Rupture annoncée du dialogue politique par le FPI / Pour neutraliser les radicaux et ultra du Camp Gbagbo
Souvaine Doudou
L’Intelligent d’Abidjan
C’est clair: Ouattara n’envisage pas transférer Simone Gbagbo à La Haye à moins d’un cas de force majeure, et surtout en dehors d’une volonté clairement exprimée par elle d’y aller. Le chef de l’Etat ivoirien, met en avant des considérations d’ordre humain et humanitaire liées au fait qu’il s’agit d’une femme, d’une épouse et d’une mère de famille. Mieux des proches du pouvoir estiment que les preuves contre elles sont minces. Ainsi à l’heure où des compléments de preuves avaient été demandés à Fatou Bensouda contre Laurent Gbagbo, des collaborateurs du président Ouattara ont estimé que Simone Gbagbo n’ayant été que l’épouse du chef de l’Etat, et non chef de l’Etat, il était difficile, face à des militaires comme Dogbo Blé, et autres, de lui faire porter plus et autant de responsabilités que ceux-ci. Le chef de l’Etat est donc prêt à mener la bataille pour le maintien de Simone Gbagbo en Côte d’Ivoire. Mais ce n’est pas tout, puisque, quand Affi N’Guessan avait commencé à » déraper » en soulevant des questions qui fâchent, des têtes pensantes du camp Ouattara avaient envisagé de mettre Simone Gbagbo en liberté. Selon cette façon de voir, le Fpi souffre véritablement d’une absence de vision, de leadership, et surtout de l’absence d’un vrai chef et leader historique et charismatique pouvant faire prendre conscience du rôle historique de ce parti, dans le processus post-crise en cours, marqué par le traumatisme subi par le parti. Il déplore que tout soit fait pour la fuite en avant, pour contrarier et nier une réalité qui est là et que le parti prétend combattre sans l’avoir intégrée véritablement. Lisant les confusions dans le discours d’Affi N’Guessan qui les jours pairs va chez Bédié et au Forum Investir ICI 2014 où il appelle à investir en Côte d’Ivoire en soutenant que le développement n’a pas de couleur ni de parti politique; mais qui les jours impairs appelle à boycotter le recensement, une tête pensante du Rdr et proche du président Ouattara, disant bien suivre Gbagbo et le FPI, livre cette lecture à leur sujet : » Vous savez c’est Laurent Gbagbo lui-même qui avait dit que la paix dans un pays dépend plus de l’opposition que du parti au pouvoir. À ce titre il avait donné son exemple et son parcours face à Houphouët et à Bédié avant l’arrivée du Rdr. Expliquant qu’il n’a jamais eu recours aux armes, il a imputé la responsabilité de la guerre en 2002, à ses opposants et à leur refus de la démocratie. Auparavant il avait imputé le coup d’Etat de 1999 à la guerre des héritiers d’Houphouët, toujours en écartant sa responsabilité d’opposant. Aujourd’hui le Fpi dans l’opposition n’a aucun sens ni aucune conscience de sa responsabilité. Il oublie ce moment fort de la pensée politique de Laurent Gbagbo, il oublie également que Laurent Gbagbo avait dit de l’enjamber s’il tombe. Ainsi le parti est dans l’émotion, au lieu d’être dans la stratégie et le rationnel. Laurent Gbagbo est allé à La Haye, Simone Gbagbo est en prison, Affi et tout le monde ont été en prison, mais le monde ne s’est pas écroulé, et le Fpi a maintenu le dialogue. Comment ce parti peut-il décréter la fin du dialogue pour Blé Goudé, là ou le cas du fondateur et de la fondatrice n’ont pas changé la face du monde ? Un parti sérieux comme le Fpi doit-il agir en fonction d’une poignée de pro-Blé Goudé, qui souvent ne calculent même pas Gbagbo, ni le Fpi pour voir en Blé Goudé le vrai leader ? Au lieu d’annoncer la rupture du dialogue politique, le Fpi tout en dénonçant les entraves, aurait pu y voir de la provocation et un prétexte du pouvoir pour retarder la normalisation, et créer des crises et tensions artificielles. Le Fpi en aurait tiré plutôt la conclusion que puisque c’est ce que vise le pouvoir, il refuse alors le piège de la colère et de la rupture, pour interpeller la communauté internationale. C’est cela un parti d’opposition responsable, qui ne jette pas de l’huile sur le feu, et ne profite pas de l’irresponsabilité éventuelle du pouvoir pour s’affranchir de ses propres obligations et engagements ».
Face à cette analyse de la situation, l’on apprend que le gouvernement réfléchit favorablement à une mise en liberté provisoire de Simone Gbagbo pour aussi bien des raisons humanitaires évoquées plus haut et confirmées par les avocats de l’Etat de Côte d’Ivoire dans Jeune Afrique N°2776 du 23 au 29 mars 2014, («Pour Jean-Pierre Mignard et Jean-Paul Benoît, avocats de l’Etat ivoirien, ce transfèrement de Blé Goudé est un moindre mal pour le régime. D’autres, en revanche, s’inquiètent de ses conséquences sur la fragile dynamique de réconciliation nationale. Blé Goudé n’est Simone Gbagbo. «L’expremière dame est une femme et une mère ; même si elle est soupçonnée des pires crimes, la CPI peut transiger sur son transfèrement, avance une source proche du dossier. Avec Blé Goudé, c’était plus compliqué »), que pour des raisons politiques (elle au moins, elle saura parler car elle est plus légitime que Sangaré et Affi, et puis être en liberté provisoire ne signifie pas la fin des poursuites avec le cas des Président et vice-président du Kenya). L’épée de Damoclès de la Cpi est suffisante pour éviter que Simone Gbagbo qui a presque vu l’enfer et revient de loin, fasse attention à ses propos, soit plus responsable pour éviter des circonstances aggravantes. Simone Gbagbo demeure assurément une arme secrète et fatale du pouvoir contre les radicaux du camp Gbagbo. La mise en liberté provisoire de « Omah » restera un acte et symbole forts pour apaiser les plus radicaux impuissants autre que par les mots et paroles. Les actes désespérés ou, pouvant conduire à la Cpi n’étant pas conseillés. Mais pour réussir un tel deal et un tel schéma, il faut un peu de bonne volonté de part et d’autre. Simone Gbagbo acceptera-t-elle de donner des gages au pouvoir ? Sortira-t-elle de la logique des durs qui décrètent des traités dans la réflexion et le réalisme porteurs de résultats positifs à long terme ? À coup sûr elle devrait en principe se souvenir que même Laurent Gbagbo lors du Front républicain, et lors de l’accord de Ouagadougou, lors du virage de l’option à l’économie sociale du marché, a été souvent critiqué au Fpi et n’a pas toujours fait l’unanimité. » Si on peut accuser Simone Gbagbo de trahison, c’est que tout est possible et que demain ces mêmes gens qui en soupçonne Blé Goudé, pourraient brûler Laurent Gbagbo lui-même ». En tout cas, l’option de la liberté provisoire en faveur de Simone Gbagbo est sur la table des têtes pensantes du pouvoir Ouattara. Wait and see. Oui attendons pour voir.
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