Côte d’Ivoire: une nouvelle CEI dictatoriale sera responsable de la grande crise électorale

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Depuis le funeste 11 Avril 2011, une chape de plomb s’est abattue sur toutes les libertés en Côte d’Ivoire. Libertés individuelles, d’expression, de pensée, d’entreprendre, démocratiques et j’en passe tant la liste est longue. Les ivoiriens à qui l’on avait promis le paradis boivent le calice de l’enfer terrestre jusqu’à la lie. Enfer qui a pris la forme de la politique du rattrapage ethnique, des tueries massives suivies d’expropriations des terres de l’ouest et leur colonisation par des peuplades jusqu’ici inconnues mais sur le point de subitement devenir ivoiriens par magie, de l’emprisonnement depuis plus de trois ans de 1000 innocents sous le fallacieux prétexte d’atteinte à la sûreté de l’état, du népotisme politique et administratif qui gangrène la société ivoirienne par le haut, de la corruption généralisée et dont on peut compter les marchés de gré à gré et les surfacturations illicites au titre de corollaires.

Depuis le 11 Avril 2011 les ivoiriens murmurent, grognent sans faire d’éclat, prennent leur mal en patience en se disant qu’en 2015 ils auront l’occasion de renvoyer les rattrapeurs à leur copie. Les ivoiriens victimes quotidiennes de la politique spectacle, ce «m’as-tu vuisme» politique qui malgré des tornades de milliards n’a pas été capable d’équiper convenablement les hôpitaux publics, de juguler le chômage de masse et de redonner espoir en un avenir meilleur aux plus faibles. Lesdits centres hospitaliers qui manquent de tout alors que des ministres et autres directeurs généraux des entreprises ou administration publiques roulent carrosse et dont certains se permettent d’inviter des chanteurs américains à coup de milliards de nos francs pour des soirées privées. C’est à ces ivoiriens là, meurtris au plus profond d’eux que l’on veut dénier la seule dignité qui leur reste, celle de voter pour le candidat de leur choix. Pour ce faire le pouvoir dictatorial qui régente la Côte d’Ivoire use de subterfuges pour corrompre le choix des électeurs lors de la prochaine élection présidentielle par la proclamation de résultats fantaisistes par une commission électorale toute aussi fantaisiste.

Mais alors que partout le monde aspire à plus de démocratie, mouvement émancipateur dont la France, les Etats Unis, le Royaume Unis et leurs alliés se font les hérauts des temps modernes, les ivoiriens vont-ils encore une fois jouer les victimes expiatoires d’un pouvoir qui de toute évidence ne leur veut pas du bien?
Les ivoiriens en générale et leurs élites intellectuelles en particulier vont-ils rester les bras croisés sans réagir à la farce que le pouvoir s’apprête à nous servir avec une CEI qui lui sera complètement inféodée et n’agira qu’en caisse de résonance de décisions prises dans d’autres sphères?

La faillite de l’élite intellectuelle ivoirienne et la nécessité d’un nouveau leadership

Qu’on le prenne par sa définition première anglaise c’est à dire « A select group that is superior in terms of ability or qualities to the rest of a group or society (Oxford dictionnaries) », ou en français « minorité qui se distingue, ou est distinguée, du groupe auquel elle appartient, et à qui est reconnue une supériorité (l’élite intellectuelle du pays, les élites intellectuelles du pays) » , le mot «élite» renvoi à quelque chose de supérieur à qui doit certainement échoir certaines responsabilités qui portent en elles le gage de la dignité, du devoir et de la liberté.

Des intellectuels comme Zola nous ont démontré que lorsque les moments sont troubles et que l’injustice devient la norme, la force d’une plume est mille fois supérieure au crépitement d’une arme à feu (Germinal avec la misère des ouvriers en générale et des mineurs en particulier exposée dans sa plus cruelle vérité, J’accuse dans le cadre de l’affaire Dreyfus) que voyons nous en Côte d’Ivoire depuis 2011?

