Diaboliser le pouvoir
La magie du petit écran a fait ses effets. Le mystère qui entourait l’état physique, mental et moral de Charles Blé Goudé a été dévoilé. Hier, dans le cadre de sa première comparution devant le juge de la Chambre préliminaire 1 de la CPI, l’ex-Général de la rue s’est offert aux Ivoiriens d’ici et d’ailleurs, en chair et en os. Pour notre part, nous avons vu un Blé Goudé comme nous l’avons toujours connu. Elégamment vêtu, le visage respirant la grande forme, le tribun dans son adresse n’a rien perdu de sa verve. Le temps d’une audition, Blé Goudé a transformé la salle d’audience en agoras et parlements, ses espaces de prédilection. Là où, durant tout le règne de la refondation, il haranguait les foules et lançait les mots d’ordre pour telle ou telle attitude à tenir face à un sujet donné. « Le génie de kpo », comme aime à l’appeler ses amis, s’est laissé trahir par la tonicité de son verbe. Comme s’il animait un meeting, Blé Goudé a par moment levé le poing. Toute chose qui contraste avec la ligne de défense du nouveau pensionnaire de la prison néerlandaise à Scheveningen, l’un des faubourgs de La Haye. En effet, parlant de ses conditions de détention à Abidjan, le leader des exjeunes patriotes affirme avoir été torturé, séquestré, voyant à peine le jour. Des arguments que son mentor, Laurent Gbagbo, avait évoqués à sa première comparution. Pourtant, quelques mois plutôt, il affirmait devant les Elders : « Je suis bien traité ». En moins de moins d’une semaine, Blé Goudé s’est métamorphosé au point de ne présenter aucun signe de maltraitance, contrairement à ce qu’il a tenté de le faire croire. En réalité, Blé et son mentor n’ont qu’un seul objectif en tenant un tel discours : salir le régime d’Abidjan, montrer aux yeux de monde que le régime Ouattara est un régime dictatorial. C’est une rhétorique bien connue. De tout temps, le FPI veut faire croire que le régime d’Abidjan applique des méthodes staliniennes. Curieusement, pour beaucoup de témoins, Blé Goudé aurait pleuré à chaude larmes au moment de quitter l’aéroport Félix Houphouët-Boigny. Comment quelqu’un qui est maltraité peut-il vouloir rester entre les mains de ses bourreaux, en préférant rester à Abidjan plutôt que d’aller à la CPI. En réalité, l’objectif de Gbagbo et de Blé est connu. Il s’agit pour eux de retourner la communauté internationale contre Ouattara qui jusque-là bénéficie d’un capital confiance de tous les pays du monde. C’est peine perdue. Car, en termes de bon traitement des pro-Gbagbo, Alassane Ouattara en a fait la démonstration. Tous ceux qui sont sortis des prisons sont sortis avec toutes leurs capacités intellectuelles et physiques. Avant leur sortie de prison, tous ceux qui avaient de petits bobos de santé ont été pris en compte par le gouvernement. Simone et Michel Gbagbo ont régulièrement été traités à la PISAM. Une attention particulière de la part du premier des Ivoiriens qui a fini par irriter ses propres partisans. Beaucoup d’entre eux continuent de trainer.
Lacina Ouattara
Drôle de torturé
Quelle résurgence ! Le crâne rasé, portant un costume anthracite, une chemise blanche et une cravate bleue, affichant un large sourire avec un poing de brave levé, c’est un Charles Blé Goudé pimpant et physiquement au point qui s’est présenté hier, à la face du monde, à l’ouverture de sa première audience à la CPI. Ni son physique, ni son ton ne laissait transparaitre la moindre trace de maltraitance. Et pourtant, l’accusé de la Cour pénale internationale lors de son discours, s’est taillé un costume de torturé pendant sa période de détention sur les bords de la lagune ébrié. Pour certainement tenter de diaboliser le pouvoir d’Abidjan. Car, avec les conditions décrites, il est tout de même surprenant voire impossible que le chef de file des ‘’jeunes patriotes’’sous le défunt régime des refondateurs, affiche une telle forme à 5 jours seulement de son transfèrement à La Haye. Même si, comme il l’a dit lui-même à la CPI, les prisonniers ont des droits et sont bien traités, la « métamorphose » ne peut être aussi rapide. En effet, selon Blé Goudé, c’est l’enfer sur terre qu’il a vécu à Abidjan après son arrestation au Ghana. Morceaux choisis : « Avant qu’on ne me remette à la CPI pendant 14 mois, j’ai été séquestré dans mon pays madame la juge. Je ne pouvais voir personne et personne ne pouvait me voir. J’ai fais dix mois dans un violon, nu. Je n’étais pas bien nourri. Chaque soir, je devais chercher un morceau de viande solitaire dans une mare d’eau abusivement appelée soupe. Mme la juge, chaque fois qu’on devait me déplacer, on me bandait les yeux avec un morceau de pagne, on me mettait une cagoule. A part la DST de mon pays où j’ai fais près de 9 mois et demi, avec pour voisin Jean Yves Dibopieu et Jean Noel Abehi, les autres lieux où on m’a détenu, j’avais toujours les yeux bandés et jamais je n’ai su ou j’étais (…) quand on m’emmenait à La Haye ici, beaucoup de gens ont pleuré et pourtant en Côte d’Ivoire, je vivais le calvaire », a-t-il indiqué. 5 jours ont donc suffi pour que Blé Goudé soit totalement remis de toute cette maltraitance évoquée. En tous cas, il faut être dans une fiction pour comprendre cela. Un drôle de torturé dont les plaies des actes inhumains qu’il prétend avoir subi se sont cicatrisées en si peu de temps. C’est évident, l’homme au passé sulfureux a marché hier, dans les pas de ‘’son père’’ Laurent Gbagbo. Qui, malgré toute l’attention à lui accordée, a tenté de ternir l’image des autorités ivoiriennes en évoquant également des traitements inhumains lors de sa détention à Korhogo. On le voit, ses deux suspects ont en partage le mensonge et la manipulation. Comme le dit l’adage, ‘’tel père, tel fils’’.
Thierry Lath
Le Patriote
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