Côte d’Ivoire : Vols des numéros de châssis par centaines au port d’Abidjan

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Comme si le diable venait de se réveiller, le port autonome d’Abidjan a repris ses activités illégales, mais cette fois-ci sous une autre forme au vu et au su des autorités portuaires qui semblent tolérer cette pratique qui nous ramène 20 ans en arrière.

Alors que le gouvernement du président Allassane Ouattara crie sur tous les toits et à qui veut l’entendre que la Côte D’Ivoire est devenue un pays émergent, ce même gouvernement ferme les yeux sur une pratique qui a pris de l’ampleur depuis les trois dernières années. Rassurés de leurs postes, les vieux démons ont repris leurs pratiques diaboliques au niveau du port. Le Port d’Abidjan qui est le cœur de l’économie ivoirienne, faisant de la Côte d’Ivoire un des pays les plus respectueux de la sous-région est l’entreprise la plus corrompue du pays.

La nouvelle trouvaille est le vol des numéros de châssis des voitures provenant de l’Europe. Le nombre de châssis volés a triplé ces deux dernières années. Bien que nous n’ayons pas de chiffre officiel, nous avons eu des personnes qui ont vu leurs numéros de châssis volés à plusieurs reprises et qui sont obligées de débourser des sommes très élevées allant de 100.000 (153 euro) à 200.000 CFA(305,34) par plaques et par voiture. Ce qui fait une recette de quelques millions de CFA par jour qui vont dans les caisses de l’état si l’on croit aux dires des agents des services de Visite Technique du port d’Abidjan.

Pour leur faire croire qu’on leur faisait une faveur, les personnes dont les numéros de châssis ont été volés reçoivent une sorte de laisser-passer valable un mois, leur permettant de rouler pendant cette période. Apres cette période d’un mois, le propriétaire doit faire établir son nouveau numéro. Ce qui n’est pas aussi facile dans un service aussi corrompu que celui-ci.

Pour pouvoir avoir son numéro dans un délai court, et au risque de ne pas se faire arracher sa voiture, les pauvres dupés s’achètent à raison de 20.000 CFA par voiture et par dossier, les services de jeunes sans emplois ou transitaires qui ont pris très tôt place dans les rangs devant les portes dudit service technique se faisant passer ainsi pour des propriétaires de voitures. Tout cela au vu et au su de l’entreprise qui est responsable de la visite technique

Au cours de notre enquête nous avons rencontré quelqu’un qui a été deux fois victime de cette pratique et en moins de deux ans. Du nom de M. Baptiste il nous raconte sa mésaventure «C’est la deuxième fois que cela m’arrive. J’ai envoyé deux voitures de l’Europe avec des papiers au complet et chaque fois que je viens pour la visite technique on me dit que la plaque de mon numéro de châssis a été enlevée. Lorsque que je me plains on me dit que cela n’a pas été fait à Abidjan mais plutôt en Europe. Ce qui est archi-faux puisque c’est moi qui ai acheté la voiture et j’avais vu le numéro qui y était encore. Tout était donc en ordre. C’est lorsqu’on voulait faire la visite technique ici à Abidjan qu’on nous a dit que la plaque avec le numéro avait disparu. A cette allure nous ne savons plus que faire et nous ne pouvons pas nous plaindre puisque c’est une sorte de maffia avec des membres qui se protègent. Ils ont un filon d’or en main et qu’ils voudront jamais laisser tomber. Pour établir cette plaque on passe d’abord par le ministère du transport mais aussi par la police économique».

Nous avons eu l’occasion de vérifier ce que Mr. Baptiste dit et nous sommes aussi en possession des dossiers relatifs à cette voiture.
Si nous nous en tenons aux dires de certains propriétaires, le gouvernement serait responsable ou du moins complice de cette maffia. Sinon comment comprendre qu’il encaisse de l’argent pour délivrer une pièce (nr de châssis) sans pour autant mener des enquêtes policières et même chercher à savoir pourquoi cette pièce importante avait disparu ? Où sont passés les numéros de châssis volés ? Servent-ils à faire sortir du pays des voitures volées pour les vendre dans les pays voisins? Le ministère du transport est-il devenu un complice d’un trafique maffieux ?

Lors de sa campagne présidentielle de 2010 le président de la république Allasane Ouattara avait parlé de zéro % tolérance pour l’impunité. Quelques années plus tard on se demande si cette impunité ne concernait que les faits politiques ? La côte d’Ivoire souvent secouée par des cas de corruption n’a jamais sanctionné des gens mêlés à des scandales financiers.

Il serait peut-être très sage que la prochaine tache du président de la république soit de mettre en place une politique d’émergence morale avant l’émergence économique car les services publics ivoiriens ne font pas la fierté de ce pays qui tente de se mettre debout.

Ahmed Bamba

Chroniqueur libre.

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