Par Baudelaire Mieu Source: Jeune-Afrique
Après deux ans d’études, le prochain Conseil des ministres va statuer sur le sort des établissements dont l’État détient des parts. « Jeune Afrique » dévoile les contours de la future réorganisation.
Attendue depuis le début du quinquennat d’Alassane Ouattara en 2011, la réforme des participations de l’État dans sept banques ivoiriennes va s’accélérer. Le gouvernement statuera au cours du prochain Conseil des ministres – qui devrait se tenir le 30 avril – sur un schéma précis, que J.A. a pu se procurer. « Le cabinet PricewaterhouseCoopers, recruté en 2013 pour affiner la stratégie, a déjà déposé son rapport, que le comité de privatisation a entériné. Reste à prendre une décision définitive. Nous agirons au cas par cas après analyse minutieuse de l’état de chaque banque », explique une source gouvernementale.
L’un des socles du programme du gouvernement est l’accès à l’habitat.
Selon ce document, la Banque nationale d’investissement (BNI), la Caisse nationale des caisses d’épargne (CNCE) et la Banque de l’habitat de Côte d’Ivoire (BHCI) resteront dans le giron public. Un temps envisagée, la création d’un grand pôle bancaire public né de la fusion de la BNI et de la CNCE ne semble plus être d’actualité en revanche. La BNI aurait réussi à assainir son portefeuille au fil des ans, avec un développement axé sur le financement des PME et sur les investissements publics. Même chose pour la CNCE, qui possède l’un des réseaux bancaires les plus étendus du pays, et dont l’État veut faire une véritable banque de proximité ciblant les populations des zones rurales.
La BHCI, qui s’était détournée du financement de logements, sa vocation première, sera recadrée. « L’un des socles du programme de gouvernement est l’accès à l’habitat. La BHCI recentrera ses opérations sur cette activité et l’État mettra des fonds à sa disposition à cette fin », explique une source proche du dossier.
Méthode
Quant à la Banque pour le financement de l’agriculture (BFA) et à la Versus Bank, elles partageront le même sort et seront cédées en totalité à des investisseurs sans recapitalisation préalable. La cession de la seconde ne devrait pas être trop complexe (reprise en 2009, elle se porte mieux). Mais celle de la BFA, dont Barnabé Yobouet, le directeur général, a été débarqué puis radié à vie par la Commission bancaire, est plus inquiétante.
Sur la question de la valorisation de ces établissements et du calendrier des cessions, nos sources se font discrètes. « Nous voulons procéder avec méthode, car il y aura sans doute des plans sociaux et les déposants risquent de chercher à récupérer leur épargne. Il ne faut pas brusquer les choses », avance-t-on au ministère de l’Économie et des Finances.
Enfin, le cas de la Société ivoirienne de banque (SIB) et de la BIAO, dans lesquelles l’État ne détient qu’une part minoritaire, est le plus simple. « Nous sommes parvenus à un accord avec Attijariwafa Bank au sujet de la SIB, précise une source officielle. L’État, qui en possède 49 %, cédera 19 % au groupe marocain. Selon le schéma prioritaire, une partie des 30 % restants sera introduite à la BRVM [Bourse régionale des valeurs mobilières], l’État gardant une participation minoritaire. » Par ailleurs, les autorités envisagent de vendre la moitié de leurs parts dans la BIAO (20 %) au groupe NSIA Participations, qui en détiendrait alors 90 %. Ensuite, 10 % seront introduits sur le marché financier régional.
L’État n’a jamais traîné, rétorque une source proche du dossier
Une fois ces schémas adoptés, l’un des principaux chantiers du président sera réellement lancé. Deux ans après les premières études… Un retard dont s’était agacé le Fonds monétaire international (FMI) lors d’une mission à Abidjan en février. « L’État n’a jamais traîné, rétorque une source proche du dossier. Le gouvernement attendait de structurer le comité de privatisation qui coordonnera les procédures. »
Voix
Selon nos informations, la lenteur du processus serait également liée aux nombreuses dissensions sur ce sujet. Dans ce dossier géré à la fois par les conseillers à la présidence, ceux du Premier ministre, ceux des ministères techniques et, désormais, le comité de privatisation, trop d’acteurs ont voix au chapitre. « Nous devrions nous en tenir aux recommandations du président, qui souhaite l’introduction en Bourse des actions de l’État. Mais les avis divergent parfois », révèle un conseiller de la présidence. Ces discordances empêcheront-elles de boucler le dossier en 2014, année préélectorale ? Réponse très bientôt.
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