Témoignage de H.T (Microbes): «Nous agressons, pour avoir à manger»
Je me nomme H.T. Cette dame est notre mère que Dieu nous a donnée. Elle nous a rencontrés sur le terrain avec des machettes. Je suis cireur de chaussures. Mon groupe se nomme ‘’les microbes fous’’. Nous sommes au niveau de la gare. Dans la crise, j’étais obligé par moment de prendre les armes, puisque j’étais déjà dans les rues. Les plus petits n’ont pas pris d’armes, mais nous servaient de renseignements. Nous agressons pour avoir à manger. Avec les bagages des clients que nous transportons, nous achetons les sachets de drogue à 250 ou 500 FCFA. Certains parmi nous souhaitent reprendre les cours et retrouver les parents disparus pendant la crise. D’autres ne veulent plus retourner à la maison. Nous sommes heureux d’avoir connu cette dame qui ne nous rejette pas, mais elle veut nous aider à arrêter le mal que nous faisons. M.T
Pour la première fois, la ‘’mère’’ des «microbes» parle
Le phénomène « Les microbes » est de plus décrié par les populations. Ces « microbes » qui ne sont autres que des adolescents, dont l’âge varie entre 15 et 18 ans, agressent et même commettent des assassinats. Les autorités communales et politiques en ont été saisies. Aussi, des décisions ont-elles été prises pour l’enrayer. Mais déjà, des actions sont menées sur le terrain pour trouver une solution. A Abobo, Mme Koné Massendjé épouse Cissé, travaille volontairement à l’écoute de ces enfants, qu’elle appelle affectueusement ‘’mes bébés’’, en leur prodiguant de sages conseils. Elle sollicite cependant un appui de l’Etat dans son entreprise pour la rééducation de ces enfants (microbes). « Ce sont mes bébés, je ne suis pas pour leur mort »
Mélèdje Trésor Le Mandat
Qui êtes-vous et pourquoi avezvous décidé de vous occuper de «microbes» particulièrement?
Je suis Mme Koné Massendjé épouse Cissé, présidente de l’Ong (vivre ensemble) à Abobo. J’ai créé l’Ong en 2011 mais, c’est maintenant que j’ai obtenu les documents. Je suis actuellement sur le terrain pour m’occuper des enfants, particulièrement ceux de la rue, appelés les microbes à Abobo.
Parlez-nous de ces enfants appelés microbes dont vous vous occupez…
Les enfants appelés microbes utilisent des armes blanches pour agresser les adultes et les dépossèdent de leurs biens. Moi, je ne les rejette pas, mais les approche pour en savoir un peu plus sur eux. Et je leur donne des conseils. Dernièrement, j’ai désarmé ces enfants, en prenant avec eux assez d’armes blanches (couteaux, machettes). Je le reconnais, seule je ne peux pas arrêter leurs actes d’agressions car, ces enfants sont nombreux et appartiennent à des différents clans de microbes. A Abobo, on peut estimer à près de 50 clans de microbes et dans un groupe, on peut y trouver 8 à 10 éléments. Il y a des microbes qui ont leurs parents vivant. Ceux-là, je les sensibilise et les renvoie en famille, mais cela ne marche pas tout le temps. Mais soulignons que les parents de certains de ces enfants sont décédés pendant la crise ivoirienne.
Quelles sont les réactions des parents de ces enfants ? Les parents disent souvent qu’ils sont fatigués du comportement de leurs enfants. Dans ce cas, ils me demandent de les aider en donnant des conseils à ces enfants qui m’ont déjà accepté comme leur mère.
Avez-vous ne subvention pour aider ces enfants ?
Je me débrouille pour leur venir en aide. A ce sujet, je demande à la population ivoirienne de me venir en aide. Ces enfants ont besoin de rééducation car, ils peuvent servir le pays à la longue. Ils ne doivent pas être délaissés, car ils peuvent devenir plus dangereux. Souvent je leur achète des vêtements, les envoie dans les toilettes publics pour qu’ils deviennent propres. C’est ce que je fais pour eux et c’est ce qui m’a valu le nom de maman microbes. Je les approche et m’occupe d’eux, selon mes moyens. Je les aime comme mes enfants, mais je suis limité dans ma volonté de les aider. Ces enfants sont mes bébés. Je ne suis pas pour leur mort mais pour leur rééducation. Nous devons détruire en eux cette volonté de faire du mal, car ils peuvent encore servir et la Côte d’Ivoire peut tirer profit. Vous les suivez.
Mais que deviennent-ils et où logent-ils ?
Les enfants se couchent toujours dans les rues, cela me fait vraiment de la peine. Souvent, ils veulent me suivre pour se coucher chez moi, mais c’est impossible. Je leur explique que je vis avec mes 6 enfants et mon époux dans une maison de 2 pièces. C’est vraiment difficile. Je n’ai pas un lieu où les mettre, ce qui m’oblige à les laisser dans les rues. Par ailleurs, mes 6 enfants sont scolarisés et considèrent les enfants que j’encadre comme leurs frères.
Le Mandat
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