(…) Didier Drogba n’a pas marqué, il n’a même pas délivré une passe décisive. Mais l’attaquant de Galatasaray a largement contribué au succès ivoirien. Placé sur le banc par Sabri Lamouchi au coup d’envoi, au profit d’un Wilfried Bony emprunté jusqu’à son but, l’ancien Marseillais est entré à l’heure de jeu et a immédiatement pesé sur les débats. Avec sa présence athlétique, sa couverture de balle et sa conservation dos au but, il a servi de point d’ancrage à une équipe alors en manque de repères. Ce n’est pas tout à fait un hasard si la Côte d’Ivoire a fait basculer le match dans la foulée de son arrivée sur le terrain, même s’il n’est pas directement impliqué sur les deux buts. Au contraire de Serge Aurier, qui a fini par trouver preneur sur ses centres après avoir passé toute la soirée à arroser. Le Toulousain a été récompensé de son envie de bien faire et d’apporter le surnombre en phase offensive.
Par Geoffrey Steines Eurosport
La question: Drogba doit-il débuter contre la Colombie ?
C’est le paradoxe de la prestation de Didier Drogba dimanche à Recife : tout en marquant les esprits et des points dans celui de son sélectionneur, il lui a aussi donné raison de lui réserver un rôle d’impact player en sortie de banc sur ce premier match du Mondial. Mais en une demi-heure, l’ex-star de Chelsea en a fait suffisamment pour mériter une place dans le onze titulaire contre la Colombie jeudi prochain. Attaquant de pointe au sens premier du terme, le natif d’Abidjan a fait parler son alliage de puissance et de technique. Sur son premier ballon, il a effacé en force toute la défense japonaise avant de servir Gervinho d’une subtile talonnade. Un résumé de ses qualités en une action. Sans forcément toucher le ballon, sa simple présence focalise l’attention des adversaires et libère des espaces pour ses compères de l’attaque. Elle rassure aussi ses partenaires, à l’image d’un Serge Aurier libéré après son entrée en jeu. Autant d’arguments qui plaident en sa faveur, surtout que l’opposition colombienne devrait lui convenir parfaitement. Son expérience et son vécu au niveau international seront très utiles face aux Cafeteros. Sabri Lamouchi y est forcément préparé, il ne va parler (quasiment) que de Drogba dans les jours à venir. Son joueur, lui, a tout fait pour l’obliger à revoir ses plans.
Côte d’Ivoire-Colombie: Calcul tactique des managers par Martiap Ahipeaud
Lamouchi, en faisant rentrer Drogba dix minutes après le début de la seconde mi-temps, avait en tête deux choses. Premièrement, tenir compte du fait que le métronome ivoirien n’est plus de la génération des antilopes. Il est un doyen qu’il importe d’utiliser pour finaliser. Justement, pour cela, Drogba aussi devrait se concentrer sur le peu de minutes qui lui resterait pour avoir le maximum d’impact. Et cela fut payant parce que le doyen a su créer des opportunités pour les jeunes. Mais le deuxième point reste que toute la coupe du monde se jouera contre la Colombie. Ayant prévu une victoire de cette dernière contre la Grèce, le match contre elle devient alors l’enjeu du premier tour. La position dans le groupe déterminant contre qui on jouera en huitième de finale, il faut absolument gagner ce match.
Dès lors, pour les managers ivoirien et colombien, il faut absolument brouiller les pistes. Alors que la Colombie s’attend à ce que Drogba ne joue pas en première période comme contre le Japon, Lamouchi sait qu’il ne peut pas s’offrir le luxe de se faire mener au jeu par les colombiens. Il faut donc empêcher qu’ils développent leur jeu dès le départ en mettant Drogba en situation pour peser sur la défense et donner ainsi de l’espace aux autres attaquants. La seule inconnue restera alors le milieu défensif qui doit être capable de bloquer l’avancée colombienne en venant en renfort constant à la défense. Le 4-2-4, avec des attaquants et défenseurs coulissants devrait permettre à Lamouchi de combler son dispositif dans ces deux compartiments. Le 4-2-4 devrait, dans le cours du jeu, devenir 4-4-2 lorsque nous n’avons pas le contrôle de la balle, avec Wilfried et Drogba à la pointe quand Kalou et Gervihno renforceraient le milieu.
Cette tactique de jeu exigera beaucoup des trois jeunes que sont Gervinho, Kalou et Yaya qui doivent devenir ainsi ,le premier rideau défensif. Car, ce match, si nous le remportons, nous propulse au deuxième tour. En cas de défaite, nous nous exposons à l’arithmétique du résultat du dernier match des colombiens contre le Japon qui sera ainsi beaucoup plus motivé s’il a gagné la Grèce. Ainsi, une victoire de l’un des deux pays à la prochaine rencontre nous expose à une résistance titanesque de la Grèce ou alors à un match de kamikaze pour les japonais contre les colombiens, deux cas de figures qui ne nous arrangent pas parce que les colombiens n’auront pas envie de trop se dépenser étant déjà qualifiés. Et si ce sont les grecques qui ont la haute main sur le jeu avec une victoire sur le Japon, alors, il y aura étincelles sur la pelouse. Et cela laisse une perspective difficile même pour la suite des opérations en cas de victoire des éléphants. Donc, en conclusion, Lamouchi, Drogba, Gervinho, Kalou et Yaya jouent entièrement leur entrée dans l’histoire de cette compétition contre la Colombie. Colombie-Côte d’Ivoire est donc moins un enjeu de tactique qu’un rendez-vous stratégique, celui de laisser à la postérité une image forte d’une génération qui aura, dans ces conditions, définitivement, marquée la conscience des amateurs de football, tant chez nous que dans le monde. Et cela, ils le savent!!!
Bonne fête des pères à tous!!!
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