J’observe la polémique liée à la liste des « ethnies » publiée dans le cadre du « manuel de l’agent recenseur en Côte d’Ivoire ». Et je me dis: et si nous ne nous posions pas les bonnes questions, nous les Africains ? Que 54 ans après les indépendances, on en soit encore à demander l’ethnie des uns et des autres lors d’un recensement est-il sain ? En 1960, c’était normal, dans la mesure où le « corpus de base » se créait, mais pourquoi le fait-on en 2014 ? Tout simplement parce que nos Nations n’ont pas de « mémoire écrite » crédible. Notre ethnie « justifie » encore notre présomption de nationalité, parce que l’état-civil, qui devait tout trancher, est une vaste farce. Les agents de mairies changent nos âges, changent nos noms, changent notre filiation, font des registres de véritables « champs de guerre » mémoriels. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas intégré la notion de République, et considèrent les papiers comme « affaire de Blancs » là où la fin du colonialisme a fait que « le Blanc », c’est désormais eux. Sinon, une République moderne ne connait pas les ethnies, qui apparaissent dans notre construction nationale bancale comme des « mini-Nations » ouvrant des droits à l’appartenance à la « grande nation ». L’équilibre ethnique et le rattrapage ethnique sont à cet égard les deux faces, « vertueuse » et ouvertement hideuse, du même échec.
Lu pour vous par Théophile Kouamouo
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