Côte d’Ivoire 11 avril – Gbagbo est capturé du bunker et conduit au Golf hôtel

77b53f16f56f3d38013221

Boribana (fin de parcours en langue malinké). Gbagbo qui aimait souvent chahuter ses interlocuteurs ou son auditoire par des digressions qui déclenchaient l’hilarité générale a du se le dire lui-même ce 11 avril.2011. Ce jour-là, avec sa capture, un peu avant midi (12h Gmt) dans le bunker de la résidence présidentielle de Cocody, prenait fin la bataille d’Abidjan entre les nouvelles Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) soutenues par l’aviation onusienne et française (Licorne) et les Forces de défense et de sécurité restées fidèles à Laurent Gbagbo (et non au pays) soutenues par des miliciens et mercenaires libériens payés à coûts de millions de FCFA.
Epilogue d’une bataille meurtrière

Du 26 février au 11 avril 2011, les localités de l’Ouest et Abidjan ont connu des affrontements qui ont vite tourné à l’avantage des Frci. Ce sont des miliciens poussés par quelques hommes qui rêvaient d’en découdre avec les Fafn depuis de longues années qui mettront fin au combat de coqs qui perduraient depuis le 26 décembre 2010. Ils attaquent une position avancée des Fafn à Bounta, vers Zouan-hounien, décrétée zone de confiance. Le jeune commandant du groupement tactique 1 basé à Man, Losseni Fofana lâche alors sa troupe pour bien donner une raclée à cette soldatesque. Il ne s’arrête pas en si bon chemin, lui aussi, guettant une opportunité pour étendre sa zone. Tous téléphones fermés afin d’empêcher ceux qui bénéficiaient du statut quo avec Gbagbo de le dissuader dans son propre camp, il va faire le coup de feu a Toulepleu. Suivront villages et villes jusqu’à la chute de Duékoué, ville stratégique, le 29 mars 2011. En en seul jour, de son coté, le comzone 5 de Vavoua, Issiaka Ouattara (Wattao) soumet Daloa et fonce sur le sud-Ouest où il pacifie sans trop d’effort Soubré et San Pedro. De l’Est, une nuée d’hommes descend sous les ordres de Ben et Morou. Aucune résistance tant les hommes avaient compris que le va-t-en guerre ivoirien n’avait pas raison d’imposer la guerre. Entre temps, ses fidèles lieutenants avaient pris la tangente vers le Ghana voisin. La conquête de l’Ouest se poursuit jusqu’à Guiglo où le ministre Sidiki Konaté, anime le dernier meeting de mobilisation suivi d’une grande parade le 9 avril. Le 10 avril, fin de notre mission et reprise de la route par Odienné. Le 11 avril, après l’embarquement de la troupe pour Tai, cap sur Korhogo sans savoir que ce soleil qui saluait de ses rayons ardents les rares usagers sur la voie (135 Km) non bitumée, apporterait une bonne nouvelle. Il est 12h lorsque sur notre engin moto Ktm, nous arrivons au corridor de Boundiali. A peine l’équipier a-t-il freiné que des tirs se font entendre, d’abord espacés puis nourris. Peur mais on se rend vite compte que ce sont des tirs de joie car il était interdit au soldat de tirer sans raison valable. Le jeune homme qui sort de la brousse annonce à haute voie comme une bouffée d’oxygène, « on a attrapé Gbagbo, c’est fini, la guerre est finie ». Tous les usagers n’en croient pas leurs oreilles. Rapidement, les téléphones sortent, appels à Korhogo, Abidjan et Bouake. L’information est confirmée. « Voilà, on le montre sur France 24 » fait savoir un interlocuteur. En trombe, nous rentrons en ville, cap sur le siège du Rdr en bordure de voie, déjà noir de monde. Il n’y a aucun cri de joie sauf quelques cris sporadiques dans la foulée. A Korhogo où nous arrivons plus tard, la ville est calme. Et comme partout ailleurs, on pense aux morts plutôt qu’à la vie sauve de Gbagbo. Un soulagement pour tous mais une question taraudait en ce moment les esprits. « Mais où est Blé Goudé, c’est lui on veut » est la rengaine générale. Le valeureux « Général » sans étoile avait déjà pris la tangente, une habitude chez ce soldat, plus courageux en parole qu’en acte militaire.

Confusion par le « commando invisible »
A Abidjan, des jours durant, les forces se sont opposées. Les communiqués aussi. Peu avant l’arrivée massive et totale des soldats de tous les fuseaux, un « commando invisible », démembrement des Fafn arrivées un peu plus tôt, auxquels se sont ajoutés des jeunes pris sur place à Abobo principalement, avait commencé à mener la vie dure à la troupe pro-Gbagbo. Les cargos convergeaient vers ce quartier de « rebelles » sans que grand monde retourne. Les défections suivaient dans les rangs. Mais, Gbagbo voulait sa bataille. Partout dans la ville, les manifestations se suivaient pour le respect de la volonté des ivoiriens qui venaient de confier leur sort au Dr Alassane Ouattara afin d’être guéris des maux (déchets toxiques, concussion, népotisme.) qui minaient leurs corps. La confusion née de la sortie subite du sergent-chef Ibrahima Coulibaly alias Ib, se réclamant chef du commando invisible (avec d’autres desseins en tête) a vite été maitrisée avec la fin tragique du célèbre putschiste qui depuis 2002 était invisible aux cotés de ses amis. Cherif Ousmane met fin à l’embrouillamini. Le dernier pré-carré de fideles de Gbagbo est reclus avec lui dans le bunker (un refuge souterrain) avec femmes et enfants ainsi que sa mère. Ils font des jeûnes afin que l’armée céleste vienne punir les haïs de Dieu. Utopie et trace de lecture. Avec les bombardements de l’armée française et de l’Onuci qui ont aidé considérablement les Frci dans leur avancée, l’accès à la résidence est plus que aisée. Le 10 avril, on apprend la mort du ministre Désiré Tagro quand Alcide Djédjé joue encore au diplomate. Il est récusé par son chef. Pour Gbagbo et Simone, « ils avaient le droit de faire ce qu’ils faisaient, c’est-a-dire tuer des ivoiriens sans remords » fait savoir un policier. N’avait-il pas dès septembre 2002 annoncé que « mille morts à droite, mille à gauche, moi j’avance ! » Ce 11 avril, la ville d’Abidjan est parsemée de corps, de pilleurs abattus, de soldats et mercenaires tombés sous les balles. Apres avoir refusé de répondre au téléphone à des Présidents comme Barack Obama, constater « la faillite morale » à la suite du bombardement des sept femmes à Abobo dont le sang était pour Notre Voie du jus d’oseille (bissap), le gourou est capturé et sorti vivant de son trou. Conduit au golf hôtel avec femmes, enfants et petits-enfants, il déclare que « la guerre est finie, place maintenant au dialogue ». Trop tard. Sur quoi les acteurs politiques pouvaient encore discuter ? Rien sinon le remettre à la justice internationale. Ce n’était non plus la volonté du nouveau Président qui décide de lui faire changer un peu d’air. Expédition sur Korhogo tandis que son égérie, Simone est envoyé à Odienné. Depuis, chacun médite sur son sort et revois le film de la vie dorée, de cette guerre faite selon eux, pour Dieu qui leur a rappelé par sa punition, qu’il aime tous les enfants de ce pays, sans distinction.

Adam’s Régis Souaga
adamsregissouaga@lebanco.net

Adam’s Régis Souaga Source: Lebanco.net

[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »331162078124″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.