Côte d’Ivoire droit de réponse aux chers amis du Cercle Victor Biaka BODA

amondji

Chers amis du Cercle Victor BIAKA BODA,

Par IRODON BAHADAN

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt l’article paru le 24 avril 2004 sur Connectionivoirienne.Net, que vous avez bien voulu me dédier, en réaction à mon commentaire à la publication de M. Marcel AMONDJI [photo] intitulée « Une république de faux et usage de faux ». Je suis flatté pour la dédicace et vous en remercie.

Mes commentaires sur votre site, ont pour objectif de prendre part aux débats d’idées concourant à la construction d’une opinion nationale éclairée, forte et au-delà, à l’émergence d’une société civile toute aussi forte et crédible. C’est pourquoi, je prends un réel plaisir à exercer mon droit de réponse.

Votre article s’inscrit dans le thème beaucoup plus vaste de la décolonisation et des indépendances, qui reste inépuisable en questionnements.

Je vais donc m’attacher à faire un développement de ce thème, en structurant ma réponse autour des points que vous m’avez opposés, dans votre article.

Je commencerai par noter que ce sont tous les pays de l’Afrique au sud du SAHARA, parvenus aux indépendances à la même époque, qui peinent à amorcer un véritable développement se mesurant principalement par le niveau de vie de leurs populations. Il s’agit d’un constat bien visible dont le débat en cours, ne peut faire l’économie.

Toute la problématique de la décolonisation et des indépendances acquises de haute lutte ou octroyées de bon cœur, c’est selon, débouche sur cette réalité bien tangible qui atteste de l’échec de la majorité des dirigeants politiques africains, dans la suite à donner au départ du colonisateur.

Or, s’il y a un système politique qui a pu, sur une période assez longue de deux décennies au moins, tirer son épingle du jeu, en relevant le défi de la formation des hommes, du développement des infrastructures socio-économiques, du maintien de la cohésion sociale, de la construction d’un embryon de nation, etc., c’est bien celui d’Houphouët-Boigny.

Et, c’est le réalisme de ce système visionnaire, débarrassé du complexe de la colonisation, tirant partie du savoir et du savoir-faire des anciens maîtres, que je défends, bien qu’il ne soit pas exempt de critiques.

Mais, c’est aussi également sur ce point que nous divergeons, notamment, sur l’usage du terme « réalisme » que vous semblez me contester.

Ainsi, à l’entame de votre article, vous posez la question qui est : « Serait-ce donc une tare d’avoir été formé par des maîtres blancs ? ». A cela, je réponds non ! Et à juste titre, puisque moi-même, de la 6e à la fin de l’enseignement supérieur, je n’ai eu que des enseignants blancs.

Et, tous ceux de ma génération qui ont eu le même parcours et la même expérience, se préoccupent, en comparaison, du recul en connaissances des nouvelles générations.

Le ministre KIPRE, titulaire à l’époque du département de l’Education Nationale, en verrouillant la session du baccalauréat de 1993 ou 1994, a permis de mesurer l’efficacité réelle du système éducatif ivoirien, du Primaire à la fin du Second cycle. Le taux de réussite, cette année là, s’est établi à 13%.

Quelle pouvaient être les raisons d’un tel échec de masse ? Les réflexions qui devraient se tenir au plan national pour comprendre les causes de la catastrophe, n’ont jamais eu lieu, préoccupés comme nous l’étions par la conquête et l’exercice jouissif du pouvoir d’Etat.

De nombreuses langues s’accordent à dire que la baisse en performance de notre système d’enseignement, aurait un rapport avec l’ivoirisation du corps enseignant.

Une telle assertion n’est pas totalement dénudée de fondement, car les échanges que j’entretiens avec toutes les tranches d’âges, me permettent de prendre la mesure de leurs connaissances.

Je note par exemple, que la passion pour la lecture qui nous était transmise dès la classe de 6e, n’est plus de mise et que de façon générale, l’ouverture et l’élargissement de l’esprit qui s’opéraient à travers l’enseignement de toutes les disciplines quelles qu’elles soient, semblent absents à ce qui se fait aujourd’hui.

Au plan de l’action publique et dans ma propre corporation, par exemple, j’ai pu voir comment des procédures de travail bien huilées et mises en place par l’assistance technique étrangère, ont été mises au placard, une fois les postes ivoirisés.

