Reportage
Par Jacob Djossou
Dimanche, quelques exposants étrangers, “déçus“ par la mévente de leurs produits et la “mauvaise organisation“, avaient déserté la place Ficgayo de Yopougon, plus grand commune à l’ouest d’Abidjan, où se tient la première édition de la foire commerciale et industrielle (Fica).
Fica
Des stands vides, des exposants oisifs et “nerveux“, dans une ambiance monotone: c’est le spectacle auquel les rares visiteurs ont droit sur le site de la foire d’Abidjan, ouverte le 12 avril et qui devrait s’achever le 26 du mois.
Face à la mévente, plusieurs exposants notamment des étrangers ont “préféré repartir chez eux“. De l’avis de certains, les artisans qui ont regagné leurs pays “sont déçus“ parce qu’“il n’y a pas d’argent à Abidjan“.
“C’est de la merde“, martèle Alain Tossou, un exposant béninois, spécialisé dans la pharmacopée. “On ne vend rien. Depuis que je suis là, je gagne à peine l’argent pour mon repas du jour“, déplore-t-il.
Près de son stand, sa voisine, une burkinabé, vendeuse de tissus, est “rentrée chez elle depuis vendredi“. “On vient s’asseoir du matin au soir sans rien faire, sans rien vendre, ça rend nerveux“, dit-il.
A quelques mètres de là, Rokiathe et son fils Ahmed tiennent un stand de produits cosmétiques et de chemises traditionnelles. Les deux Ouagalais estiment que le FICA “est une perte de temps“ en raison des pertes qu’ils ont enregistrées. “Les recettes sont faibles et on n’arrive pas à couvrir nos charges. Nous sommes vraiment découragés“.
La plupart des exposants qui sont restés, ne se font aucune illusion mais certains parmi eux continuent d’entretenir un brin d’espoir. “On va rester jusqu’au dernier jour et on verra bien ce que ça va donner“, affirme Tossou.
La foire commerciale d’Abidjan, c’est le“ Miva bis“…
La grande majorité des exposants du Fica viennent du Marché ivoirien de l’Artisanat (Miva), qui s’est tenu du 07 au 13 avril au Palais des Sports de Treichville (sud Abidjan).
“Les organisateurs nous ont assurés que le Fica est un grand évènement et qu’ils ont fait assez de publicité mais depuis que nous sommes là, il n’y a rien“, se plaint Roger, un togolais, vendeur de produits cosmétiques.
“Ils nous ont parlés de 400 exposants mais il n’y a qu’une centaine depuis le début. Le Fica, c’est un Miva bis“, ajoute-t-il. Pour lui, les organisateurs “n’ont pas fait une étude du marché“ et ce rendez-vous culturel n’aurait jamais dû se tenir pendant une fête (Pâques). “Les gens sont préoccupés par les fêtes donc ils n’ont pas la tête aux autres achats“.
Au Fica comme au Miva, c’est quasiment la même rengaine: clientèle rare, manque de communication, mauvaise organisation et des stands jugés coûteux.
Béninois et Burkinabé disent avoir été “dupés“ par les organisateurs et estiment que les deux événements sont des “échecs“, de “la merde“ qui a englouti leurs sous, sans leur offrir des opportunités et la possibilité de faire la promotion de leur produits.
Des stands construits à leur propre frais
Si au Marché ivoirien de l’Artisanat (Miva), chaque exposant a payé 200.000 FCFA pour les frais de stand, ici, le tarif varie d’un artisan à un autre. De 30.000 FCFA à 50.000 FCFA.
Comme Roger, plusieurs vendeurs affirment avoir construit à leur propre frais leur stand, avec du bois, des sachets et des bâches pour d’autres.
“C’est très mal organisé“, s’indigne-t-il, avouant avoir dépensé 31.000 FCFA pour monter son étal, sans compter les 30.000 FCFA qu’il a dû verser aux organisateurs, pour occuper son espace.
Lundi matin, plusieurs stands étaient renversés, avec des produits éparpillés au sol, après une averse dimanche soir, au grand dam des exposants.
Initiée par la fédération nationale des commerçants de Côte d’Ivoire (FENACCI), la première édition de la foire commerciale et industrielle d’Abidjan (FICA) « va booster l’économie », selon les autorités.
JAD
Alerte-info.net
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