Un acteur clé des violences en Côte d’Ivoire comparaît à La Haye (HRW)

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Communiqué Human Rights Watch

Première comparution de Charles Blé Goudé, un allié de l’ex-président Gbagbo

(Bruxelles, le 26 mars 2014) – Charles Blé Goudé, un proche allié de l’ancien président de la Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo, comparaîtra pour la première fois devant un juge de la Cour pénale internationale (CPI) le 27 mars 2014. Les autorités ivoiriennes ont transféré Blé Goudé à la CPI le 22 mars, en vertu d’un mandat d’arrêt émis par la Cour en décembre 2011. Il rejoint ainsi Gbagbo, qui est détenu par la CPI à La Haye depuis fin 2011, en attendant que les juges décident s’il existe suffisamment d’éléments à charge pour intenter un procès contre lui.

Gbagbo avait nommé Blé Goudé ministre de la Jeunesse en décembre 2010, formalisant ainsi l’étroite relation qui existait de longue date entre la milice des Jeunes Patriotes dirigée par Blé Goudé et les forces de sécurité de Gbagbo. La CPI affirme qu’en tant que membre de « l’entourage immédiat » de Gbagbo entre décembre 2010 et avril 2011, Blé Goudé a joué un rôle dans des attaques commises contre des civils qui étaient considérés comme des partisans de l’actuel président, Alassane Ouattara. La Cour a formellement retenu quatre chefs d’accusation de crimes contre l’humanité contre Blé Goudé.

«L’arrivée de Blé Goudé dans le box des accusés constitue un grand pas en avant pour ses victimes présumées, qui vont enfin avoir l’occasion d’apprendre la vérité sur le rôle qu’il a joué dans leurs souffrances », a déclaré Param-Preet Singh, juriste senior auprès du programme Justice internationale à Human Rights Watch. « Permettre de juger de manière équitable les personnes qui sont accusées de crimes horribles est exactement ce pour quoi la CPI a été créée. »

Les résultats du scrutin présidentiel de novembre 2010, reconnus internationalement, avaient donné Ouattara vainqueur, mais Laurent Gbagbo, son rival, avait refusé de quitter la présidence. Une crise de cinq mois s’en était ensuivie, au cours de laquelle au moins 3 000 personnes avaient été tuées et 150 femmes violées, souvent dans le cadre d’attaques perpétrées en fonction de critères politiques, ethniques et religieux. Gbagbo a été arrêté par les forces pro-Ouattara en avril 2011 et est resté en détention en Côte d’Ivoire jusqu’à sa remise à la CPI.

La CPI a émis publiquement des mandats d’arrêt à l’encontre de Gbagbo, de son épouse Simone, et de Blé Goudé pour des crimes commis en Côte d’Ivoire. Cependant, aucun mandat d’arrêt n’a été émis à l’encontre de personnes appartenant aux forces qui ont combattu pour le président Ouattara, bien que des commissions d’enquête, l’une internationale et l’autre ivoirienne, eurent constaté que les deux camps s’étaient rendus coupables de crimes de guerre et peut-être de crimes contre l’humanité. De même, les autorités ivoiriennes n’ont encore traduit en justice aucun membre des forces pro-Ouattara impliqué dans des crimes commis pendant la crise postélectorale.

«Le travail de la CPI en Côte d’Ivoire est loin d’être terminé, tant que l’un des deux camps impliqués dans le conflit demeure à l’abri de la loi», a souligné Param-Preet Singh. «Des deux côtés, les victimes méritent de voir traduire en justice les individus responsables des crimes qu’elles ont endurés.»

Blé Goudé a fui la Côte d’Ivoire pour le Ghana en avril 2011. En janvier 2013, les autorités ghanéennes l’ont extradé en Côte d’Ivoire, où il est resté en détention jusqu’à son transfert à la CPI. Simone Gbagbo est toujours détenue en Côte d’Ivoire sous l’accusation de génocide, entre autres crimes. En octobre 2013, le gouvernement ivoirien a officiellement contesté la compétence de la CPI pour la juger, au motif qu’il a l’intention et la capacité de la juger lui-même en Côte d’Ivoire.

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