Bon nombre d’entre nous, se sont cachés derrière le motif du manque de moyen pour justifier leur incompétence ou leur propension à tourner en rond au quotidien.

De manière générale, la perte en efficacité de notre administration publique semble bien avoir commencé avec la prise en main des affaires par les nationaux. La situation est allée de mal en pis, au point d’inverser la bonne tendance qui aurait voulu que le secteur privé, créateur de richesses et d’emplois, se développe davantage en termes d’effectif, que la fonction publique.

Sous l’angle de ces constats, avoir été formé par des blancs, loin d’être une tare, est plutôt une chance.

Savez-vous, par exemple, que l’une des conditionnalités au retour de la Banque Africaine de Développement (BAD) dans notre pays, est la réouverture du Lycée Jean MEMOZ que certains individus, en mal de nationalisme réactionnaire, sont allés casser un jour de janvier 2003 ?

Je note aussi l’engouement des familles ivoiriennes de la haute et moyenne société pour les écoles à programme français. Si tout cela ne constitue pas un attrait certain pour la civilisation des maîtres colonisateurs, je me demande bien ce que cela peut être ?

Dans le point suivant de votre développement, vous rapportez ceci : « Malgré sa réputation de « sage de l’Afrique », le Président Houphouët-Boigny a, en réalité, été fortement aliéné par l’éducation française qu’il a reçue. Il identifie les langues et cultures africaines à la « honte » du passé, et reproche aux Britanniques d’avoir mal colonisé, en laissant subsister « tout ce folklore », ce qui laisse paralyser l’économie par le respect de droits coutumiers discrets. Étroitement conseillé par de hauts fonctionnaires français, appelant à toute occasion des experts français choisis justement pour leur ignorance de l’Afrique, il a toujours pesé, depuis vingt ans, pour l’adoption de règles calquées sur celles de l’ancienne métropole, persuadé qu’il aurait ainsi la voie au développement » (Le Mois en Afrique N°188-189, août-septembre 1981 ; p.28).

Connaissant la passion du Président Houphouët-Boigny pour les traditions, je doute que sa vision ait été celle-là.

De plus, on ne réinvente pas la roue, on l’utilise en l’état ou on la modifie pour l’adapter à ses besoins propres. De sorte qu’en parcourant notre passé, je me demande bien quelles règles où quelles pratiques du terroir, en termes d’organisation, était-il possible d’appliquer pour nous développer ? Je pense plus tôt que c’est l’historien Yves PERSON qui semble n’avoir rien compris aux modalités du développement.

En effet, la garantie du développement, selon les normes internationales en cours dans le monde, passe par un certain nombre de conditions dont la plus importante, reste l’indice de CREDIBILITE que présente un pays.

Tout le système financier mondial aussi bien privé que bilatéral ou multilatéral, repose sur la confiance de l’investisseur à retrouver ses capitaux et leurs produits, sur des termes de 30, 40 ans, voire au-delà.

Croyez-vous que les discours et les constructions politiques nationalistes, contenant les germes de la division et en filigrane, les guerres internes, pouvaient mobiliser les financements et les technologies dont nous ne disposions pas aux indépendances et même encore aujourd’hui ?

Or, l’alchimie pour ne pas dire le réalisme politique de l’approche d’Houphouët-Boigny, a été de s’appuyer sur l’ex-puissance colonisatrice pour disposer de ces concours au profit de l’équipement du pays.

Par ailleurs, chers camarades du Cercle BIAKA BODA, si l’éducation conduit à l’aliénation, comme le soutient Yves PERSON, autant dire que nous sommes tous aliénés, ne serait-ce que par la langue française qui nous sert de support à l’expression, à la pensée et à la représentation de la complexité du monde présent.

Je note aussi qu’en soutenant vous-mêmes que ce n’est pas une tare d’avoir été enseigné par des maitres blancs, vous vous contredisez en voulant une chose et son contraire. Puisque votre thèse semble militer pour une rupture avec le colonisateur. A moins que les subtilités de votre pensée m’échappent.

A la vérité, la vraie colonisation réside là, dans cette langue officielle qui nous a été imposée (colonisation oblige) et que nous avons acceptée et adoptée. Elle se perpétue en nous, de générations en génération.

