Ce sera donc Manuel Valls. Pressé par le désastre électoral des municipales, François Hollande a choisi de nommer son ministre de l’Intérieur à l’Elysée. Un choix, qui confirme les tendances des sondages. Non sans risques politiques.
Honni par la gauche de la gauche et l’un des ministres les plus populaires du gouvernement (31% des Français souhaitaient son arrivée à Matigon selon un sondage du Parisien), Manuel Valls s’apprête à faire son entrée à Matignon. Il aura fallu moins de 24 mois à l’ambitieux ministre de l’Intérieur pour s’imposer à la place de Jean-Marc Ayrault, au lendemain d’une débâcle électorale sans précédent pour la gauche. L’option Valls n’est pourtant pas sans risque pour François Hollande. C’est une arme à double tranchant, pour trois raisons.
Pas d’assise au PS
Le nouveau Premier ministre manque d’une assise au PS. Lors des primaires socialistes de 2011, le député maire d’Evry (Essonne) avait plafonné à 6%. « Valls à Matignon, ce serait une lecture totalement erronée du scrutin. Il n’y a pas une demande d’ordre et de sécurité, mais de justice et de social », résume Emmanuel Maurel, porte-parole de l’aile gauche du PS, cité par Le Mondedans son édition du 29 mars.
Au moment où François Hollande a besoin de s’assurer le vote de sa majorité sur le pacte de responsabilité, cette défiance de la gauche du PS est une épine dans le pied pour le nouveau locataire de Matignon.
Un ambitieux conforté
Souvent comparé à Nicolas Sarkozy, son prédécesseur Place Beauvau, Manuel Valls n’empruntera pas le même chemin politique. Pour Matignon, en 2005, au lendemain de la défaite au référendum sur la Constititution européenne, Jacques Chirac avait préféré Dominique de Villepin à son ministre de l’Intérieur. S’emparant de l’UMP, Sarkozy en avait fait une machine de guerre vers la victoire de 2007.
En installant Valls à Matignon, François Hollande prend, lui, le risque d’en faire un rival sérieux dans la perspective de 2017. L’entourage de Manuel Valls parle volontiers de sa « loyauté », mais son ambition peut-elle vraiment s’arrêter aux portes de l’Elysée?
Tensions annoncées avec les Verts
Enfin, l’arrivée de Manuel Valls à Matignon pourrait tendre les relations de l’exécutif avec les Verts…voire signer le départ des ministres Verts du gouvernement. Le ministre de l’Intérieur a multiplié les accrochages avec Cécile Duflot, la verte ministre du Logement. En septembre dernier, les propos de Manuel Valls sur les Roms ont ulcéré les Verts. Le ministre avait indiqué sur France Inter que les « modes de vie [des Roms sont] extrêmement différents des nôtres ». Le 26 septembre, lors des journées d’Europe Ecologie Les Verts, Cécile Duflot avait accusé son homologue d’être allé « au delà de ce qui met en danger le pacte républicain », en appelant à la responsabilité du président de la République. Des propos qui fragilisent l’hypothèse d’un maintien des Verts au gouvernement. Réponse dans la soirée.
Par Marie Caroline Missir
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