REPORTAGE
Par Patrice Allegbé
Etendu sur un banc, à l’entrée de sa maison à Marcory (Sud Abidjan), un homme, la cinquantaine, confie sous couvert de l’anonymat, qu’il ne prendrait pas part au recensement de la population en cours, eut égard au mot d’ordre du parti de Laurent Gbagbo, qui appelle au « boycott » de l’opération.
Population d’Abidjan (Marcory)
« Je ne me recenserai pas, car mon parti me demande de ne pas le faire », lance cet homme, la cinquantaine, partisan du Front populaire ivoirien (Fpi, opposition), le parti de M. Gbagbo, qui s’interroge sur « l’objectif que vise le pouvoir ».
« Est-ce que nous sommes complets dans le pays », ironise-t-il, faisant allusion aux Ivoiriens encore en exil à la suite de la crise postélectorale de décembre 2010 au 11 avril 2011, estimant qu’ »on peut reporter » le recensement de la population « le temps que tout le monde rentre ».
Pour lui, « il faut repanser les plaies du pays » après la grave crise postélectorale ivoirienne, qui a fait, selon les autorités plus de 3.000 morts, rappelant que « quand M. Gbagbo est arrivé au pouvoir, il a fait rentrer tous les exilés » et instauré un « dialogue » national.
Son épouse, la trentaine, qui dit être « FPI 100% » avoue cependant ne pas partager le même avis que son mari, affirmant « prête à faire le recensement », soutenant qu’il n’y a pas de débat.
Mathieu, un jeune proche de l’ex-parti au pouvoir, affirme ne pas être informé de la décision du Fpi de boycotter le recensement de la population, ajoutant que « tout ce que le Fpi dit, on est d’accord », car les aînés, « les doyens savent pourquoi » ils adoptent cette posture.
Dans ce sous-quartier dénommé « Sicogi », un secteur favorable à l’ancien président Gbagbo, Serge-Aimé Ehouman, un étudiant, qui réside dans un studio avec sa sœur aînée, trouve que l’appel du FPI « est un faux problème », parce que le recensement vise à connaître le nombre d’individus qui vivent sur un territoire, disant être prêt à participer à l’opération.
Tenant une aiguille à coudre dans la main, une apprentie couturière de 26 ans qui a requis l’anonymat, tente d’achever un costume de couleur grise dans un atelier. Elle confie que la politique l’ »importe peu », toutefois si le recensement de la population « est une bonne chose pourquoi ne pas le faire ? »
Selon elle, la réconciliation en Côte d’Ivoire devrait être « sincère parce que les gens ont beaucoup souffert », alors « on pourrait privilégier la paix véritable que nous voulons, car les gens ont encore des blessures dans leurs cœurs ».
PAL/GBK
Alerte-info.net
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