Le processus inversif dont parle le professeur DEGNI SEGUI qui a été cité dans la publication précédente, devrait peut-être commencer par le gommage de nos esprits, de cette langue.

Et si, une volonté réelle de décolonisation existe bel et bien chez ceux qui pensent que les choses pouvaient se faire autrement, je voudrais qu’ils proposent les voies et moyens pour nous débarrasser de la langue française si bien installée dans nos cerveaux.

Le RWANDA de Paul KAGAME, l’a fait, mais, en remplaçant le français par une autre langue de colonisation : l’anglais. Il savait très bien que nos dialectes locaux et même le SWAHILI ou le MADINGUE, parlés sur des aires géographiques très vastes, sont trop pauvres pour transmettre les concepts, les connaissances scientifiques, techniques et technologiques.

Il y a aussi la religion apportée par le colonisateur que nous nous sommes appropriée sans vergogne. Elle rythme tous les instants de notre vie de chaque jour. Alors que nos fétiches, nos masques, nos rituels et nos bois sacrés, sont tout aussi opérants que les crucifix et les statues de sainte vierge.

Je vous fais l’économie des arts de vie, des arts vestimentaires et du mode de vie tout court, qui sont la norme dans nos sociétés et qui nous ont totalement déconnectés de nos racines ancestrales.

Voilà autant de symbole que le processus inversif devrait appeler à remettre en cause si tant notre volonté est de trouver notre voie propre sur le chemin du développement.

Je ne m’attarderai pas sur les autres idées soutenues par cette citation, parce que l’interrogation du polytechnicien TIDIANE THIAM, « Vous gérez comment un pays avec 150 personnes ? » résume bien et s’oppose à ces assertions.

Si l’objectif politique du Président Houphouët-Boigny, était de parvenir à un développement acceptable, avec au centre de son idéal, les hommes et leur bien être, je maintiens que l’option qu’il a choisie est la plus réaliste.

Ailleurs, certains n’ont débité que des discours de révolution et de nationalisme pour ne laisser à leurs peuples que des pays exsangues (GUINEE de Sékou TOURE, CUBA de Fidel CASTRO), quand d’autres rêvaient de fédération à l’échelle de toute l’Afrique (Kwamé N’KRUMAH), alors qu’à ce jour, plus de 50 ans après les indépendances, il nous est quasiment impossible de faire fonctionner un regroupement politique comme l’UNION AFRICAINE (UA), encore moins, de nous défendre par nous-mêmes, à la moindre adversité interne (MALI, CENTRAFRIQUE).

D’ailleurs, dans le système d’Houphouët-Boigny, systématiquement et sans préférence tribale, tous les jeunes ivoiriens qui réussissaient la maitrise (BAC+4), se voyaient presque toujours offrir une bourse d’étude, dans un pays développé.

J’imagine le nombre de membres du Cercle Victor BIAKA BOKA, à s’être perfectionnés en EUROPE et en AMERIQUE, grâce à une telle disposition.

Aujourd’hui, c’est sur ses acquis et ses réalisations que reposent ce qu’il nous reste encore de pays.

Concernant l’adressage des rues, je pense que l’essentiel du travail a été fait par TIDIANE THIAM et il est exploitable en l’état, puisque je peux vous dire que j’habite la rue L31 du quartier de COCODY-LES II PLATEAUX.

Si le BNETD a poursuivi le travail en maintenant à jour la base de données de référence, passer de l’appellation « rue L31 » à celle de « rue Victor BIAKA BODA » par exemple, ne serait qu’un jeu d’enfant.

Mais, là aussi, connaissant bien mon pays et sa préférence à se nourrir des débats aussi inutiles que malsains, il est fort à parier qu’il sera très difficile de tomber d’accord sur les noms de personnalités ayant marqué notre histoire commune. Cependant, la difficulté peut être contournée, si nous convenons d’utiliser des noms autres que ceux de personnages politiques ou historiques.

En revanche, je suis contre le principe d’effacer des noms, fussent-ils ceux de colons, pour les remplacer par des noms locaux. La raison en est simple. La tradition montre que nos adversaires et nos pires ennemis sont ceux-là même, qui concourent le plus à l’écriture de notre histoire. Laquelle histoire aussi faite de bien que de mal.

