Aujourd’hui Charles Blé Goudé, demain Simone Gbagbo… Le Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan, insiste sur la nécessité de juger tous les acteurs de la crise postélectorale. La réconciliation, selon lui, est à ce prix.
Jeune-Afrique par H. Niakate et J. Clémençot
Le 20 mars, la Côte d’Ivoire décidait de transférer Charles Blé Goudé, ancien leader des Jeunes patriotes proche de l’ex-président Laurent Gbagbo, à la Cour pénale internationale (CPI). Premier ministre depuis novembre 2012, Daniel Kablan Duncan, 70 ans, s’en explique.
jeune afrique : Pourquoi avoir décidé de transférer Charles Blé Goudé à La Haye après plusieurs mois d’atermoiements ?
DANIEL KABLAN DUNCAN : Le souhait de la Côte d’Ivoire, c’est de juger tous ses ressortissants sur place. Mais nous sortions d’une situation de conflit qui a poussé de nombreux magistrats sur le chemin de l’exil, et certaines juridictions avaient été complètement détruites. À cela s’ajoute la complexité des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre qui ont fait au moins 3 000 morts pendant la crise postélectorale. Nous avons donc pris le temps d’instruire le dossier de Charles Blé Goudé depuis son arrestation au Ghana, en janvier 2013, avant de décider de le transférer à La Haye. Simone Gbagbo sera pour sa part jugée en Côte d’Ivoire. Tous les dossiers seront examinés au cas par cas. Et nul n’échappera à la justice, quel que soit son bord.
À entendre Pascal Affi N’Guessan, le président du Front populaire ivoirien [FPI], ce transfèrement va avoir des conséquences négatives sur la réconciliation nationale…
Il est important que les auteurs de faits graves soient jugés. Que l’on sache ce qui s’est exactement passé avant d’envisager le pardon. L’impunité a fait beaucoup de tort à notre pays. Nous allons continuer de travailler selon la feuille de route confiée au gouvernement par le président Alassane Ouattara autour de trois enjeux essentiels : la paix et la sécurité, la réconciliation nationale, et la reconstruction. Nous y travaillons ardemment, sachant qu’il reste encore du chemin.
Comment avez-vous accueilli la naissance, fin mars, de l’Alliance des forces démocratiques de Côte d’Ivoire autour du FPI ?
C’est une nouvelle preuve de la vitalité de notre démocratie. La Côte d’Ivoire est un pays libre qui tolère l’union des partis politiques. Notre famille politique est pour sa part regroupée au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix [RHDP]. L’existence d’autres alliances ne nous fait pas peur. En dernier ressort, ce sera aux électeurs de trancher. Je ne doute pas que leur choix portera sur la philosophie politique qui donne les meilleurs résultats.
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