Côte d’Ivoire Wattao mis en réserve pour la CPI ?

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Issiaka Ouattara, plus connu sous le sobriquet de « Wattao », n’est plus le grand patron du Centre de coordination et des décisions opérationnelles (CCDO) de Côte d’Ivoire. Il a été en effet remplacé, le mardi 22 juillet 2014, par le Commandant Inza Fofana, dit Grouman, précédemment commandant de la Brigade antiémeute (BAE) de Yogougon.

La passation de charges, qui a eu lieu au ministère d’Etat, ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, s’inscrit dans le cadre de la rotation des éléments du CCDO : cette unité mixte spéciale, composée de 750 agents issus de la Police, de la Gendarmerie et des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et qui fait une rotation tous les six mois, dépend directement du Conseil national de la sécurité (CNS), présidé par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Sa mission est d’endiguer le grand banditisme dans le district d’Abidjan et certaines localités de l’intérieur du pays.

En réalité donc et selon le système de fonctionnement de cette unité, ça n’aurait été qu’un simple mouvement. Tout ce qu’il y a de normal et de banal s’il ne s’agissait pas précisément de Wattao et si, selon certaines sources, ce dernier n’avait pas été également débarqué lundi du commandement de la sécurité d’Abidjan-Sud et remplacé par le lieutenant Tuo Souleymane. Début de la fin des haricots pour ce ADoboy qui se la coulait douce avec la morgue qui a toujours été celle des parvenus de son engeance ? Celui qui vient d’être doublement remplacé ou limogé, c’est selon, était, en effet, l’un des tout-puissants « com-zones » du temps de la rébellion qui ont mis le nord de la Côte d’Ivoire sous leur coupe pendant presque une décennie.

Celui qu’on a souvent présenté comme l’âme damnée de Guillaume Soro avait, comme tous les autres « com-zones », pratiquement droit de vie et de mort sur les populations et droit de préemption sur les ressources agricoles, minières,… dans les parties qui étaient sous son commandement. Et comme il fallait s’y attendre, après l’arrivée d’Alassane Ouattara and co au pouvoir, le sergent-chef qu’il était a d’abord été bombardé lieutenant-colonel avant d’être hissé au commandement du CCDO et de la sécurité d’Abidjan-Sud. Sans avoir suivi le moindre cours d’officier a fortiori être passé par une école d’état-major ou de guerre, créant de ce fait des frustrations au sein de l’armée régulière et des « officiers de carrière ».

Et pour aggraver son cas, Wattao versait dans le bling-bling à outrance, collectionnant villas, véhicules, boîtes de nuit, s’adonnant à des « faro-faro » orgiaques et arborant des parures dignes des rappeurs américains. Et à ceux qui osaient la critique, il répondait qu’on voulait « l’empêcher d’être heureux ». A force de brûler la chandelle par les deux bouts, il a fini par se rendre encombrant pour le régime Ouattara et par intéresser la Cour pénale internationale (CPI) qui le suspecte de crimes de guerre ainsi que l’ONU dont un rapport d’experts l’accuse de « profiter du trafic illicite des diamants ivoiriens ». A force de vouloir bousculer tout sur son passage, le colosse d’Abidjan a fini par agacer le nouveau pouvoir ivoirien.

Son débarquement préfigure-t-il d’un transfèrement vers la Haye, lui dont le nom et ceux de trois autres protégés d’ADO figureraient sur le carnet de la procureure de la CPI, Fatou Bensouda ? Il est sans doute trop tôt pour parier là-dessus même si depuis de longs mois, de nombreuses pressions sont exercées sur Alassane Ouattara pour qu’il livre certains des sicaires qui lui ont permis d’accéder au Palais de Cocody.

Quoi qu’il en soit, c’est un petit signe de l’émancipation progressive de Ouattara de ceux qui l’ont fait roi, et on espère que le nettoyage des écuries d’Alassane va se poursuivre pour mettre au fur et à mesure à l’ombre tous ces gens qui ne lui rendent pas service.

Hyacinthe Sanou — L’Observateur Paalga

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