Par Stanislas Ndayishimiye RFI
Dans Appels sur l’actualité, les auditeurs reviennent sur la justice ivoirienne, qui a accordé le 31 mai la liberté provisoire à 50 détenus, proches de Laurent Gbagbo.
Parmi eux, Jean-Yves Dibopieu, ex-secrétaire général de la Fesci, le célèbre syndicat étudiant de Côte d’Ivoire. Malgré ce geste de décrispation du pouvoir, le Front populaire ivoirien, FPI, n’a pas réussi, lors d’une réunion de son comité ordinaire, le même jour, à dégager une position nette sur la levée du mot d’ordre de boycott de l’opération en cours de recensement de la population.
Que s’est-il dit lors de la réunion du comité ordinaire du FPI qui a eu lieu le jour de l’annonce de la mise en liberté provisoire de certains pro-Gbagbo ? Pourquoi le parti ne parvient-il pas à se mettre d’accord sur une position commune ?
Il y a eu un débat, dit-on, « houleux » entre ceux qui prônent la levée du mot d’ordre de boycott du recensement et ceux qui sont contre… Les membres du comité central du FPI se sont séparés sans prendre une décision… Le résultat, c’est que le mot d’ordre est donc resté en vigueur. Une réunion extraordinaire du comité central devrait avoir lieu prochainement pour trancher.
Et quels sont les arguments des uns et des autres ?
Selon ceux qui sont contre la levée du mot d’ordre de boycott, la demande du gouvernement au FPI, formulée le 22 mai dernier lors de la reprise du dialogue direct avec le pouvoir, ne figurait pas sur l’ordre du jour des discussions. Ils estiment en fait que les gestes de décrispation que le gouvernement pose, comme la mise en liberté provisoire de 50 détenus pro-Gbagbo la semaine dernière, le dégel des avoirs, la libération des maisons occupées illégalement, ne sont faits qu’au compte-goutte. Pour eux, le gouvernement doit d’abord satisfaire totalement toutes les demandes du FPI. D’autres sont pour la levée du mot d’ordre de boycott, mais ils n’ont pas pu convaincre les ultras samedi 31 mai. Une réunion du secrétariat général du parti, le 24 mai, s’était pourtant prononcée pour la fin du boycott du recensement de la population, mais à deux conditions : que les opérations du recensement en cours soient annulées et qu’un nouveau recensement soit organisé avant la fin du mois de novembre, après des concertations incluant toutes les forces politiques du pays. Ce qui favoriserait le succès de l’opération.
Cet appel au boycott a-t-il eu un impact sur le déroulement des opérations du recensement ?
Le FPI proclame que son mot d’ordre de boycott a été suivi et que le recensement encore en cours est un échec. Le gouvernement ivoirien estime que l’appel du FPI au boycott a eu peu d’impact. Il reconnaît plutôt que la plupart des difficultés qui ont eu lieu depuis le début de ces opérations, à la mi-mars, étaient liées à des problèmes logistiques, qui ont été résolus progressivement. La semaine dernière, la fin du recensement, initialement prévue à la mi-avil et déjà reportée à fin mai, a été une nouvelle fois repoussée, cette fois au 14 juin. Le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné, disait d’ailleurs que ce serait une bonne chose que le FPI lève son mot d’ordre de boycott, mais que le pouvoir n’était plus demandeur.
Pourquoi le comité central du FPI n’a-t-il pas confirmé les recommandations du secrétariat général prises une semaine plutôt ?
Cette question de lever ou non le mot d’ordre de boycott du recensement aurait été un prétexte, pour l’aile les ultras du FPI, pour mettre en difficulté le Président du parti, Pascal Affi N’Guessan. Une source au sein du parti dit que ces ultras reprochent à l’ancien Premier ministre ivoirien de vouloir poursuivre le dialogue avec le pouvoir en se souciant peu du sort de Laurent Gbagbo, détenu par la CPI. Ces ultras estiment que de véritables discussions politiques ne pourront s’engager qu’après le retour de Laurent Gbagbo.
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