Près de 400 réfugiés ivoiriens en provenance du Libéria et qui tentaient de regagner leur pays après trois ans d’exil pour la plupart, ont été refoulés vendredi dernier à la frontière ivoiro-libérienne. Une décision qui serait en rapport avec l’épidémie d’Ebola qui sévit au Libéria et contenue jusqu’ici, au-delà des frontières ivoiriennes. Une position que le Haut commissariat des réfugiés (HCR) a tenté d’assouplir en proposant à la partie ivoirienne d’effectuer un contrôle médical sur les arrivants avant leur entrée en territoire ivoirien. Niet, ont répondu les autorités de Côte d’Ivoire, faisant ainsi preuve d’une grande inflexibilité. Et cela au grand dam des animateurs du HCR qui s’interrogent encore sur les vraies motivations des décideurs ivoiriens. Surtout que notent-ils, ce jourlà, « la frontière était ouverte et les gens allaient et venaient ». Ce qui est tout de même curieux pour des gens qui craignent une propagation de l’épidémie d’Ebola. C’est dire si les vraies raisons du refoulement sont ailleurs. Et c’est une source proche du bataillon de sécurisation de l’Ouest (BSO), qui nous met la puce à l’oreille en indiquant que la non admission des 400 réfugiés ivoiriens a plutôt un lien avec des préoccupations d’ordre sécuritaire. A l’en croire, les forces ivoiriennes officiant dans la zone, ont été briefées, il y a peu, sur une action de déstabilisation qui serait en préparation de l’autre côté de la frontière. Par conséquent, il a donc été demandé à tous d’ouvrir l’œil. D’où la décision de fermer la porte, vendredi dernier, aux 400 candidats au retour au pays, pour dit-on, éviter toute surprise désagréable aux troupes gouvernementales. A la lumière de ces confidences, on voit bien que malgré les assurances de Paul Koffi Koffi, ministre délégué à la Défense, qui clamait récemment qu’il n’y avait plus de craintes à nourrir du côté de la frontière Ouest-grâce au dispositif militaire qu’il y a installé-, le feu couve toujours et le régime est encore aussi frileux sur le sujet qu’il n’en donne l’air. A ce péril frontalier, il faut ajouter la menace dormante pour l’heure, des 26.000 ressortissants Burkinabé, occupant illégalement le parc du Mont Péko et qui ont été priés par les autorités ivoiriennes de plier bagages, fin juillet 2014, conformément au délai de trois mois accordé aux concernés et qui arrivera à terme à cette date. Un calendrier que les héritiers d’Amadé Ourémi n’entendent pas respecter à la lettre si on en croit le bien nommé Souleymane Zebré, leur porte-voix qui plaide plutôt pour une rallonge de 10 ans, le temps, ditil, pour ses compatriotes de profiter des plantations de cacao réalisées dans le parc. Et pour mettre toutes les chances de son côté, l’homme dit avoir entrepris un lobbying auprès des autorités ivoiriennes et du pouvoir Burkinabé. Reste à savoir si Abidjan se laissera attendrir par la démarche de Zebré et les siens qui, visiblement n’ont aucune envie de libérer les terres du Mont Péko dont ils tirent d’énormes profits depuis plus d’une décennie. Mais si par extraordinaire, le gouvernement ivoirien arrivait à mettre effectivement à exécution sa décision de déguerpissent cette fin juillet, les quelques 26000 occupants, venus d’ailleurs, accepterontils de retourner dans leur cher Burkina natal où dit-on, aucun dispositif n’est pour l’heure, mis en place pour accueillir les uns et les autres ? Ou au contraire, choisiront-il s de trouver refuge sur des espaces environnants question de garder un œil sur les pieds de cacao qu’ils ne veulent pas laisser derrière eux? Une perspective ruinée le week-end dernier par le conseil des chefs de canton du Guémon qui a dit niet à la proposition des dirigeants ivoiriens d’accueillir dans les villages de la région, les populations à déguerpir du Mt Péko. Les chefs mettent en avant, les problèmes de sécurité et de cohésion sociale vu les antagonismes le plus souvent violents, observés entre les deux entités tout au long des dix ans qu’a duré le conflit ivoirien. C’est que, instruits par l’attitude de ceux qu’ils ont accueillis hier, à bras ouverts sur leurs terres, les chefs Wê n’entendent plus se montrer hospitaliers et généreux, surtout à l’endroit de ceux qui ont trahi hier, leur confiance et leurs valeurs. Mis l’un dans l’autre, le retour manqué des réfugiés du Libéria, la résistance des déguerpis du Péko et la position dite non négociable des chefs de canton du Guémon quant à une cohabitation avec les occupants du Mont Péko, constituent assurément une bombe qui peut éclater à tout moment dans l’ouest ivoirien.
Aujourd’hui
Géraldine Diomandé
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