Interview réalisée par Connectionivoirienne.net, la Rédaction
Au mois d’aout 2014, le GRAPA-PDCI (Groupe de Réflexion et d’Appui au Programme d’Actions du PDCI organise un conclave à Amsterdam en Hollande. Mr Benjamin Doué président du comité d’organisation nous en donne les détails
M. Benjamin Doué, qu’est ce qui « se murmure » au Grapa Pdci ?
Nous préparons 2015 par anticipation. (Rires) En ma qualité de Vice-Président Exécutif de notre organisation, j’ai été désigné pour diriger le comité d’organisation du conclave du Grapa – Pdci qui se tiendra cet été 2014 en Hollande.
Pourquoi en Hollande ?
Bien, si la Hollande peut accueillir d’illustres ivoiriens dans sa prison de la Haye, ce pays peut également servir de terre de réflexion politique pour l’avenir d’une Côte-d’Ivoire indivisible, unie et prospère. Il y a aussi le fait que sa situation géographique atténuera les difficultés d’ordre logistique
Quels sont les objectifs de cette rencontre ?
Il faut d’entrée préciser que nous sommes un groupe de réflexion et d’actions proche du PDCI-RDA dont nous sommes des militants actifs. Depuis plus de 10 ans nous travaillons effectivement au retour de notre parti au pouvoir en nous employant à l’élargissement de sa toile de relations internationales tout en contribuant à l’alimentation du débat d’idée en son sein. Il est aujourd’hui question pour nous de faire le bilan de notre action et de valider le calendrier des actions à mener en vue du soutien à apporter au candidat de notre parti à la prochaine élection présidentielle. Nous aurons aussi une rencontre avec nos partenaires pour faire le point sur notre collaboration et dégager les perspectives d’avenir. Le conclave se tiendra sur trois jours.
Qu’est-ce qui explique votre silence depuis un certain temps ?
Nous continuons de travailler pour notre parti sans faire trop de bruits. Notre action a permis au PDCI d’être aujourd’hui membre de L’IDU (international démocrate union) ainsi que l’union des démocrates Africain (DUA) .nous avons suscitée et préparé le partenariat avec le parti conservateur de la Grande Bretagne que le président Bédié était venu conclure à Londres. Ce partenariat a permis de développer entre autres des séries de formation des cadres de notre parti. Un groupe d’élus du parti conservateur anglais s’étaient même rendu à Abidjan. le premier Ministre Banny avait précédées le président Bédié a Londres dans le cadre de la préparation de ce partenariat. Durant la crise postélectorale, au moment du blocus du Golf, nous avions activé notre réseau pour le compte du RHDP. Le président Roger Loue avait fait dans la même période, de nombreux plateaux télés pour porter le message du RHDP .Au niveau de l’œuvre de réflexion, nous avions versé notre contribution aux travaux des commissions mises en place pour préparer le 12 eme congres de notre parti. Je puis vous affirmer qu’une bonne partie de nos propositions ont été retenues. C’est Vincent De Paul qui disait que le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruits. Hier notre parti était dans l‘opposition. Aujourd’hui il est dans une position de co-gestion du pouvoir d’état. Nous avons simplement adapté notre apport à la nouvelle donne.
Vos efforts sont-ils reconnus par votre parti quand l’on sait qu’aucun membre de votre groupe ne figure sur la liste du bureau politique ?
Lorsqu’on entre en politique on nourrit toujours la légitime ambition de gravir les échelons à l’intérieur de son parti sur la base du militantisme. Au moment où le PDCI était dans le creux de la vague, nous étions à ses côtés. Malheureusement notre parti ne nous a pas renvoyé l’ascenseur auquel nous nous attendions. Ce fut au contraire un épisode traumatique à vite oublier. Honnêtement, au regard des actes que nous avions posés, nous méritions de figurer en nombre dans les hautes instances du parti. Malheureusement, même le nom de notre président Roger Loue qui figurait sur la première liste du bureau politique a miraculeusement disparu sur la deuxième sans qu’on ne nous dise pourquoi ? Pour un encouragement au militantisme vrai, ce n’est pas le bon signal qui nous a été envoyé .Mais la vie continue…
Etes-vous déçus ?
