ayant plus vraiment les moyens institutionnels d’arrêter les défections. Guillaume Soro a même des problèmes de budget comme tous ceux que Ouattara veut tenir en laisse. Le chef de l’Etat rationne en effet, depuis de nombreuses années, le budget de l’hémicycle pour mieux contrôler son dauphin. Ce qui n’est pas de nature à
plaire à celui-ci que tous les observateurs décrivent comme un personnage attaché au pouvoir et madré. Le double limogeage du colonel Issiaka Ouattara dit Wattao montre là aussi clairement qu’Alassane Ouattara est décidé à couper tout soutien pouvant être décisif à son ancien premier ministre. Au cas ou…
Par Séverin Blé
Aujourd’hui
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