Xinhua
ABIDJAN – Des éboulements de terrain suite à une pluie diluvienne dans la nuit de mercredi à jeudi sur la capitale économique ivoirienne, Abidjan, ont fait cinq morts et des blessés.
Le drame a eu lieu dans le quartier précaire de Mossikro, dans la vaste commune populaire de Yopougon, où des maisons bâties sur le flanc des collines se sont écroulées après la pluie qui est tombée sans arrêt de mercredi à jeudi.
Selon les secours, au moins trois personnes blessées ont pu être retirées des décombres.
Comme chaque année, la Côte d’Ivoire fait face à des éboulements de terrains et des inondations qui vont de pair avec des cas confirmés de choléra pendant les saisons de pluie dont le pic est enregistré dans le mois de juin.
80 000 personnes menacées à Abidjan
Selon le Bureau de la coordination des actions humanitaires de l’ONU (Ocha), au moins 80 000 personnes sont menacées par les conséquences des pluies diluviennes dans le district d’Abidjan où on estime à 25% la superficie de la ville qui constitue des zones à risque pendant la saison des pluies avec des menaces d’éboulement et d’inondations pour les populations.
Des chiffres officiels indiquent que 40 000 des personnes menacées vivent dans les bidonvilles du quartier huppé de Cocody, 12 500 et 9 500 dans les vastes communes populaires d’Abobo et Yopougon, sans compter 8 000 et 10 000 autres personnes respectivement à Attécoubé et Adjamé.
En moyenne, depuis 2009, au moins 13 personnes perdent la vie chaque année dans la ville d’Abidjan à cause des inondations.
L’année 2009 a été la plus meurtrière avec 21 cas de décès enregistrés.
Les inondations vont de pair avec des cas confirmés de choléra estimés à 1 448 qui ont fait 35 décès en 2011, l’année la plus marquée.
Les mesures « diligentes » du gouvernement
Dans le cadre de sa politique de prévention des catastrophes dues aux inondations et aux éboulements de terrains, le gouvernement s’est engagé à poursuivre les opérations de libération des sites dans les zones à risque.
En 2013, le gouvernement a instruit les ministres concernés par la prévention des catastrophes de prendre des « mesures diligentes pour le relogement de 3 310 foyers menacés ».
L’opération de recasement qui devait concerner au total 6 000 familles installées dans les zones à risque a été estimée à 1,5 milliard de F CFA dont 900 millions destinés à la relocalisation des foyers victimes, à raison de 150 000 francs CFA par ménage.
Malgré les kits de relogement de 150 000 francs et les opérations de sensibilisation, de sécurisation et de démolition des sites, les mesures gouvernementales ne semblent pas avoir atteint les objectifs fixés.
Des ménages récalcitrants toujours dans les zones à risque
A Yopougon, sur les flancs des collines des quartiers Banco et Mossikro, vivent encore des familles exposées aux inondations et éboulements de terrains, sans peur du danger.
Même si des bidonvilles ont été rasés dans les quartiers d’Attécoubé et de Cocody, des familles, bien qu’ayant obtenu des kits de relogement, continent d’occuper des sites à risque qu’ils avaient été enjoints de quitter.
Pour un grand nombre de personnes habitant ces quartiers, leur présence sur les sites à risque s’explique par la proximité de leur lieu de travail.
C’est le cas de milliers de jardiniers, boys, cuisiniers, vigiles et autres domestiques obligés de squatter des espaces non bâtis à Cocody pour être proches de leurs employeurs.
De même, des commerçants des grands marchés d’Adjamé ou d’Attécoubé rechignent à quitter leurs habitations dangereuses au flanc des collines pour ne pas s’éloigner de leur lieu de travail.
Beaucoup d’autres ménages invoquent la pauvreté et la crise du logement à Abidjan.
Estimant le kit de recasement de 150 000 francs insuffisant pour se trouver un logement dans un quartier viabilisé et sécurisé à Abidjan, ils attendent une aide substantielle de l’Etat pour quitter les zones à risque.
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