Pas seulement déçus de ne pas voir nos noms sur une liste mais surtout déçus de la façon dont la politique se fait chez nous. La nette impression qui se dégage est que la norme comportementale admise aujourd’hui dans notre champ politique est le clientélisme. Les gens préfèrent les esprits contemplatifs à ceux qui peuvent porter la contradiction en interne. A ce rythme le militantisme vrai va mourir, et malheureusement l’avenir même du pays peut en pâtir puisque les talents fuiront la politique pour laisser la place aux médiocres, c’est à redouter.
Votre parti a pourtant intégré des jeunes au secrétariat exécutif !
Et cela a donné quel résultat pour l’heure? Beaucoup y sont d’ailleurs juste pour avoir cassé du KKB ! Au-delà même de ce fait, il y a la problématique de la perspective d’avenir pour les jeunes qui adhèrent au parti. Que deviennent-ils au bout d’un certain temps de militantisme ? Il n’y a aucun projet dans ce sens. Et les images que nous renvoie le miroir du PDCI ne sont aucunement exemplaires. Elles sont même repoussantes.
Lesquelles ?
Je vais vous répondre par des interrogations.
Que devient Koné Mahamadou, premier Président de la JPDCI ? Aurait-il plongé dans l’anonymat aujourd’hui s’il avait viré en son temps au RDR ? Mabri Toikeusse et Hamed Bakayoko auraient-ils eu les trajectoires politiques qui sont aujourd’hui les siens s’ils étaient restés au PDCI ? Elle est belle la théorie du soldat perdu ! Mais si l’on persiste à boucher l’horizon politique des jeunes générations il y aura de plus en plus de soldats perdus. Et, à ce rythme on se retrouvera avec une légion décharnée et affaiblie, et dont les éléments n’auront d’yeux que pour la gamelle de l’adversaire. L’écrasante majorité des militants d’aujourd’hui sont au parti à cause d’Houphouët et de ses idéaux. Dans quelques années seulement le renouvellement générationnel en cours exigera que l’on présente une autre offre politique pour attirer les jeunes dans notre parti. En est-on vraiment conscient ? Les actes qui sont posés au quotidien me rendent plutôt pessimiste sur ce chapitre.
Que pouvez-vous concrètement apporter à un candidat PDCI à l’élection présidentielle après votre conclave ?
On n’ira pas jusqu’à tout dévoiler ! Sachez simplement que nous nous sommes organisés de sorte à apporter au candidat de notre parti l’assistance nécessaire pour lui garantir un succès certain a cette élection .Nous disposons aujourd ‘hui d’un réseau de partenaires sur tous les continents . nous avons aussi travaillé sur des thèmes de campagne après une enquête d’opinion minutieusement menée sur le terrain. Notre assistance va donc être multiforme. Le seul problème réside dans la volonté réelle des dirigeants du parti d’organiser la convention qui désignera notre candidat. Une telle initiative n’est pas en notre pouvoir. Sinon, après avoir travaillé dans le silence, je puis vous affirmer aujourd’hui que nous sommes prêts à garantir des appuis solides au candidat de notre parti. mais permettez que je n’en dise pas plus.
Vous parlez d’élections alors qu’au niveau de votre parti des voix s’élèvent pour prôner la candidature unique au sein du RHDP et autour du président Ouattara. Pensez-vous vraiment que le PDCI aura un candidat en 2015.
Si l’on s’en tient aux résolutions de notre congrès la question ne se pose pas !
Et pourtant le MONASCAU-RHDP, le dernier mouvement crée pour soutenir la candidature du président Ouattara compte des cadres du PDCI et non des moindres !
