Par Jean Claude Coulibaly
On pouvait en rire. Mais, le côté sérieux du sujet l’interdit. Le Rassemblement des Républicains, il ne faut pas se voiler la face, est dans l’expectative. Derrière les apparences rassurantes, un drame en interne se vit au sein de la formation politique domiciliée à la rue Le Pic. Et si l’on n’y prend garde, la grogne qui sourde en ce moment au sein de la base risque d’éclater au grand jour. « La force qui va », comme aimait à le répéter Djéni Kobina, est en train de perdre petit-àpetit de sa superbe. L’immobilisme et le manque de visibilité pour l’importante échéance de 2015 inquiètent énormément les militants de base, qui commencent à être blasés par une direction qu’ils ont du mal à suivre en ce moment. Face au dynamisme et au souci d’organisation dont font preuve les autres partis politiques significatifs de l’échiquier politique, ils n’arrivent pas à comprendre que, du côté de la rue Le Pic, l’on soit encore englué dans des hésitations qui continuent de gripper la machine RDR. A maintes reprises, une réorganisation a été annoncée pour booster les structures du parti à la case. Un congrès, depuis 2013, avait même été envisagé. Mais à 18 mois de l’élection présidentielle de 2015, il faut reconnaitre que les choses n’ont pas trop bougé. Des tournées à l’intérieur du pays ont été organisées par la direction actuelle pour sonner la remobilisation. Des délégations ont été envoyées dans les zones à palabre pour tenter de réconcilier les uns et les autres. Les résultats aujourd’hui, pour le peu que l’on peut dire, sont mitigés. La défiance, l’indiscipline et la démotivation continuent toujours de plomber l’action militante dans les différentes coordinations départementales et communales. Les uns accusent certains de leurs responsables de trahison lors des élections législatives et municipales. Les autres ne décolèrent pas sur la manière dont les candidatures ont été gérées au cours de ces élections locales. Une situation qui a créé une véritable crise de confiance et de légitimité au sein de la plupart des bases. Il est vrai qu’il y a eu des tractations et des démarches pour appeler tout le monde à la raison. Pour ne pas gêner la réélection du président de la République en 2015. Mais, ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on arrivera à faire baisser la température. Car dernière les sourires forcés, les accolades et les poignées de main suscitées se cachent des rancoeurs et déceptions mal digérées. Le mal est profond. C’est donc à la racine qu’il faut le traiter. Pour cela, le RDR se doit de se donner une véritable pause pour entièrement vider le contentieux. Et cela ne peut se faire qu’à travers un renouvellement des instances et des structures statutaires du parti des Républicains. A ce problème à la fois structurel et organisationnel, il faut ajouter la gestion chaotique des hommes. Le RDR, dès la prise du pouvoir, n’a pas su faire sa mue. Surtout en ce qui concerne ses militants. Tout est fait comme si le RDR n’a jamais existé. Or, l’histoire de ce parti-martyr parsemée de tragédies appelle à un minimum de mémoire. Les militants du RDR certes désabusés n’attendent que de petits signes encourageants pour reprendre le combat là où ils l’ont laissé. Ils ne sont pas partis. Ils sont encore là. Mais le problème se trouve dans la gestion des ressources humaines. Car, comment peut-on demander à quelqu’un de venir se battre à nouveau si pour la première bataille il estime qu’il n’a rien obtenu ? Aujourd’hui, la direction est pressée. Pour des raisons pragmatiques et d’ordre politique, elle estime qu’on peut faire l’économie de certaines frictions en éludant la question principielle centrale. A savoir mettre d’abord de l’ordre dans sa propre maison, avant d’aller à la conquête du monde. Le RDR ne doit pas donner l’impression d’un parti pris par le vertige du pouvoir, qui n’a plus le temps pour ses militants. Car comme le disent les Sages : « Celui qui veut aller vite, marche seul. Mais celui qui veut aller loin, marche avec les autres ». Des paroles à bien méditer si on veut avoir des résultats probants pour 2015. La grande question qui découle du coup de ce constat pour le moins angoissant est : où va le RDR ? S’engage-t-il vraiment dans la course pour la reconquête d’un pouvoir qui, même s’il est entre ses mains aujourd’hui, n’en donne pas moins le sentiment de lui échapper, au vu de ce qui apparaît comme une impréparation susceptible de lui être préjudiciable ? 18 mois, c’est déjà demain.
