Par Kra Bernard – L’Expression
Après moult tergiversations et tractations, la loi sur la nouvelle Commission électorale indépendante (Ceci) a été promulguée mercredi par le président de laRépublique. Cette ultime étape franchie, place à la désignation des membres devant composer cette institution dont la prestation de serment doit intervenir au plus tard fin juillet, à en croire le ministre Bruno Nabagné Koné, porte-parole du gouvernement. Mais à l’analyse, c’est à ce niveau que les choses risquent de se gâter entre alliés du Rhdp. La nouvelle Cei, on le sait, est passée de 13 à 17 membres. Et parmi ceux-ci, l’on dénombre un représentant du président de la République, 4 pour les partis au pouvoir, 4 pour les partis de l’opposition, 4 pour la société civile et 4représentants de l’administration. A priori, il n’y a pas de crise ouverte au sein des houphouëtistes, la désignation des représentants du Rhdp ne sera pas une sinécure. Les positions des deux grosses pointures de cette alliance, le Rdr et le Pdci-Rda, risquent de s’achopper sur le nombre de cadres à accorder à chaque membre de l’alliance. L’on sait que le pouvoir Ouattara est une gestion collégiale. A partir de quels critères les 4 membres de la Cei qui représenteront l’Etat seront-ils désignés ? Est-ce que le Pdci, le Mfa et l’Udpci peuvent revendiquer aussi des places parmi les 4 membres qui représenteront l’administration ? Rhdp: sur quel critère désigner les représentants? Les alliés pourront-ils encore faire le consensus autour de Youssouf Bakayoko pour remplier ? Autant dequestions auxquelles les alliés du Rhdp qui ont commencé les tractations pour la désignation de leurs membres doivent répondre.
A la vérité, les choses ne seront pas aussi faciles que l’on pourrait le penser. La dernière sortie des 26 députés du Pdci-Rda qui contestaient la constitutionalité de cette loi laisse planer une suspicion légitime sur le vieux parti. Mais si au Rdr l’on ne doute pas un seul instant de la sincérité de Bédié à soutenir Ouattara en 2015, l’attitude de certains de ses lieutenants laisse entrevoir que les républicains marchent avec des serpents dans la poche. Il est vrai que l’Assemblée nationale est le lieu par excellence d’expression de la démocratie. Mais la saisine du Conseil constitutionnel par des députés du Pdci donne à réfléchir. Comment des membres d’un Groupe parlementaire, censés appartenir à une alliance, peuventils voter une loi et quelques jours plus tard renier leur acte et exiger le retrait de ce texte? Est-ce que, malgré la bonne foi de Bédié, le Rdr peut-il avoir confiance à ce type d’élus en prélude à la présidentielle de 2015 où l’on annonce un baron du Pdci qui se prépare comme candidat indépendant contre Ouattara? Cette réalité, partagée par plusieurs cadres de la rue Lepic, risque de raidir les positions dans l’attribution des places à la nouvelle Cei. D’un autre point de vue, si l’on doit faire le partage de ces postes en fonction du poids de chacun, combien de représentants le Rdr, majoritaire au Parlement avec 120 députés, vat-il avoir par rapport à son allié Pdci qui a 79 élus ? Que dira le Groupe parlementaire Udpci qui, lui, a seulement 8 députés ? Anaky et le Mfa qui ont trois députés pourront aussi revendiquer quelques postes ? Autant de violentes questions auxquelles seront confrontés ceux qui mènent les négociations. Au-delà de ce fait, l’Etat a 4 représentants à la nouvelle Cei que sont : 1 du président de l’Assemblée nationale, 1 du ministre chargé de l’administration du territoire, 1 du ministre de l’Economie et des Finances et 1 magistrat désigné par le Conseil supérieur de la magistrature.
Youssouf Bakayoko : Stop ou encore?
Or ces quatre postes sont tous détenus par des cadres du Rdr. Est-ce que le parti va-t-il accepter de faire des arrangements pour concéder un ou quelques postes à ses alliés au niveau des représentants de l’Etat ? Rien n’est moins sûr. Acontrario, au nom du principe de la gestion collégiale des affaires de l’Etat, le Pdci peut à son tour exiger un ou deux postes au niveau des représentants de l’Etat au sein de la commission centrale. Son allié, le Rdr, dont certains cadres estiment que Ouattara a déjà trop donné au Pdci peut-il accepter de lâcher ces postes qui lui reviennent de droit à un autre parti au nom d’une alliance ? Là aussi, rien n’est moins sûr. L’autre point sur lequel les positions risquent de s’achopper est le maintien ou non du président Youssouf Bakayoko à la tête de l’institution. Avant la désignation des membres, l’opposition et certains acteurs de la société civile récusent, déjà, la personne du président Youssouf Bakayoko. Avec ses 8 voix sur les 17 que doit compter la commission centrale, est-ce que le Rhdp peut prendre le risque de parier sur Youssouf Bakayoko sachant qu’il sera récusé par l’opposition lors des votes ? Pour certains républicains, autant prendre les dispositions pour ne pas que la présidence de cette institution échoit à l’opposition qui peut bénéficier du vote de la société civile lors du vote. D’autres estiment par contre que ce n’est pas à la Cei que se gagne une élection. Peu importe l’Ivoirien qui en prendra la présidence pourvu qu’il soit honnête, loyal et respectueux des textes. Au total, le Rhdp doit rentrer dans le bois sacré pour désigner ses représentants à la Cei ; mais avant que la fumée blanche
ne sorte, il risque d’avoir de l’étincelle dans l’air.
L’Expression
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