Source: RNW Radio Pays-Bas Internationale
L’ancien président de la Côte d’Ivoire est accusé de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale. Comment Laurent Gbagbo a-til réagi face à la confirmation des charges pesant contre lui, et donc, à la tenue d’un procès ? Il considère que c’est une étape sur le chemin menant à la vérité. Un procès sera l’occasion de faire émerger la vérité. La vérité, c’est ce que veut le président Gbagbo, pour l’Histoire et pour la Côte d’Ivoire. Car pouvoir regarder la vérité en face est la première condition de la réconciliation nationale. Un procès sera l’occasion d’un débat sur les vraies raisons de la crise que connaît la Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002 et sur les vrais responsables, ceux qui sont à l’origine de la destruction du pays.
Est-ce qu’il regrette de s’être accroché au pouvoir ?
Laurent Gbagbo a joué le jeu démocratique. Il a respecté la constitution, il a eu le comportement d’un chef d’État responsable. Il est un homme de paix. Tout au long de ces années, il n’a cessé de prôner la recherche d »un règlement pacifique. une des juges de la CPI, Chris van den Wyngaert, a estimé que les charges n’auraient pas dû être confirmées contre Gbagbo.
Pourquoi ?
En effet, les juges étaient partagés, l’un des trois juges considérant que les éléments présentés par le procureur ne justifiaient pas la tenue d’un procès. Cette décision est intéressante en ce qu’elle révèle que pour nombre de juristes, le procureur ne peut gagner un procès à partir du dossier tel qu’il existe. Les éléments qu’il a présentés pour obtenir la tenue d’un procès seront très probablement insuffisants pour permettre de gagner.
Pourquoi pas d’appel ? Laurent Gbagbo est d’accord ?
Nous aurons cinq jours à partir de la notification de la version française de la décision des juges et de l’opinion dissidente pour déposer une demande d’autorisation de faire appel. Il est probable que nous déposions une demande d’autorisation de faire appel. Il appartiendra alors aux juges qui auront rendu la décision de nous autoriser à faire appel.
Quels dossiers préparez-vous ?
Nous enquêtons sur les vrais responsables de la crise en Côte d’Ivoire et nous disposons d’ores et déjà de dossiers extrêmement solides.
Les acteurs de la crise viendront-ils tous à la barre, comme Alassane Ouattara, Nicolas Sarkozy et Guillaume Soro ?
S’il y a procès, nous ferons venir tous ceux qui ont eu un rôle dans la déstabilisation du pays et nous leur demanderons de s’expliquer.
Laurent Gbagbo a-t-il fait massacrer les femmes d’Abobo ?
Concernant les accusations du procureur, notamment à propos des quatre incidents principaux, dont la prétendue répression d’une marche de femmes à Abobo, nous avons montré que les éléments présentés par le procureur étaient contradictoires, flous et sujets à caution. Lors d’un éventuel procès nous montrerons que le narratif auquel a adhéré le procureur a été construit à des fins de communications.
Quelle peine de prison risque l’ancien président ivoirien ?
Il est trop tôt pour pouvoir répondre à cette question.
Pourquoi Gbagbo n’est-il pas en liberté comme les accusés kényans Ruto Sang et Kenyatta ?
Gbagbo est en prison parce quebles autorités françaises de l’époque avaient décidé, pour des raisons tenant à des calculs politiques et économiques, de placer au pouvoir par tous les moyens, y compris par la violence, un chef d’État ouvert aux intérêts des lobbies économiques.
Pensez-vous que la CPI soit crédible et compétente ?
La CPI est la première cour pénale universelle et permanente, le fait qu’elle existe marque un progrès dans la lutte contre l’impunité. Les juges doivent se prononcer sur des situations très différentes, ce qui exige de leur part de comprendre des contextes différents. Il faut donc qu’ils soient complètement éclairés pour se prononcer en toute connaissance de cause : nous donnerons tous les éléments nécessaires et ils comprendront que les vrais responsables de la crise ivoirienne sont en liberté. Et sinon, comment va Laurent
Gbagbo ? Garde-t-il le sourire ?
Il est serein. Ce n’est pas la première fois qu’il fait face à des obstacles. La lutte pour l’instauration de la démocratie et pour le multipartisme a été un long chemin semé d’embuches. Il est fort. Il sait que le combat pour la justice est un combat de longue haleine.
Le site a également demandé si l’ancien président suivait la Coupe du monde de football 2014, mais Emmanuel Altit n’a pas voulu nous répondre, estimant que cette question n’était « pas sérieuse ».
Titre: Aujourd’hui (Quotidien)
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