Par PRAO Yao Séraphin, Analyste politique
«Les pays Africains ne sont pas encore libres, ils ont atteint la liberté d’être libres»
(Nelson Mandela)
L’Afrique est un continent potentiellement riche mais pas industrialisé. En revanche, les pays occidentaux sont potentiellement pauvres mais industrialisés. Leur ruse consiste simplement à utiliser gratuitement nos matières premières pour faire fonctionner leurs industries. En même temps, ils empêchent l’industrialisation du continent car dans ce qu’il est convenu d’appeler abusivement division internationale du travail, les pays africains doivent être des déversoirs de produits manufacturés et réservoirs de matières premières. Depuis les indépendances, les lignes n’ont pas bougé et les Africains continuent d’étonner le monde avec des statistiques honteuses. Pour que le continent se développe, il faut que ses fils et ses filles soient libres de penser un développement pour eux et par eux. Dans un combat, il faut bien connaitre ses ennemis pour vaincre. Le but de cette présente réflexion est simplement de présenter la Cour pénale internationale (CPI) comme un instrument de l’impérialisme occidental. Elle rappelle aux Africains leurs responsabilités face au complot impérialiste qui a cours.
1. Le continent Africain et le complot impérialiste
Bien avant la colonisation, les pays africains avaient des économies structurées et solides n’en déplaisent aux intellectuels collabos qui répétant leurs maîtres à penser ignorent l’essentiel de ce que nous étions. Après la colonisation, l’intégration dans l’économie mondiale a transformé les colonies en économie capitaliste fantoche, dès lors qu’elles se sont mises à produire pour le marché et pour le profit, des produits à faible valeur ajoutée. Les Africains doivent voir dans cette transformation l’origine de la création d’une chaîne hiérarchisée de relation d’exploitation entre » métropole et satellites » dans lesquelles chaque métropole s’approprie tout ou partie du surplus économique créé dans les satellites placés sous son contrôle ; dans cette logique, l’investissement étranger ainsi que l’aide et le commerce servent de canaux pour l’extraction des surplus. Et cette dépendance de nos économies se caractérise par un taux élevé de rapatriement des bénéfices qui se traduit par un excédent des sorties sur les entrées de capitaux. Ces facteurs sont à l’origine d’une situation de la balance des paiements qui exerce une forte contrainte sur les importations nécessaires à l’industrialisation. Il en découle que les entrées de capitaux sous forme d’aide extérieure et de prêts, destinées à couvrir le déficit de la balance de paiement et de financer les investissements, servent essentiellement à » combler les trous qu’elles ont elles-mêmes créés « . L’endettement est donc une servitude et une aliénation financière. Pour contrôler donc nos économies, les occidentaux utilisent tous les moyens légaux comme illégaux. Sur le plan monétaire, la création du Franc CFA par le Général De Gaule avait pour seul dessein de déstructurer les bases d’un développement autocentré. Les accords de défense signés entre les pays Africains et la France par exemple, garantissent à cette dernière, le contrôle de nos matières premières. Sur le plan militaire, les nombreuses bases militaires françaises sur le continent permettent à la France d’installer par la force, des pantins au pouvoir et de mater toutes velléités de révolte. Sur le plan médiatique, il s’agit de désinformer les Africains et leur faire accepter qu’ils sont nuls au travers de leurs chaînes de télévision et radio. Sur le plan juridique, les occidentaux ont créé la Cour pénale internationale pour tenter de légaliser leur nouvelle pratique : la déportation des dignes fils de l’Afrique.
2. La Cour des Personnalités insoumises
Les pays occidentaux ont besoin de Présidents soumis et dociles en Afrique. La pratique qu’ils affectionnent reste la déportation. Béhanzin a été déporté, Samory Touré également. Après les indépendances, les Présidents « récalcitrants » ont été sauvagement assassinés par les mêmes. Souvenons-nous de Thomas Sankara, Sylvanus Olympio, de Barthelemy Boganda, de François Tombalbaye, de Patrice Lumumba etc. Aux temps présents, il ne s’agit plus de tuer mais de déporter les Présidents insoumis à la Haye. Jean-Pierre M’Bemba a été déporté à la Haye juste pour que Joseph Kabila gouverne tranquillement. Laurent Gbagbo également juste pour laisser le Président Ouattara gouverner. Les Africains ne comprennent toujours pas pourquoi malgré l’insuffisance des charges pour l’inculper de crimes contre l’humanité, Laurent Gbagbo est encore gardé à la Haye.
Les occidentaux ont poussé très loin l’outrecuidance jusqu’à vouloir déporter le Président élu du Kenya Uhuru Kenyatta. En Juillet 2008, le procureur d’alors de la Cour pénale internationale, Louis Moreno-Ocampo annonçait des poursuites judiciaires liées au conflit du Darfour contre le Président Omar Al-Bashir pour atteinte aux droits de l’homme. L’intérêt excessif porté par cette Cour au continent africain est une simple intimidation et une menace contre tous les Africains qui s’opposeraient aux pillages de nos ressources orchestrés par les impérialistes occidentaux. La CPI n’est donc pas une Cour de justice crédible. Elle est un simple instrument aux mains des impérialistes pour contrôler le continent africain. Sinon comment comprendre que Soro Guillaume et ses amis se promènent non seulement en voiture mais aussi en avion à travers la Côte d’Ivoire et le monde sans être inquiéter ? Et pourtant la chaîne française France 24, dans un reportage reconnaissait que les ex-Forces nouvelles devenues Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ont commis des crimes très graves à Duekoué, pour ne citer que ce cas horrible. Finalement quelle est cette justice qui n’est pas juste ? Si les pays africains avaient encore un peu de dignité, ils allaient tous se retirer de cette Cour des Personnalités Insoumises qui ne juge que des Africains. Cette façon unilatérale de poursuivre uniquement des Présidents africains alors que certains Présidents Occidentaux méritent un procès à la CPI est intrinsèquement anthropophagique.
Conclusion
Les Africains doivent savoir que les pays occidentaux sont en partie à la base du sous-développement de notre continent. Pour assurer le bien-être de leurs populations, les Présidents occidentaux n’hésitent pas à tuer, à déporter ceux d’entre nous qui sont opposés à ce macabre dessein. D’ailleurs Georges Clemenceau n’affirmait-il pas qu’une goutte de sang équivalait à une goutte de pétrole ? Le Mali est aujourd’hui déstabilisé à cause de ses richesses, le Nigeria également, le Congo, la Centrafrique etc. Pour arrêter les souffrances en Afrique, nous devons poursuivre le combat de l’éveil des consciences pour réveiller les masses car lorsqu’elles sont mûres, les élites deviennent inoffensives. Ce n’est qu’après cette étape que nous aurons dans presque tous les pays, des Présidents dignes qui pourront parler d’une seule voix et penser le développement avec nous et pour nous.
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