Boycott du recensement
Le Fpi comme Boko Haram
Par Nomel Essi
Le boycott du recensement par le Fpi ressemble aux attentats de Boko Haram contre les campagnes de vaccination contre la poliomyélite au Nigeria.
La secte Boko Haram s’est opposée à la campagne de vaccination contre la poliomyélite dans la partie septentrionale du Nigeria où 120 cas ont été signalés en 2012. A Kano, la grande ville du Nord, des assaillants étaient descendus sur deux cliniques où les vaccins contre la polio étaient administrés. Bilan : au moins neuf travailleuses de la santé avaient été abattues. Selon ces extrémistes, les vaccins contenaient des ingrédients qui pourraient nuire à la fertilité ou même propager le Vih/Sida. Ils ont déclaré en 2003 que les vaccins contre la polio étaient « corrompues et viciées par les malfaiteurs venus d’Amérique et de leurs alliés occidentaux ». L’opposition de Boko Haram au vaccin contre la polio, seul remède pour lutter contre cette maladie qui peut provoquer une paralysie ou la mort, ressemble fort au boycott du recensement lancé par le Fpi. Le chef des frontistes, Pascal Affi N’Guessan, a lancé une « fatwa »contre le Recensement général de la population et de l’habitat (Rghp) au motif que les conditions ne seraient pas réunies pour le bon déroulement de ce processus. Selon lui, « plusieurs dizaines de milliers d’Ivoiriens sont contraints à l’exil ». Toute la Côte d’Ivoire devrait par conséquent boycotter ce processus d’identification indispensable à tout Etat moderne pour planifier le développement. Le chef de file du parti à la rose fait preuve de mauvaise foi en utilisant l’exil de « milliers d’Ivoiriens » pour s’opposer à cette opération. Il ferme volontairement les yeux sur le retour massif au bercail de nombreux caciques du Fpi qui ont soufflé sur les braises pendant la crise postélectorale ou qui étaient haut placés dans la pyramide frontiste. Marcel Gossio, Benjamin Djédjé, Augustin Komoé, Konaté Navigué, Voho Sahi, Alain Dogbou, pour ne citer que ceux-là, vaquent tranquillement à leurs occupations sans qu’ils ne soient inquiétés. A ces barons, il faut ajouter plus de 4.000 éléments des ex-Fds et ex-combattants rentrés au pays avec à la clé le paiement de leur salaire. Sans compter de nombreux réfugiés qui rentrent tous les jours, escortés par le Hcr (Haut commissariat aux réfugiés). Dans la même logique que Boko Haram qui utilise les armes pour boycotter les campagnes de vaccination, le Fpi mobilise ses journaux pour saboter le Rgph. Les quotidiens « Notre Voie », « Le Temps », « Le Courrier d’Abidjan », diffusent à leur « Une » les messages invitant les Ivoiriens à l’incivisme. « Rgph : 2014. Je dis non au recensement…toi aussi ! dis non au recensement », lit-on à la manchette des journaux bleus. Comme Boko Haram qui terrorise les populations du Nord du Nigeria, le Fpi veut semer la zizanie en mettant à mal un instrument indispensable à la lutte contre la pauvreté, l’analphabétisme, les maladies, etc. Il faut être le Fpi pour demander à des populations lessivées par plusieurs années de crise, de refuser le développement et le bonheur. Si le ridicule tuait, le Fpi ne serait plus. Il trouverait às’abstenir de boycotter le recensement de la population.
D’une secte à l’autre
La secte Boko Haram et le Fpi qui est un parti politique partagent la même vision étriquée sur la place de Dieu dans la gestion des hommes. Le groupe fondamentaliste musulman veut instaurer un Etat théocratique dans un Nigeria où cohabitent plusieurs confessions religieuses. Ces activistes se démarquent de la philosophie de l’Islam qui admet la tolérance religieuse, le droit à la différence, l’acceptation des autres. Les frontistes avaient confié leur régime à l’Eternel des armées qui allait les sauver dans leur tentative suicidaire de confisquer le pouvoir perdu dans les urnes en novembre 2010. Dans leur défi contre le bon sens, Laurent Gbagbo et ses partisans ont cru dur comme fer aux prédictions des prophètes des temps nouveaux. Refusant de voir la réalité en face, les irréductibles du Fpi se sont mis à rêver qu’ils pouvaient défier le monde entier. Les Malachie et autres diseurs de bonnes vérités agissaient comme les gourous des sectes qui ont fait croire l’irréalisable à Laurent Gbagbo retranché dans son bunker, attendant que le miracle se réalise. Le chef de file de la refondation a agi comme David Koresh, le patron du groupe religieux les « Branch Davidians », qui s’est enfermé dans une ferme avec 82 personnes dont 21 enfants du 28 février au 19 avril 1993 à Waco. La seule différence, le Woody et les siens ont été sauvés alors que les 82 membres de la secte ont péri dans l’incendie qui mit fin à 51 jours de siège par les forces de police. N.E.
L’Expression
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