Notre passé restera notre passé et je trouve vain de vouloir en effacer des éléments au motif qu’ils ne nous honoreraient pas. Au contraire, la force de notre présent et de notre futur, c’est la nature même de notre passé, donc de notre histoire.

En 2005, je me suis retrouvé avec quelques camarades à PRETORIA, dans le cadre du premier accord politique du même nom. Nos hôtes (des sud africains, noirs de peau) nous ont informé du projet de rebaptiser PRETORIA, du nom de TSHWANE. Je vous invite à lire sur WIKIPEDIA, la controverse que ce projet a suscitée, les énergies qu’il a mobilisées et pour quel résultat, in fine ?

La République Démocratique du CONGO, a été, le temps d’un règne de tyran mégalomane, baptisée ZAIRE avec une politique nébuleuse dite « AUTHENTICITE AFRICAINE», l’ABACOS (A BAS LES COSTUMES !) comme référence vestimentaire des dignitaires, de la musique à gogo comme production nationale de marque, pour redevenir République Démocratique du CONGO (RDC) après la chute et la fuite du dictateur. Pour quel bénéfice, au total ?

La RHODESIE est devenue ZIMBABWE et le nom de sa capitale SALISBURY remplacée par HARARE, sans que les populations en tirent une quelconque valeur ajoutée. Au contraire, de grenier d’Afrique Australe, un autre héros de l’indépendance de ce pays, atteint de démence sénile, militant pour un nationalisme vide de toute perspective, y poursuit, à plus de 90 ans révolus, son œuvre de décolonisation qui rime moins avec construction que destruction d’un passé fort glorieux.

Et tout cela me laisse bien croire que l’anticolonialisme, la révolution et le nationalisme n’ont conduit aucun pays dans le monde, à la prospérité.

Peut-être aussi que je ne comprends rien à l’impératif de décolonisation pour soutenir des thèses qui semblent glorifier la colonisation.

A cela, il y a une raison très simple d’éducation, mais surtout d’expérience tirée de la vie qui me pousse le plus souvent à chercher à fructifier l’acquis plutôt qu’à y déceler toutes les causes de mon infortune.

La plupart des pays africains avec un Etat et des frontières, donc, avec une identité, n’auraient certainement pas existé s’il n’y avait pas eu la colonisation.

Pour ce que je sais de l’histoire en tant que connaissance de culture, puisque je suis technicien de formation, je note que la colonisation qui peut se décliner en des termes tels que occupation, conquête, captivité, esclavage, etc., est une constante dans l’évolution des peuples et des nations. Elle est même parfois, le moyen par lequel, certains peuples progressent.

Elle peut se faire de manière active comme cela l’a été avec les grandes conquêtes militaires de soumission des peuplades d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Océanie, lancées par certains pays européens, à partir du XVe siècle jusqu’au XXe siècle, en vue de se constituer des empires.

Elle peut aussi se faire de manière beaucoup plus subtile comme cela a toujours été le cas, à travers les échanges commerciaux.

Dans ce jeu de conquête, de soumission et de domination, ce n’est pas toujours, le plus brillant ou le plus fort qui l’emporte. Il est souvent arrivé, que des hordes qualifiées de barbares soumettent de brillantes civilisations avant que, par un processus très subtil que nous gagnerions à bien étudier dans notre volonté “inversive”, le jeu se retourne au profit des peuples conquis.

C’est le cas de la CHINE, de l’INDE et de vastes espaces islamiques avec les TURKS, les MONGOLS et les TARTARS, qualifiés en ces temps, de barbares. Au final, ces conquérants se sont enkystés dans ces brillantes sociétés, au point d’être les principaux porteurs, diffuseurs et défenseurs des grands idéaux qui y avaient cours. Et l’humanité en a tiré profit.

La pénétration de l’ISLAM et de ses valeurs de civilisation, dans le CAUCASE et au plus profond de l’Asie, ne se serait pas faite, sans ces hordes de barbares.

Au début du XIXe siècle, au moment de la pénétration française, dans ce rapport de forces qui nous était plus que défavorable à tous les points de vue, quelle chance avions nous de gagner et de sauvegarder nos traditions ? Sous ce rapport, la colonisation semble avoir été une fatalité.

