Cameroun – Said Panda fait un portrait sombre des « dix années de règne » de Gbagbo

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Cameroun: L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo présenté comme « un génie de la manipulation » dans un film

Par Liliane Bridji

Le journaliste-réalisateur camerounais, Said Panda a présenté l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo comme « un génie de la manipulation et un faux anti-néocolonialiste » dans son projeté mardi à Yaoundé devant des journalistes restés dubitatifs.

« Laurent Gbagbo est un génie de la manipulation, prêt à toute sorte de violences pour confisquer le pouvoir… dans la droite ligne des dictateurs », a ainsi qualifié M. Penda dans son film-documentaire intitulé « Laurent Gbagbo: Despote ou anti-néocolonialiste…Le verbe et le sang ».

Ce film-documentaire de 1H39 min a été projeté dans une des salles d’un luxueux hôtel à Yaoundé devant une trentaine de journalistes camerounais qui se sont exclamé pendant une bonne partie du film notamment lorqu’un des intervenants du documentaire à accusé l’ancien président d’avoir « installé Babylone à Abidjan ».

C’est un portrait sombre des « dix années de règne » de l’ancien chef d’Etat ivoirien qu’a peint le journaliste-réalisateur qui dit avoir eu accès à « plus de 300 heures d’archives et conduit plus de 250 heures d’interviews avec des victimes, des parents de victimes ».

Ce film montre un Laurent Gbagbo qui a accédé au pouvoir dans « une situation calamiteuse » en octobre 2000, provoqué le coup d’Etat manqué de septembre 2002 conduit par des soldats originaires du nord de la Côte d’Ivoire qui se sentaient « mis à l’écart par le nouveau pouvoir ».

Dans le film, les hommes et femmes de médias ont vu défiler plusieurs témoignages dont ceux de l’ancien président sénégalais, Abdoulaye Wade, d’universitaires camerounais et du chanteur ivoirien de reggae Tiken Jah Fakoly qui ont tous accusé M. Gbagbo d’avoir « incité ses miliciens à tuer des populations du nord de la Côte d’Ivoire en majorité des musulmans ».

M. Gbagbo est « un faux anti-néocolonialiste car il a offert aux groupes Bouygues et Bolloré leurs contrats d’affaires les plus juteux jamais obtenus en Côte d’Ivoire », selon le commentateur français du film, Matthieu Klerk.

Ce film dont le but était de montrer aux journalistes camerounais, considérés comme de fervents supporters de M. Gbagbo, une autre facette de l’ancien président ivoirien, a été jugé par les hommes de média comme « un portrait à charge ».

« C’est un film rempli d’allégations sans aucune preuve », a commenté Michel Bieng, journaliste au trihebdomadaire « Le soir ».

« Ce n’est pas un portrait que vous avez fait mais plutôt une caricature du président Gbgabo », a estimé le journaliste Armand Ougock, lors de la séance des questions-réponses.

La majorité des journalistes présents à cette projection ont dénoncé « la partialité » de M. Penda, qui devrait avec sa casquette de journaliste, réaliser un film pour équilibrer en interrogeant des proches de l’ancien président ivoirien, le soupçonnant d’avoir été financé par les nouvelles autorités d’Abidjan.

« Le film a été tourné dans la quasi-clandestinité. Le président Alassane Ouattara et son gouvernement n’étaient pas informés d’un quelconque film », s’est défendu M. Penda, cet ancien journaliste de la BBC Afrique et de l’agence américaine Associated press.

Début janvier, les autorités camerounaises avaient interdit la projection de ce film-documentaire et autorisé quelques mois après sa diffusion. Un revirement de situation qui pourrait avoir un rapport avec la visite très médiatisée au Cameroun des ministres ivoiriens de la Communication, Affoussiata Bamba-Lamine et de la Défense, Paul Koffi Koffi, ont relevé certains spectateurs.

La projection du film intervient également quelques jours avant le verdict de l’infirmation ou la confirmation des charges contre M. Gbagbo à la Cour pénale internationale qui le soupçonne « de crimes contre l’humanité » pendant la crise post-électorale après son refus de céder le pouvoir à son adversaire Alassane Ouattara, donné vainqueur par la communauté internationale à l’élection présidentielle de novembre 2010.

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Alerte-info.net

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