Célèbre comme l’homme du «commando invisible» ou plus discrets, ces chefs militaires ont bataillé contre l’armée ivoirienne fidèle à Laurent Gbagbo. Objectif: assurer la victoire d’Alassane Ouattara.
Certains d’entre eux ressemblent à des personnages de film. Pour la plupart des sous-officiers anonymes de l’armée ivoirienne, ils se sont fait une sulfureuse réputation durant la décennie qui a vu la Côte d’Ivoire basculer dans la guerre civile. Qu’ils s’appellent IB, Wattao, Chérif Ousmane, Loss ou Vétchio, ces chefs de guerre du Nord ont joué un rôle décisif dans l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir. Zoom sur ces fortes têtes qui sont devenues des créanciers du nouveau chef de l’Etat ivoirien.
IB Ibrahim Coulibaly, le célèbre invisible
Ibrahim Coulibaly est considéré par beaucoup d’observateurs comme le véritable père fondateur de la rébellion ivoirienne. Simple sergent-chef des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) au moment du coup d’Etat de Noël 1999, IB est, avec le caporal Oumar Diarrassouba et le sergent Souleymane Diomandé alias «La grenade» (tous les eux assassinés depuis), le meneur des jeunes «Dioulas» qui vont porter le général Robert Guéï au pouvoir avec la caution des généraux nordistes Abdoulaye Coulibaly et Lansana Palenfo. Ancien garde du corps des enfants de Ouattara, IB va jouer le rôle du «grand frère» qui a redonné leur dignité aux soldats originaires du Nord confinés dans les grades subalternes dans l’armée ivoirienne.
Le soupçonnant de velléités putschistes, le général Guéï le nomme attaché militaire au Canada. Quelques semaines après cette décision, quelques-uns de ses hommes sont arrêtés par le général Guéï, qui les accuse d’avoir fomenté un coup d’Etat («le complot du cheval blanc»); ils sont torturés. Parmi eux, Wattao, Chérif Ousmane, Tuo Fozié, Diarrassouba et «La grenade», qui décédera des suites de ses blessures. Quand éclatera l’insurrection militaire du 19 septembre 2002, ce sont les mêmes hommes, devenus des déserteurs de l’armée ivoirienne, qui mènent les opérations, commandés en sous-main par IB, qui a piloté toute l’opération depuis le Burkina Faso. Erreur fatale: profitant de l’absence d’IB, un certain Guillaume Soro, qui était censé n’être que le «visage politique» du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI, le mouvement mis sur pied par les rebelles), devient très vite, en s’appuyant sur les principaux lieutenants de Coulibaly, le vrai patron de la rébellion des Forces nouvelles. Pis, les principaux soutiens d’IB au sein de la rébellion, comme le caporal Kassoum Bamba, Adam’s ou le chef Mobio, sont traqués et liquidés. Ainsi, lorsque Soro échappe miraculeusement à un attentat contre son avion en 2007, beaucoup soupçonnent IB d’être l’auteur du coup.
Ayant un temps disparu de la circulation au gré de ses péripéties judiciaires, IB, qui s’est autoproclamé «général», a refait surface dernièrement à la tête du fameux et courageux «commando invisible» qui a puissamment contribué à saper le moral des Forces de sécurité (FDS, loyales à Laurent Gbagbo) dans le quartier d’Abidjan Abobo. Le président Ouattara pourrait s’appuyer sur «Djibilan», un autre de ses surnoms qui signifie «l’invisible» en langue Koyaka (son ethnie), pour échapper à l’emprise étouffante de Soro.
Chérif Ousmane, le féroce du Nord
Commandant de la compagnie Guépard de Bouaké, Chérif Ousmane est sans doute le plus efficace des chefs de guerre (com’zones) du Nord du pays. Féroce au combat, cet ancien sergent des Fanci né en 1973 est un ancien membre des Firpac, un corps d’élite formé par le général Guéï. Admiré pour sa bravoure au combat, Chérif Ousmane, qui est de confession catholique comme son nom ne l’indique pas, est un homme très craint par ses ennemis.
Alassane Ouattara était présent lors de son mariage contracté avec la fille de l’ancien Président burkinabè Sangoulé Lamizana et son épouse Dominique en était le témoin. En faisant sauter le verrou de Tiébissou, Chérif Ousmane a permis aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) pro-Ouattara de conquérir la capitale Yamoussoukro.
Wattao, meneur à Abidjan
Chef d’Etat major adjoint des Forces nouvelles, Wattao, ancien caporal des Fanci, est l’un des plus célèbres chefs militaires de l’ex-rébellion nordiste. A la faveur de la crise, il s’est beaucoup enrichi depuis son fief de Bouaké avec les trafics en tous genres. Selon un rapport d’enquête de l’ONU, Wattao en tirerait près de 640 millions de francs CFA (1,45 million d’euros) de recettes annuelles.
L’ancien caporal est également impliqué dans la production musicale et le commerce de voitures. Avec son cousin Morou Ouattara et le commandant Hervé Pélikan Touré alias «Vétchio» à la tête du «bataillon mystique», il est l’un des principaux meneurs de l’assaut final des FRCI à Abidjan. Lors de la capture de Laurent Gbagbo, le 11 avril, c’est ce colosse que l’on voit sur les images en train de passer une chemise à l’ex-président. Il a plusieurs fois annoncé son désir de retourner à la vie civile à la fin du conflit.
Zacharia Koné, terreur mystique
L’ancien chef de guerre de Séguéla est l’un des plus redoutés au Nord. La terreur des FDS a la réputation de posséder des pouvoirs mystiques. Exilé au Burkina par Guillaume Soro pour velléité d’insubordination en 2008, «Zack» a refait surface avec l’assaut sur Abidjan. Il a fait partie du commando qui a capturé Laurent Gbagbo. Il est considéré comme un proche du sergent-chef IB.
Losseni Fofana, l’intrépide de l’Ouest
Surnommé «l’intrépide Loss», ce soldat dégingandé, chef militaire de la ville de Man, est devenu l’un des hommes forts de l’ex-rébellion. Après de durs combats, c’est Losseni Fofana qui a conquis l’Ouest ivoirien infesté de miliciens pro-Gbagbo et de mercenaires libériens. Ses troupes sont toutefois soupçonnées d’avoir commis beaucoup d’exactions au cours de leur progression à Duékoué.
Barka Ba
Slateafrique
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