“Il est bon de dire la vérité et lever un coin de voile sur quelques confidences ». C’est par ces mots que le président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, a entamé son meeting, hier, dans le département de Taabo. En présence des populations, des cadres et élus, le patron du perchoir n’a pas eu la langue de bois pour expliquer comment en 2003, alors ministre de la Communication après les accords de Linas-Marcoussis, il a échappé aux jeunes patriotes, dirigés par Charles Blé Goudé, sous l’ère de l’ancien dictateur, Laurent Gbagbo.
« J’ai été séquestré à la RTI, alors que ministre de la Communication, j’étais allé visiter mes services, notamment la radio. Je veux rappeler cela aux populations, parce que les gens oublient trop vite. La mémoire est courte. Je vais rappeler ça. J’ai visité la radio et la télévision nationale. Alors qu’à l’époque, la télévision nationale était truffée de patriotes. C’était à l’époque où monsieur Aboké était le Directeur Général de la télévision.
Les gens parlent aujourd’hui, mais hier est là pour nous rappeler qui nous étions. Quand j’étais dans l’enceinte de la télévision, en ma qualité de ministre de la Communication, plus de 300 jeunes patriotes ont encerclé cette institution, ont enfoncé les portes et se sont mis à nous poursuivre. Nous avions eu juste le reflexe de courir pour nous réfugier dans un bâtiment, ça devrait être l’infirmerie. Nous nous sommes réfugiés à l’infirmerie dans le grand hall. Les jeunes patriotes sont venus, ils ont cassé l’infirmerie.
Quand j’ai vu que nos vies étaient en danger, j’ai réuni mes collaborateurs et je leur ai dit : « je sais que c’est moi qu’on cherche, ce serait idiot que nous tous on meurt ici. Je vous demande tous de partir et de vous fondre dans la foule. Allez dire dehors que je suis ici encerclé et séquestré par les jeunes patriotes ».
Je le dis publiquement, s’il y a quelqu’un qui peut contredire ce que je suis en train de raconter, qu’il lève le doigt », s’est souvenu le député de Ferké. Avant de poursuivre : « Les jeunes patriotes armés de gourdins, de cailloux, de tout ce que vous pouvez imaginer ont cassé le hall. Tous les collaborateurs sont partis, à l’exception d’un, Soul To Soul, mon protocole. Je lui ai dit mais vas-y. Il m’a dit : « patron, je ne peux pas partir ». Je dis mais : « ils vont nous tuer là ». Il a dit : « je reste avec toi ».
« Quand le général Touvoly a réuni les gendarmes pour leur dire qu’il y a un ministre de la République séquestré à la RTI, courons le libérer, ils ont tous refusé » a-t-il poursuivi. Avant d’ajouter: Nous sommes restés quatre, moi-même, mon protocole et deux gardes du corps. Un sénégalais de l’Onuci, qui s’appelle Hassan, qui est aujourd’hui garde de corps du président Macky Sall. Et un autre jeune Béninois, qui s’appelle Souley, qui était de l’Onuci. Nous avions dû quitter le hall pour nous refugier dans une autre salle. C’est en ce moment-là que les jeunes patriotes sont allés chercher de l’essence pour venir brûler l’infirmerie. Nous nous sommes refugiés dans un réduit et pendant deux heures, ils nous ont cherchés. (…).
Certains leur disaient : « ils sont sortis pour aller dans l’autre bâtiment ». D’autres disaient : « non, ils sont dans le même bâtiment ». (..) C’est ainsi que mes collaborateurs qui sont sortis ont alerté la gendarmerie. Quand le général Touvoly, il est encore vivant, a réuni les gendarmes pour leur dire qu’il y a un ministre de la République séquestré à la RTI, courons le libérer, ils ont tous refusé, car ils disaient que c’est un rebelle, il faut qu’on le tue.
Il n’y a qu’un jeune qui a pris son courage pour dire : « je suis volontaire pour y aller. Il est venu à la RTI. Quand il est venu, il nous a appelés. Il nous a cherchés, quand il ne nous voyait pas, il a communiqué. Quand j’ai su que c’était un gendarme, je lui ai répondu et je lui ai dit où nous étions. (…) C’est comme ça que déguisé, je suis sorti de la RTI et j’ai dû ma vie à Dieu et à la providence », s’est désolé le chef de l’hémicycle. C’est presqu’en larme que le peuple Amon a écouté cette confidence de l’ancien Premier ministre.
Guillaume Soro a rendu hommage à ceux qui sont restés fidèles à lui à cette époque et qui ont accepté de travailler avec lui. C’est le cas des ministres Kakou Gervais, alors en charge des Affaires Etrangères dans le premier gouvernement du président Ouattara et Bandama Maurice, qui fut PCA de la RTI quand Soro était ministre de la Communication.
FT (Envoyé Spécial)
Le patriote
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