Une élite intellectuelle complètement abasourdie par ce qui est arrivé au point de renier son devoir d’éclaireuse des masses, de protectrice des sans voix et d’actrice des changements sociétaux. L’élite intellectuelle ivoirienne dans sa grande majorité se détourne du débat et de l’espace politique les délaissant ainsi à des personnes sans aucune valeur intrinsèque mais qui deviennent ou sont devenues par le simple fait d’occuper un espace inoccupé ou parcequ’ils y sont arrivés par des chemins aussi douteux que tortueux pour ne pas dire abjects. L’infime minorité qui ose encore s’intéresser à la chose politique se subdivise en deux groupes. Le premier groupe se met sous la protection des «devenus importants» pour bénéficier de quelques subsides (postes, contrats quelque fois protection en tout genre etc.…). Le deuxième groupe représente une fraction timide des ex belligérants vaincus qui tentent tant bien que mal de tenir la dragée haute au pouvoir actuel. Mais fort de son ascendant psychologique sur les opposants qu’il ne fait que malmener depuis maintenant 24 ans, le pouvoir n’a fi de leurs complaintes, sûr qu’il est de sa force tirée du parapluie militaire de la France qui fait mains et pieds pour maintenir le statu quo d’état province qu’est devenue la Côte d’Ivoire depuis 2011.

Ainsi donc pour parer à toute mauvaise surprise et devant l’impossibilité de maintenir la force licorne sous son appellation actuelle et ses attributs voilà qu’elle devient subitement une force de lutte contre le terrorisme avec base à Abidjan. Ainsi la dictature ivoirienne rassurée et protégée peut se mettre à narguer son opposition en passant en force à l’assemblée nationale pour la composition de la nouvelle commission électorale indépendante.

Ce qui sous d’autres cieux aurait poussé l’élite à s’offusquer avec la dernière énergie est en passe de passer comme une lettre à la poste dans une Côte d’Ivoire maintenue en coupe réglée et dont les quelques survivants des nombreuses tueries de ces dernières années préfèrent en appeler à la bienveillance de Dieu se disant qu’il descendra avec ses chars pour combattre l’ennemi puis les réinstallera au pouvoir comme si Dieu n’avait que ça à faire…
Ainsi donc par la faute de l’élite intellectuelle ivoirienne, le pouvoir croit pouvoir dénier au peuple la seule dignité qu’il lui reste, la liberté de choisir ses propres dirigeants. Le plus extraordinaire c’est qu’il y a des politiciens qui se déclarent candidats à une élection qu’ils savent déjà truquée à l’avance, accompagnant ainsi le peuple vers une plus grande déflagration en 2015. Mais ce que semble avoir oublié le pouvoir et ses protecteurs c’est que 2015 sera différent en tous points de 2011.

Le risque d’une déflagration généralisée aux conséquences imprévisibles

Si en 2011, les armées étrangères s’étaient coalisées pour venir à bout du pouvoir d’alors, 2015 se présente sous un jour nouveau. En 2015 les armes lourdes seront du côté du pouvoir de Monsieur Alassane Dramane Ouattara, en 2015 nous savons tous que la France, le Royaume Uni et les Etats Unis se mettront du côté du peuple qui criera sa soif de démocratie et de liberté comme ils l’ont fait hier en Côte d’Ivoire, Tunisie, Egypte, Lybie et même en Syrie et en Ukraine en soutenant les civils descendus dans les rues par milliers. S’ils ne le font pas alors ils seront rendus responsables des massacres que commettront les milices ethniques du pouvoir d’Abidjan pompeusement affublées du terme de forces spéciales. Si tel que l’a annoncé Mr Hamed Bakayoko son ministre de l’intérieur, le gouvernement ivoirien dans une des mises en scènes digne des plus grands régimes autoritaires de la planète fais un passage en force en maintenant le projet de composition de la commission électorale indépendante en l’état alors en 2015 le peuple ira chercher sa dernière dignité en manifestant jusqu’au départ de la dictature. Si la CEI est dominée par le parti au pouvoir tel qu’annoncé, les démocrates ivoiriens doivent s’apprêter à aller arracher leur liberté et à se réapproprier leur dignité car comme le dit le livre d’Ecclésiaste en son chapitre 3 « il y a un temps pour toute chose sous les cieux ». 2015 sera le temps de la dignité retrouvée…

Jean-André A. AHIPEAUD -Plateforme d’Actions pour la Justice et l’équité (PAJE) www.facebook.com/pajeci

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