Vous savez, on ne peut pas empêcher les oiseaux de voler au-dessus de nos têtes ! En revanche on ne les laissera pas faire des nids dans nos cheveux. Le 12eme congres auquel ces cadres, à qui vous faites allusion, avaient assisté, était le cadre idéal pour exposer la thèse de la candidature unique et de convaincre les congressistes, cela n’a pas été le cas. A moins qu’ils aient reçu leur « révélation divine » a posteriori ! On ne peut pas être un militant digne ce nom et déchirer les résolutions du congrès de son parti sous aucun prétexte. Certainement qu’ils ont des soutiens insoupçonnés au plus haut niveau ! dans tous les cas ,c’est un acte de banditisme politique. Et c’est à condamner quel que soit le rang de son auteur. Qu’adviendrait-il si tous les militants qui auraient des illuminations décident de les imposer au parti sous des formes diverses ? Le désordre n’entre guère dans une maison que par la porte qu’on lui a ouverte.
Au PDCI on penche aujourd’hui pour la vice-présidence alors que vous parlez de candidat à l’élection présidentielle ?
Ceux qui sont pour une telle option souffrent simplement d’un manque d’ambitions. Ils œuvrent eux aussi pour la candidature unique mais avancent masqués. C’est regrettable. Si les réglages maint fois évoqués visent la vice-présidence, ce sera l’échec d’une génération qui ne laissera dans la mémoire collective de la population militante du PDCI que la pitoyable image de cadres égoïstes et adeptes des compromis faciles. Que ces militants << nouvelle formule>> qui s’asseyent confortablement aujourd’hui à l’ombre de l’arbre du PDCI pour défendre leur beefsteak sachent que le rêve de ceux qui l’ont planté autrefois est de le voir dominer la forêt durablement et non le contraire. Au moment où dans la case du voisin, deux camps affutent leurs armes pour l’horizon 2020, chez nous, on arrive même plus à voir plus loin que son nez. C’est désespérant.
Que proposez-vous ?
Le PDCI doit faire abstraction de tout cela et se préparer à aller aux élections comme le stipule les textes du RHDP. Nombreux sont les ivoiriens qui comptent aujourd’hui sur notre parti pour porter leurs aspirations. Voyons toutes les éventualités : que ferons-nous si le candidat Ouattara ne se présente plus pour une raison quelconque ?va-t-on improviser ? Si nous avons un candidat, nous auront au moins un projet de société et un programme de gouvernement. . Nous serons alors prêts à parer à toute éventualité. Les ivoiriens sauront aussi quels sont les remèdes que nous préconisons pour les maux qui touchent notre société. Il nous faut faire une introspection et nous poser les bonnes questions.
lesquelles ?
N’oublions pas que tout acte auquel nous sommes associés doit être posé sous le prisme de l’houphouetisme. Dans la situation actuelle, Houphouët aurait-il envoyé des ivoiriens en prisons à l’étranger lui qui toute sa carrière durant a œuvré pour ramener au pays ceux de ses opposants qui s’étaient volontairement exilés ? Sommes-nous tous d’accord que l’option macro-économique en cours chez nous est la meilleure pour un pays qui sort d’une crise aux conséquences sociales extrêmement graves ? C’est bien que le PPTE nous ait sorti de la boue de l’endettement abyssal dans lequel notre pays pataugeait, mais ne sommes-nous pas entrain d’emprunter le chemin inverse ? Des jeunes sont enlevés dans les villages et froidement abattus. Des ivoiriens sont expropriés de leurs terres et vivent dans la précarité. Qu’est-ce qu’en dit le PDCI ? Face aux murmures des sans voix, notre parti reste muet. C’est un mutisme qui dérange et inquiète. Une candidature du PDCI au premier tour permettrait au moins de mettre en exergues ses éléments différentiels par rapports aux autres partis de la coalition. Le PDCI ne doit pas mourir. Que ceux qui l’on reçut des mains des pères fondateurs veillent à le léguer aux générations suivantes dans un état acceptable .comme le dit un proverbe chinois <>. Les épines aussi, ajouterais-je.
Votre mot de fin Mr Doué
Je voudrais pour terminer lancer un appel à toutes nos représentations de nous faire parvenir la liste définitive des délégués et des invités afin de nous permettre de finaliser les procédures relatives à la logistique , à l’hébergement etc. A ceux qui ne l’ont pas encore fait, les travaux préliminaires de réflexions doivent nous parvenir d’ici la fin du mois de Mai.
Je voudrais vous remercier pour l’occasion que vous venez de nous donner pour annoncer la tenue de notre conclave
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