Côte d’Ivoire – Awa Fadiga et les morts bio de monsieur Ouattara

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Par LIDER News | 07 avril 2014

Après l’affaire Awa Fadiga, du nom de cette jeune dame de 23 ans agressée dans un taxi et que le corps médical du Chu de Cocody a laissé mourir en refusant de lui donner les premiers soins, c’est la chanteuse Pierrette Adams qui porte aujourd’hui à la connaissance du public les circonstances révoltantes de la mort d’un proche : «Sylvie, c’est ma servante qui a été la nounou de mes enfants et ça fait 20 ans qu’elle est dans la famille. Elle emmène son mari, qui a fait un malaise, au Chu de Cocody en pleine nuit. Le matin, elle m’appelle pour me dire qu’on ne s’occupe pas de lui. Je vais là-bas. Je vous épargne des détails pour ne pas salir toute la corporation. Bref, après m’avoir promenée dans tous les sens juste pour parler à un médecin, au détour d’un couloir, j’entends quelqu’un murmurer: «Pierrette Adams» et là, je vous promets que tout a changé ! Je suis rentrée, mais Sylvie me rappelle le soir pour me dire que dès que j’ai tourné le dos, ils ont encore tous disparu. Les médicaments achetés sont là pour rien. Entre temps, on m’a parlé d’une histoire de scanner en panne que j’ai déjà entendue à propos d’Awa. C’est un mouroir, Sylvie me l’a dit ! Elle a vu trois personnes mourir et elle voulait ramener son mari à la maison. Je lui ai dit que le médecin m’a promis au téléphone qu’il s’en occupait personnellement… Hélas, ils l’ont laissé mourir et il est mort lassé. Il y a un vrai problème dans cet hôpital, un réel problème. Un certain problème, pour ne pas dire un problème certain. Pour un lieu où on est sensé sauver des vies, ou en tout cas essayer, c’est grave, très grave.»

La mauvaise formation des équipes médicales, le manque d’équipements et de médicaments ne peuvent suffire à expliquer ce véritable dédain de la vie humaine qui est mis à jour dans les centres de santé en Côte d’Ivoire. Le manque d’éthique, de morale et de compassion culmine en une violation systématique du serment d’Hippocrate par les personnels administratifs et médicaux de la santé publique ivoirienne.

Mais les véritables criminels sont ceux qui, à la tête de l’Etat, tolèrent et encouragent cet état de choses et ce genre de comportements. A commencer par M. Ouattara, champion du serment d’hypocrite, qui a promis monts et merveilles aux populations mais qui court se faire soigner à l’étranger pendant de longues semaines quand il est malade, refusant catégoriquement de partager le destin qu’il impose pourtant aux millions d’habitants de la Côte d’Ivoire. Ou son épouse qui, à la tête d’une fondation d’inutilité publique, organise des galas d’un luxe décadent afin de mobiliser des milliards pour construire un hôpital à sa gloire personnelle, au lieu de mettre les fonds récoltés à la disposition de l’amélioration des structures de santé existantes. Vanité, quand tu nous tiens ! Que dire de la ministre de la santé qui, dans un réflexe purement corporatiste saupoudré d’une bonne rasade d’irresponsabilité et alors que les cadavres s’accumulent, nie l’évidence et n’a même pas la décence d’admettre un dysfonctionnement ou de prendre des sanctions à l’encontre des fonctionnaires défaillants ?

Jamais vous ne verrez ces gens-là ou l’un de leurs proches aller se faire soigner au Chu de Cocody ! Qui est fou ? Les mouroirs de Treichville, Cocody, Yopougon, Abobo, c’est bon pour la populace, le bétail électoral que l’on blague tous les cinq ans avec des promesses complètement ahurissantes. Ils sont pauvres ? Qu’ils crèvent et qu’on n’en parle plus! Ce sont des morts bio, comme le fait dire l’humoriste Dieudonné au président Mukuna dans son célèbre sketch éponyme. Ces morts, qui surviennent sans bombardements ou autres nuisances sonores, ont le mérite d’améliorer les statistiques du produit intérieur brut (pib) par habitant de M. Ouattara, puisqu’il y a moins d’habitants sur lesquels répartir la richesse, pardon la pauvreté, en Côte d’Ivoire.

Le scanner de l’hôpital est en panne ? Qu’importe, tant que le nouvellement promu lieutenant-colonel Wattao (Issiaka Ouattara) commandant en second de la garde républicaine et chef du Ccdo, peut continuer de se pavaner en ville dans ses Ferrari ou Lamborghini et dompter la lagune sur son hors-bord de luxe, son pistolet en or à la ceinture? Les médicaments sont finis ? Circulez, manants ! L’important n’est-il pas que le tout nouveau lieutenant-colonel Jah Gao (Gaoussou Koné), commandant en second du 1er bataillon de parachutistes, puisse revendiquer dans les journaux avoir offert une villa de 50 millions à sa belle-mère, des instruments, un orchestre d’une valeur de 13 millions, un mini-car pour les musiciens, dix voitures de luxe à sa femme ? L’enfant est mort parce que le médecin n’avait aucune conscience professionnelle ? Qui s’en préoccupe tant que Mme Affoussiata-Bamba (ministre de la Communication) peut dépenser l’argent du contribuable qui fait tant défaut aux hôpitaux pour aller se promener au festival de Cannes ? Le vieux s’est écroulé parce qu’il n’avait plus la force de parcourir les 20 km jusqu’au prochain centre de santé ? Tant qu’Hamed Bakayoko (ministre de l’Intérieur et de la Sécurité) peut décaisser 9 millions de dollars (4,3 milliards de fcfa) pour festoyer avec Chris Brown et Rihanna à la Saint Sylvestre, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Vous êtes malades ? Eh bien, mourrez maintenant !

Jusqu’au jour où les populations, de plus en plus excédées par toutes ces dérives qui vont crescendo, ramasseront peut-être leurs malades et leurs cadavres dans les mouroirs qu’on appelle chu, centres de santé ou hôpitaux publics pour aller tous les entasser devant le domicile de M. Ouattara à la Riviera Golf. Quitte à mourir, autant que ce soit debout, en protestant et en luttant comme des hommes contre un système inique, corrompu, déshumanisant et criminel.

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