Chaque Africain, chaque Africaine doit faire une observation interne. Nous devons faire le point, en revisitant l’histoire pour mieux appréhender les enjeux de notre avenir. La jeunesse africaine doit faire une décolonisation mentale. Il nous faut absolument promouvoir une autre approche tant organisationnelle que méthodologique qui nous permette de nous approprier les enjeux dans ce contexte de mondialisation sans pitié. Nous devons pleinement nous sentir responsables devant chaque acte et prendre notre part dans les échecs.
Passer notre temps à n’accuser que les autres nous dédouane un peu trop facilement. Le contexte mondial nous donne des exemples de lutte et de solidarité. Nous pouvons réussir en convergeant nos expériences et talents respectifs. Les égoïsmes, les égocentrismes, les feintes grossières et notre inclination à nous disperser sont les premières plaies que nous devons absolument panser. Une certaine génération de politique a échoué à cause d’une naïveté méthodique, une suffisance gratuite et l’envie de tout accaparer. Non ! Cela n’est pas normal. Il est trop facile de passer notre temps à accuser les autres pendant que nous ne faisons rien pour changer dans l’esprit et la pratique. Les modèles de solidarité ont fait émerger des sociétés qui sont des miroirs aujourd’hui. Ainsi, la jeunesse africaine qui semble plus avertie et mieux préparée pour la lutte doit maintenant se lancer dans la construction d’un élan panafricain, pour s’opposer à cet envahissement qui se perpétue sous un couvert altruiste et humaniste.
« On va sauver les Africains qui ne savent rien faire pour leur sécurité… » Dit-on ! Cette pensée qui nourrit la rhétorique des élites occidentales quand elles veulent encenser leurs prestations diplomatiques, est promue pour nous tromper. Une bataille vaut la peine : celle qui consiste à amener les (néo)colonisateurs à comprendre la nécessité d’un nouveau paradigme. Cela veut dire qu’il faut créer les conditions pour que les colonisateurs acceptent que nous sommes réellement égaux et que nous devons faire en sorte que les ressources de l’Afrique permettent aux populations de vivre décemment. Il me semble que cela sera la première digue à l’émigration qui fait porter un regard cabalistique sur nous, alors que nous avons tout en Afrique pour y vivre dignement.
Il convient de faire une réelle introspection sans faux-fuyants, respecter et promouvoir le mérite, les compétences et la cohésion qui en découlera. Cela fera réfléchir ceux-là qui sont dans la logique de nous infantiliser, nous rabaisser et nous dominer éternellement.
Les livres d’histoire écrits ou inspirés par les autres ont un socle qui oriente. Ces écrits dont nos sachants s’abreuvent parfois sans retenue, ont été faits sur la base de la culture des intérêts des auteurs. Ils ont été faits pour nous formater dans l’esprit d’une aliénation systématique.
Comment comprendre que des populations qui sont unis par des liens séculaires, qui connaissent un brassage multipolaire peuvent aller jusqu’à se découper à la machette parce que des intrus leur font comprendre qu’ils leur donne(ro)nt des moyens de prendre le pouvoir. Pourquoi et comment nos valeurs, nos coutumes et nos repères ont été bafoués et pervertis au profit d’intérêts d’aventuriers parce que nous avons manqué de vigilance ?
Il y a là des occasions de l’histoire où il faut réinitialiser les pensées et les pratiques. Nous ne pouvons objectivement pas réussir sur la base d’artifices et de feintes à répétition. Nous assistons encore malheureusement à des comportements félons qui tendent à tromper des camarades, à travailler pour ceux qui nous oppriment en échange de quelques subsides, pour simplement « jouir et bluffer les autres ». Comment peut-on encore faire cela ? Les exemples que nous voyons en Afrique, et encore dans nos partis politiques – malgré des expériences amères en Lybie, en Côte d’Ivoire, au Mali, et en RDC, … avec tous les soubresauts dont les secousses se montrent brutales – devaient mieux enseigner et nous inviter à la retenue.
Les logiques aristocratiques et oligarchiques sont à proscrire dans nos milieux africains où les populations attendent beaucoup des élites ou supposées telles. Il est artificiel et ridicule de faire croire que la réussite peut être au bout d’une propagation de slogans. Quelle vision avons-nous pour changer ces sociétés qui se délitent ? Cela paraît être un sujet fondamental qui devrait mobiliser nos énergies.
Les valeurs autour desquelles nous devons construire sont : le respect, la solidarité, le mérite, la compétence et le courage. Tous ceux qui sournoisement sont dans une logique d’un favoritisme aveugle et la culture d’une gestion solitaire et opportuniste du capital humain évoluent à contre-courant de la dynamique qu’il faille construire pour braver les nombreux défis qui sont devant nous.
Enfin, nous devons être dignes. Ce qui invite chacun à entrer en lui-même pour ne se concentrer que sur ce qui peut nous épanouir et faire émerger notre Afrique dans la logique d’un bien-être collectif.
Dr Claude KOUDOU
Analyste politique
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