Côte d’Ivoire – Même avec Birahima Ouattara à la CEI, Ouattara tombera en 2015

IbrahimOuattara

Texte proposé par PRAO Yao Séraphin, analyste politique

«On peut mentir pour traverser un village mais jamais pour y demeurer»

On ne peut pas tromper le peuple tout le temps car il finit par se rendre compte. C’est le cas du Président actuel de la Côte d’Ivoire. La déception des ivoiriens est à la hauteur des promesses faites. La colère des ivoiriens est latente mais elle sera manifeste en 2015, dans les urnes. Le Président Ouattara le sait et complote déjà pour se maintenir au pouvoir. La composition de la commission électorale indépendante (CEI) indique sa volonté de faire un braquage électoral. Mais cette fois, les ivoiriens ne sont pas prêts à se laisser faire. Ils aspirent à la paix et à la réconciliation. C’est pourquoi le Président peut nommer son petit-frère Téné birahima à la tête de la CEI mais il tombera en 2015. La raison est simple : se fervents supporteurs sont en colère, la Côte d’Ivoire profonde grogne et sa politique économique est toxique. Avec un tel cocktail, la défaite du Président Ouattara est assurée en 2015.

1. LA BASE DU RDR EST DEÇUE

Le Président Ouattara n’aura qu’un seul mandat à la tête de la Côte d’Ivoire. Même la base du Parti dont il est toujours le Président ne pense pas le contraire. Cette base est déçue de la gouvernance actuelle de leur « champion ». Cette colère se manifeste de plusieurs manières. L’échec cuisant du secrétaire par intérim du RDR à Séguéla lors des élections municipales est une preuve que la pratique du pouvoir du Président Ouattara n’est pas du tout du goût des militants du RDR. Il n’est pas exagérer de citer également le cas des combattants non casés. En effet, dans sa course au pouvoir, le Président Ouattara a promis monts et merveilles aux jeunes déscolarisés du Nord, des postes dans l’armée, à la gendarmerie et à la police. Aujourd’hui, sur les quelques 65.000 ex-combattants, moins de 10% ont trouvé un point de chute. Du coup, la majorité des ex-combattants FRCI (forces républicaines de Côte d’Ivoire) n’est pas contente du pouvoir du Président Ouattara qui donne l’impression de vouloir se débarrasser d’eux sans dédommagement. Ces déflatés crient à la trahison et n’entendent pas déposer les armes sans consensus relatif à leur rémunération. Le traitement indigne accordé aux combattants pro-IB d’Abobo a braqué les militants RDR de ce quartier contre le Président Ouattara.
Très récemment, une militante convaincue et endurcie du RDR a tenté de se suicider non loin de la présidence. Mandajara Ouattara ne pouvait plus supporter l’ingratitude et la méchanceté du régime actuel. Comme pour dire que le régime actuel n’est pas digne de confiance, ce drame sans précédent dans l’histoire de notre pays survient à la date anniversaire des 3 ans de pouvoir du Président Ouattara. Cette militante reprochait la « gourmandise financière » des hommes forts actuels du pays, qui refusent de lui rembourser son argent. Le cas « Mandjara Ouattara » n’est pas un cas isolé car ils sont nombreux les militants du RDR qui critiquent le clanisme du régime Ouattara. Ils ont compris qu’il ne suffit pas de dire qu’on est RDR pour bénéficier des grâces du Président, il faut faire partie du « clan Ouattara ». Ces militants ne comprennent toujours pas pourquoi le petit-frère du Président est ministre dans l’actuel gouvernement.

2. LA CÔTE D’IVOIRE PROFONDE EST « ADOSCEPTIQUE »

Les ivoiriens ne veulent plus du Président Ouattara au pouvoir en 2015. Il est possible d’énumérer un chapelet de raisons. Mais nous retenons ici au moins trois raisons qui fondent le scepticisme des ivoiriens au sujet du Président actuel.

L’échec de la réconciliation. Il avait promis aux ivoiriens après le 11 avril 2011, de les réconcilier. Trois ans après, les ivoiriens sont plus que divisés. Les ivoiriens se parlent sans s’écouter, ils se voient mais ne se fréquentent pas. La CDVR a été torpillée pour ne pas qu’elle réussisse sa mission à tel point que cette structure est devenue budgétivore avec un résultat décevant. Les ivoiriens attendaient du Président Ouattara une élévation d’esprit pour discuter franchement avec son adversaire d’hier afin qu’ensemble, ils trouvent les solutions aux maux de notre pays. Il a préféré voir Laurent GBAGBO et Blé GOUDE à la Haye et les autres dans les prisons ivoiriennes.