JCC
Le Patriote
Encadré
Qu’est ce qui coince au juste ?
Par Lacina Ouattara
Février 2008-mai 2014, cela fait bien 6bonnes années qui séparent le Rassemblement des républicains (RDR) de son dernier congrès ordinaire. 6 ans également que les résolutions qui ont couronné les assises sont curieusement dans les tiroirs de la rue Lepic. En effet, les conclusions du congrès, qui ambitionnaient de donner au parti du sang neuf afin de lui permettre d’être combatif sur le front électoral, n’ont jamais connu un début d’application. Qu’est-ce qui coince au juste ? Qu’est ce qui empêchent la mise en route des résolutions censées donner un nouveau souffle au parti pour mieux préparer les futures joutes électorales avec en tête la présidentielle. Qui bloque la restructuration du parti ? Surtout que le candidat du parti, le président de la République, Alassane Ouattara a déjà déclaré sa candidature. Qu’attend le RDR pour épouser le temps du changement dans la perspective d’accorder un second mandat au chef de l’Etat ? Ces questions taraudent les esprits dans toutes les bases du parti. En tout cas, pour l’association des anciens du RJR dirigée par Odjé Tiacoré, le temps d’une thérapie douloureuse, mais salutaire, a sonné au RDR. Al’issue d’un séminaire organisé à Grand-Bassam en juin 2013, cette association a, en outre, exigé l’exécution des résolutions du congrès de 2008 pour permettre au parti d’être efficace dans le combat de la remobilisation des troupes en vue de la réélection du chef de l’Etat. « En réalité, il y a 80% des résolutions du dernier Congrès de février 2008 qui n’ont pas connu un début d’exécution. Et nous pensons que le moment est venu de les mettre en application pour se préparer aux futures échéances électorales, notamment la présidentielle de 2015. Un parti qui se réunit régulièrement donne des gages de démocratie. Nous pensons que maintenant que les obstacles artificiels que nos adversaires ont dressés devant nous sont levés, il est temps qu’on se réveille et qu’on écoute la base. Il suffit de voir comment évoluent les choses pour voir qu’il y a urgence à ce niveau. Avant le Congrès de février 2008, il y aeu des élections pour élire les responsables du parti. A ce niveau, on n’a pas totalement écouté la base. Et il y a eu des frustrations. Avant les élections législatives, il y a eu des tournées sur toute l’étendue du territoire où on est allé écouter la base. On n’a alors fait semblant de prendre en compte ses préoccupations, mais au finish, on ne l’a pas fait. Il y a même eu un séminaire de recadrage àce sujet à la rue Lepic avec les responsables du parti. Mais dans la réalité, la base a été peu satisfaite. Il est temps maintenant qu’on l’écoute par l’application des résolution du dernier congrès », a-t-il longuement suggéré dans une interview accordée à votre quotidien. Et le parti n’est pas opposé à cette vision des choses. « Les reformes auront lieu. Le Secrétaire Général l’a annoncé et la Direction du parti a déjà tout prévu. Nous demandons à nos militants d’être quelque peu patients. On ne peut pas reformer un parti qui est totalement engagé dans un processus électoral. Etait-il sage d’appliquer les résolutions d’un Congrès qui change l’ossature de combat du parti quand on est sur le terrain de la conquête du pouvoir ? Je n’en suis pas si sûr.Et puis, était-ce le moment de faire des réformes profondes quand le parti était engagé dans le processus électoral en ce qui concerne les législatives, les régionales et les municipales ? Je ne le crois pas. Il fallait attendre que tout cela se termine avant de mettre en place les nouvelles structures pour la prochaine bataille politique : celle de la reconduction du Président Alassane Ouattara à la prochaine élection présidentielle de 2015. Et ce sera fait », a rassuré le porte-parole principal du parti, Joël N’guessan. Seulement que les annonces tardent à être concrétisées sur le terrain comme le souhaite la base.
Le Patriote
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