Le président Ouattara cherche palabre sous l’arbre à palabres
Par PRAO Yao Séraphin, délégué national à LIDER
En Afrique, l’arbre à palabres est un lieu traditionnel de rassemblement, à l’ombre duquel, on s’exprime sur la vie de la société. C’est également le lieu de résolution des problèmes du village. En général, c’est le soir que les sages se réunissent pour entamer les discussions longues, houleuses. Sous l’arbre à palabres, les discussions doivent avoir pour seule finalité l’harmonie de la société et le vivre ensemble. C’est un instrument pour débattre et régler des conflits au sein d’une communauté. Il est vrai que la Côte d’Ivoire souffre d’un mal profond depuis la mort de Felix Houphouët Boigny mais depuis les élections présidentielles passées, les ivoiriens sont divisés. Le discours officiel tend à promouvoir la réconciliation mais les actions posées par les autorités ivoiriennes témoignent d’une mauvaise foi. Il s’agit dans les lignes qui suivent de présenter les difficultés liées à la réconciliation en Côte d’Ivoire. Car le Président Ouattara pose des actions qui retardent le processus de réconciliation.
Les Ivoiriens sont rassemblés autour de leur « BAOBAB »
En Afrique, la recherche ou le maintien du lien social se fait autour du baobab. Ce dernier est un arbre mythique et chargé d’histoire, symbole de paix, de non-violence et de longévité. La Côte d’Ivoire est le Baobab autour duquel les ivoiriens se sont réunis après la sale crise postélectorale. Comme le Baobab, la Côte d’Ivoire est un pays de paix et non-violent. Les Ivoiriens aspirent à la paix car ils sont non-violents. C’est donc pour la Côte d’Ivoire que les Ivoiriens doivent se réconcilier pour éloigner du pays, les démons de la destruction. Ce qui divise les Ivoiriens ne doit pas être plus grand que notre pays. Mais tous les Ivoiriens parlent de réconciliation mais ils ne sont pas tous sincères. Anciennement îlot de paix et d’amour, la Côte d’Ivoire est devenue le troisième pays le plus dangereux et le plus violent au monde, en 2013, après le Honduras et le Salvador. Les Ivoiriens sont donc obligés de se réconcilier pour sauver leur pays. Felix Houphouët Boigny a dit que la paix n’est pas un vain mot mais un comportement. Ce n’est pas avec la haine qu’on arrive à réconcilier un peuple, ce n’est pas non plus en liguant un camp contre un autre ou un clan contre un autre voire même une ethnie contre une autre, que la Côte d’Ivoire va retrouver sa cohésion d’Hier. La réconciliation doit être inclusive et équilibrée pour que notre « Baobab » demeure.
Les palabres sous l’arbre à palabres
La Côte d’Ivoire a besoin de cohésion sociale et de réconciliation pour son développement. Mais la réconciliation va de pair avec la justice, c’est-à-dire que les responsabilités doivent être situées et les coupables doivent être poursuivis devant la justice. Les Ivoiriens sont tous unanimes sur ce fait sauf qu’ils ne comprennent rien de la justice à géométrie variable des nouvelles autorités ivoiriennes. L’instauration d’une justice impartiale et équitable est la solution pour permettre aux parents des victimes de se reconstruire et de favoriser des relations apaisées entre les Ivoiriens. Et les victimes, on en trouve dans le camp des pro-Ouattara et dans le camp des pro-Gbagbo. On ne doit pas demander aux parents des victimes de pardonner sans rien demander aux bourreaux. La commission nationale d’enquête, mise sur pied par le Président Ouattara a clairement identité les bourreaux dans les deux camps. Aujourd’hui l’ex-Président, Laurent Gbagbo est à la Haye avec Charles Blé Goudé. Le Président Ouattara a répondu favorablement à la requête de la cour pénale internationale (CPI) mais les Ivoiriens attendent qu’il livre également certains chefs de l’ex-rébellion dont les noms sont régulièrement cités dans les massacres de Duekoué, de Yopougon etc. En livrant seulement certaines personnalités d’un seul camp, le Président Ouattara cherche ainsi des palabres sous l’arbre à palabres. La CPI gagnerait en crédibilité en poursuivant également certains pro-Ouattara. Sous le Président Ouattara, la justice ressemble fort bien à celle instaurée à Nuremberg où les Etats vainqueurs auraient créé la loi, assuré la poursuite et l’instruction, prononcé le jugement et exécuté les peines. Le Président Ouattara demande aux Ivoiriens de désarmer les cœurs pendant qu’il pratique une justice des vainqueurs. Lui et son camp auraient gagné la guerre, les autres doivent mourir ou accepter la honte, l’injustice et les humiliations. Finalement, le Président Ouattara est semblable à un coiffeur qui souhaite nous coiffer alors qu’il n’a pas de cheveux. Comment donc faire confiance à ce coiffeur ?
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