Les paysans sont grugés. La Côte d’Ivoire est un pays agricole, on le sait. Mais ce qu’on sait mais qui reste paradoxal c’est l’extrême pauvreté de nos parents, qui, pourtant remplissent les caisses de l’Etat. Avant 2011, la situation des paysans ivoiriens n’était pas certes reluisante mais elle était acceptable. Aujourd’hui non seulement ils ne comprennent point le retour à la gestion autoritaire par l’Etat de la filière Cacao-Café, mais également ils ne comprennent pas les prélèvements illégaux de l’Etat sur les prix dictés par les marchés internationaux. Les producteurs d’hévéa ne comprennent pas non plus pourquoi l’Etat s’arcboute à les ruiner alors qu’ils ne reçoivent pratiquement rien au kilogramme. Le monde paysan est simplement en colère contre le Président Ouattara et ils attendent 2015 pour le dire dans les urnes.
Le chômage évolue géométriquement. Le Président Ouattara avait fait la promesse de mettre les ivoiriens au travail. Trois ans après, les jeunes ivoiriens ne voient pas encore les emplois promis. Il y a en Côte d’Ivoire au moins 7 millions de chômeurs et ces derniers attendent toujours les solutions proposées pour combattre le chômage.
Le soutien des militants PDCI n’est pas assuré. Les militants du vieux parti ne sont pas du tout contents du Président Ouattara. Profitant du soutien du Président Bédié, l’actuel Président a facilement justifié sa victoire lors de la crise postélectorale. Mais aujourd’hui les lignes ont bougé. Les postes stratégiques sont réservés aux militants du RDR, les militants du PDCI se contentant que des postes de secondes zones. Dans ce contexte, le Président Bédié peut rassurer le Président Ouattara mais il sait que ses militants ne respecteront plus son appel à voter pour le candidat du RDR en 2015.

3. LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE DU PRÉSIDENT OUATTARA EST TOXIQUE

La politique économique doit avoir pour objectif l’amélioration des indicateurs macroéconomiques et par voie de conséquence, des conditions de vie des populations. Or depuis que le Président Ouattara est au pouvoir, la politique économique qu’il mène est toxique.

L’endettement démesuré du pays. Avant le Président Ouattara, des efforts ont été faits pour que la dette ne constitue pas un goulot d’étranglement dans notre processus de développement. Le Président Ouattara endette le pays hypothéquant ainsi l’avenir des générations futures. Avec le recours croissant à l’épargne étrangère, c’est la gestion et l’exploitation de nos matières premières qui nous échappent. Pendant que certains pays paient par anticipation leurs dettes afin d’être libres d’échafauder des politiques économiques profitables à leurs populations, le Président Ouattara entretient les bases d’une économie structurellement assistée. Les ivoiriens savent aujourd’hui que l’aide est un piège et ne souhaitent plus avoir un président qui les y entrainent.

Une fiscalité lourde. En effet, les nombreuses taxes créées et la pression fiscale découragent l’investissement et la consommation. Les frais de douane très élevés et la multiplication des taxes grèvent les activités et contribuent à renchérir les coûts des produits. Finalement avec son matraquage fiscal, le Président Ouattara continue de fragiliser les bases d’une croissance inclusive et durable en Côte d’Ivoire.

La corruption institutionnalisée en Côte d’Ivoire. Les FRCI continuent de rançonner les ivoiriens sur nos routes. L’Etat lui-même favorise cette corruption avec les contrats de gré à gré. Le premier ministre reconnait que 42% des appels d’offres en montant ont été faits de gré à gré. La hausse exagérée des tarifs de péage indique bien que l’Etat est devenu un prédateur dangereux à craindre.

La vie est chère en Côte d’Ivoire. Avec le développement de la corruption, la multiplication des taxes, le chômage des jeunes et le manque d’engagement du gouvernement, le pouvoir d’achat des ivoiriens s’effrite de jour en jour. Celui qui interdisait les ivoiriens de donner leurs voix à la pauvreté n’aura pas les voix des pauvres en 2015. Les ivoiriens préfèrent la pauvreté à l’extrême pauvreté.

Une croissance exclusive. Les ivoiriens ne comprennent rien de la croissance en Côte d’Ivoire. Pendant que le gouvernement annonce des taux de croissance positifs frôlant les deux chiffres, les populations peinent à trouver leur pitance journalière. Les fruits de la croissance ne profitent qu’au clan du Président Ouattara. Ses proches sont tous devenus des affairistes profitant de la manne allouée aux grands travaux financés par l’endettement extérieur.

CONCLUSION

La messe est dite : le Président Ouattara ne peut pas gagner les futures élections. Son parti est traversé par de puissants courants antagonistes et les militants de son parti sont déçus de sa pratique du pouvoir. Ses alliés d’hier sont devenus des concurrents et l’opposition s’organise lentement mais surement. Dans une telle configuration, les élections de 2015 seront l’occasion pour les ivoiriens d’accompagner le Président Ouattara à la retraite. Comme son ami Sarkozy, il aura finalement fait un seul mandat à la tête de la Côte d’Ivoire. Le règne des héritiers belliqueux d’Houphouët prendra ainsi fin en 2015 et ce sera la fin du film cauchemardesque des ivoiriens.

[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »331162078124″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.