Cependant, comme je l’ai indiqué plus haut, en dehors de nos grands parents qui ont connu la rudesse du travail forcé et des humiliations certaines de tout genre, qui, aujourd’hui, dans ce pays, voudrait vivre selon des normes traditionnelles ?

Je regarde très souvent des reportages relatifs à certaines sociétés aborigènes d’Amérique du Sud ou d’Océanie, en me posant une multitude de questions sur ce que nos tribus indigènes seraient devenues sans l’œuvre civilisatrice pour ne pas dire colonisatrice.

Donc, notre colonisation est un fait, l’indépendance aussi et nous devons nous en accommoder et les transformer en essai gagnant, comme on le dit au rugby.

Autrement, aujourd’hui, l’ordre marchand, selon le terme consacré par Jacques ATTALI (Les juifs, le monde et l’argent, aux éditions Le Livre de poche, 2003), poursuit la colonisation, marquant ainsi la constante du phénomène dans le temps et dans l’espace.

Cette fois-ci, en lieu et place de la force brute, la nouvelle forme de colonisation exploite davantage les échanges commerciaux et l’attrait naturel des êtres humains pour le matériel et plus généralement, pour les produits de la technologie.

Cela nous semble tellement naturel que nous n’avons pas le sentiment de subir, d’être colonisés.

Ici, le colon, se résume en celui qui détient la science, les techniques, les technologies et la capacité à produire des biens de consommation suscitant des besoins liés au désir humain.

Et si nous avions réussi notre développement, nous serions de ces nouveaux colons que sont aujourd’hui, les pays qui ont su retourner à leur avantage, le savoir et le savoir-faire des anciens maîtres.

Il s’agit principalement des nouveaux pays développés d’Asie, qui, par le jeu de la maitrise des technologies et de l’innovation, prennent leur revanche et colonisent autrement et à nouveau, les nations.

Et, aussi curieux que cela ne semble transparaitre, c’est la vieille Europe colonisatrice d’hier, qui subit les contrecoups les plus violents de ce phénomène, avec la désindustrialisation, la délocalisation, la fuite des cerveaux, l’envahissement des produits made in CHINA ou in COREA, l’investissement massif des capitaux asiatiques dans l’espace européen, l’acquisition de titres multiformes y compris dans le domaine de la culture, des loisirs, des arts de vie et surtout, avec la perte de confiance de ces grandes nations en elles-mêmes.

C’est ce genre de retournement qui montre bien que la colonisation n’est pas une fatalité, mais bien une chance.

Et, c’est ce que je crois avoir compris de la politique du Président Houphouët-Boigny, qui justifie que je la soutienne.

Je voudrais conclure ma production en citant HICHEM DJAIT, historien et islamologue tunisien qui déclare : « C’est que le courant de la modernité est un torrent auquel on ne peut résister, parce qu’il coule dans le sens de l’histoire » in LA CRISE DE LA CULTURE ISLAMIQUE, édition FAYARD, 2004.

En effet, la colonisation nous a plongés dans la modernité, donc dans l’histoire, contre notre volonté. Mais, avec les indépendances, même octroyées, il devrait être possible de nous construire à partir de l’ouverture à la civilisation de nos esprits qu’elle a occasionnée, par l’apprentissage et par le travail.

Pour avoir eu la chance de faire des études supérieures en France, je me suis rendu compte que de rejet, il y en a point. Celui qui veut accéder au savoir et au savoir-faire, y trouve sa place, par la force du travail.

Je ne vois pas ce que la portion de l’ex-boulevard LATRILLE rebaptisée boulevard des MARTYS a apporté à notre pays en terme de développement, si ce n’est donner l’impression de revanche à ces initiateurs. Alors même que les populations continuent de l’appeler LATRILLE.

D’ailleurs, par moment, les images de feu le ministre Emile BOGA DOUDOU pour qui j’éprouvais de l’admiration, me reviennent à l’esprit, lui qui a présidé cette cérémonie de « rebaptême ».

Alors, je m’interroge sur le danger qu’il y a, à ivoiriser, à refonder ou à rattraper, sans prendre le risque de tout faire s’écrouler, là où il aurait peut-être fallu s’inscrire dans la continuité en accroissant l’héritage légué.

Bien à vous, chers camarades du Cercle Victor BIAKA BODA et à bientôt.

IRODON BAHADAN, Abidjan.

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